"Europe, où est ta soif de vérité ?"

Appel du pape au Conseil de l’Europe

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« Où est ta soif de vérité, que jusqu’à présent tu as communiquée au monde avec passion ? » : c’est la question du pape François à l’Europe : « sans cette recherche de la vérité, chacun devient la mesure de soi-même et de son propre agir, ouvrant la voie à l’affirmation subjective des droits, met-il en garde ce 25 novembre 2014 devant le Conseil de l’Europe.

Le pape François a accompli son cinquième voyage international auprès des institutions européennes ce mardi matin. Il a prononcé deux discours, devant le Parlement européen, et au Conseil de l’Europe.

Devant ce dernier, il a demandé à l’Europe : « Où est ta vigueur ? Où est cette tension vers un idéal qui a animé ton histoire et l’a rendue grande ? Où est ton esprit d’entreprise et de curiosité ? Où est ta soif de vérité, que jusqu’à présent tu as communiquée au monde avec passion ? ». De la réponse à ces questions, « dépendra l’avenir du continent », a-t-il estimé.

Il a donc exhorté l’Europe à fortifier ses racines car « si les racines se perdent, lentement le tronc se vide et meurt et les branches se plient vers la terre et tombent ».

« Les racines s’alimentent de la vérité, qui constitue la nourriture, la sève vitale de n’importe quelle société qui désire être vraiment libre, humaine et solidaire », a-t-il ajouté : « la vérité fait appel à la conscience, qui est irréductible aux conditionnements, et pour cela est capable de connaître sa propre dignité et de s’ouvrir à l’absolu, en devenant source des choix fondamentaux guidés par la recherche du bien pour les autres et pour soi et lieu d’une liberté responsable ».

« Sans cette recherche de la vérité, chacun devient la mesure de soi-même et de son propre agir, ouvrant la voie à l’affirmation subjective des droits, de sorte qu’à la conception de droit humain, qui a en soi une portée universelle, se substitue l’idée de droit individualiste », a-t-il mis en garde.

Si l’homme est « incapable d’accueillir la vérité », cela le « conduit à être foncièrement insouciant des autres et à favoriser la globalisation de l’indifférence qui naît de l’égoïsme… De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés », a-t-il poursuivi.

L’opulence dans laquelle vivent les Européens, qui ont « trop de choses, qui souvent ne servent pas », ne leur permet plus « de construire d’authentiques relations humaines, empreintes de vérité et de respect mutuel », a-t-il fait observer.

Pour le pape, la vérité doit aussi être recherchée dans « une réflexion éthique sur les droits humains » : « Je pense particulièrement aux thèmes liés à la protection de la vie humaine, questions délicates qui ont besoin d’être soumises à un examen attentif, qui tienne compte de la vérité de tout l’être humain, sans se limiter à des domaines spécifiques médicaux, scientifiques ou juridiques. »

La recherche de la vérité participera enfin à la construction de la paix, qui n’est pas « la simple absence de guerres, de conflits et de tensions » mais qui est à la fois « don de Dieu et fruit de l’action libre et raisonnable de l’homme qui entend poursuivre le bien commun dans la vérité et dans l’amour », a souligné le pape.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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