Prétendu "accord" entre cardinaux avant le conclave: démenti du Vatican

L’auteur d’un livre sur le pape se corrige

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Une expression d’un journaliste britannique, Austen Ivereigh, dans son livre « Le grand réformateur. François et la fabrique d’un pape radical », a été utilisée pour insinuer le doute de la validité de l’élection du pape François.

Ce n’est pas la première tentative: la réforme évangélique du pape François rencontre des résistances. L’auteur a apporté une précision pour éliminer le doute et le cardinal Murphy O’Connor, mis en cause, a démenti tout accord préalable, le Vatican aussi.

Ivereigh rapporte qu’à époque du pré-conclave, les cardinaux Murphy O’Connor, Walter Kasper, Karl Lehmann et Godfried Danneels auraient voulu « s’assurer du consentement de Bergoglio » en cas d’élection, et qu’ils auraient commencé à « travailler » en faisant campagne sur son nom. Rappelons que lors du conclave de 2005, on rapporte que le cardinal argentin aurait demandé qu’on arrête de voter pour lui.

Lundi 1er décembre, c’est le porte-parole du pape, le P. Federico Lombardi, qui est monté au créneau. Dans une déclaration publiée par le site « Il Sismografo » : « Je peux déclarer que les quatre cardinaux nommés ont expressément démenti la description des événements, à la fois pour ce qui concerne la demande d’un consentement anticipé du cardinal Bergoglio, et pour ce qui est d’une campagne menée pour son élection. Les cardinaux en question se sont déclarés « surpris et déçus » devant ces affirmations. »

L’auteur a lui-même protesté, dès le 25 novembre, contre l’interprétation de son expression et il a déclaré dans un tweet: « On aurait dû lire: « Ils croyaient qu’il ne s’opposeraient pas à son élection ». Le même jour, le cardinal Cormac Murphy O’Connor, répondait lui-même dans une lettre au Daily Telegraphqu’il voulait qu’il soit clair qu’aucune approche de celui qui était alors le cardinal Bergoglio n’a effectuée ni par lui -même ni, autant qu’il sache, par un autre cardinal dans les jours précédant le conclave pour chercher son consentement à devenir un candidat à la papauté. »

Le 1er décembre, Ivereigh a ajouté, toujours dans un tweet: « Le chapitre sur le conclave, lu dans son ensemble, est absolument clair sur le fait que JMB (Jorge Mario Bergoglio, ndlr) n’a rien fait pour coopérer à son élection. »

Dans une série de 5 autres tweets, après la parution de la déclaration du P. Lombardi, l’auteur se dit désolé: que les cardinaux n’ont pas « recherché formellement son consentement », mais ils se sont convaincus qu’ « il ne résisterait pas cette fois-ci à une élection ». Il annonce une clarification dans les prochaines éditions de son livre. Il conclut: pas de viol des règles du conclave ».

Ivereigh a été le directeur du Tablet, et directeur des relations publiques de l’ancien archevêque de Westminster, le cardinal Cormac Murphy O’Connor.

D’aucuns ont prétendu utiliser ce passage de son livre pour invoquer la Constitution de Jean-Paul II sur l’élection du pontife romain. Comme d’autres ont tenté des reconstitutions du conclave (mais n’est-ce pas sub secreto qu’un conclave se déroule?) qui ne tiennent pas la route du point de vue de canonistes chevronnés.

La constitution Universi Dominici Gregis, du pape Jean-Paul II, interdit toute forme d’accord anticipé, ce qui garantit la liberté des électeurs devant Dieu seul: « En outre, que les Cardinaux électeurs s’abstiennent de toute espèce de pactes, d’accords, de promesses ou d’autres engagements de quelque ordre que ce soit, qui pourraient les contraindre à donner ou à refuser leur vote à un ou à plusieurs candidats. Si ces choses se produisaient de fait, même sous serment, je décrète qu’un tel engagement est nul et non avenu, et que personne n’est obligé de le tenir ; et dès à présent, je frappe d’excommunication latæ sententiæ les transgresseurs de cette interdiction. Cependant, je n’entends pas interdire les échanges d’idées en vue de l’élection, durant la vacance du Siège. Pareillement, j’interdis aux Cardinaux d’établir des accords avant l’élection, ou bien de prendre, par une entente commune, des engagements qu’ils s’obligeraient à respecter dans le cas où l’un d’eux accéderait au Pontificat. Si de telles promesses se réalisaient en fait, même par un serment, je les déclare également nulles et non avenues » (nn. 81-82).

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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