« Je suis choqué… on reste sans parole devant des actes d’une telle barbarie », déclare le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, au micro de Radio Vatican.

Le Saint-Siège réagit ainsi à l’assassinat au Pakistan d'un jeune couple de chrétiens accusés de "blasphème" et brûlés le 4 novembre : « nous sommes arrivés là au paroxysme... Le mal à l’état pur. Même les animaux ne se comportent pas comme cela ». La jeune femme était enceinte.

« Nous sommes arrivés là au paroxysme. C’est ce que Saint-Paul appelle le mystère de l’iniquité. Le mal à l’état pur. Même les animaux ne se comportent pas comme cela. Nous sommes vraiment dans une période de précarité totale, tout peut arriver : la personne humaine n’est pas respectée, la vie ne compte pas », dénonce-t-il.

Il pose la question de la nécessité d’une intervention de la communauté internationale, car même s’il faut « respecter les convictions religieuses » il faut aussi sauvegarder « un minimum d’humanité et de solidarité ». En outre, « une religion ne peut pas justifier de tels actes, de tels crimes ».

La communauté internationale ne peut « intervenir dans les affaires intérieures de l’État », mais peut « aider les responsables politiques à trouver des solutions dignes de l’homme et de la civilisation », précise-t-il.

Le cardinal vise en particulier l’introduction de la loi sur le blasphème (blasphemy law) en 1990, depuis laquelle « il y a eu près de soixante exécutions » de chrétiens, de membres de minorités, d’avocats, d’opposants au régime...

Il salue le courage de l’Eglise du Pakistan qui dénonce un manque de volonté politique : « il faut la soutenir et dénoncer de manière très vigoureuse qu’il n’y a aucune justification à ce genre de chose. C’est l’humanité tout entière dans le fond qui est humiliée ».

Il attend que les leaders musulmans dénoncent aussi ces crimes car « les premières victimes sont les musulmans » : ces méfaits donnent une image « très négative » de l’islam.

Pour aider ces populations, le cardinal préconise « la solidarité » : « Il y a de belles choses qui se font sur le terrain. Il faut miser sur la fraternité ». Et  l’Eglise doit faire sentir aux chrétiens sa « solidarité ».