« Qui se lèvera pour les minorités persécutées d’Orient ? », demande le grand rabbin de France Haïm Korsia : il dénonce la « barbarie » qui frappe la population irakienne et lance un signal d’alarme : « Que nous n’arrivions pas trop tard ! ».

Il a lancé cet appel en faveur des Orientaux chrétiens et des autres minorités persécutées, dimanche, 21 septembre, à Paris, à la synagogue de la Victoire, à l’occasion d’une cérémonie en mémoire des Martyrs de la déportation.

« La situation actuelle des minorités religieuses dans le monde, et en particulier en Orient, entre hélas en résonance avec la commémoration d’aujourd’hui », a dit le grand rabbin Korsia.

Il a dénoncé le fait que des chrétiens soient « affublés du « noûn » de l’infamie, comme nos parents l’étaient de l’étoile jaune », que des « centaines de Yazidis » - musulmans - aient été « enterrés vivants » et « les femmes vendues comme esclaves ».

Le parallèle avec l’étoile jaune avait été déjà avancé par le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, qui a aussi lancé un appel en faveur des chrétiens persécutés, comme nous le rapportions le 19 septembre, à l’occasion de la visite d’une délégation du Congrès juif mondial («World jewish congress», WJC) au Vatican.

Le grand rabbin Korsia a fait allusion aux souffrances du peuple juif en disant : « La douleur de la Shoah, des siècles de massacres et de persécutions, ont sculpté dans le judaïsme un amour de l’Humanité: oui, la barbarie nous touche. En tant que Français et en tant que juif, elle nous touche doublement. »

Il a appelé à une mobilisation contre le mal : « S’il est une chose, une seule chose que la Shoah nous a apprise, c'est que le mal existe, qu'il est humain, sinon banal, et qu'il revient à l'homme, et à l'homme seul, avec sa foi et son espérance, de le combattre. »

Il a appelé de ses vœux « une réaction plus prompte des nations, de l’Europe, de la France, de notre monde attaqué en ses racines, que celle qui prévalut lors de la Shoah ».

Réciproquement, il a fait observer que l’antisémitisme « n’est pas la seule affaire de la communauté juive » et que la lutte contre l’antisémitisme et le racisme « doit être l’affaire de tous ».

Au moment où le pape François, plaidait, en Albanie pour la « cohabitation fraternelle », le grand rabbin avait des accents analogues, appelant à un « vivre ensemble » national en France : « C’est la société tout entière qui doit se mobiliser et se lever comme un seul homme, pour permettre à chacun d'être et de vivre ce qu'il est, pour réinventer le vivre-ensemble et notre destin national commun. »

Déjà, en 2012, le 26 mars, dans un dossier que l’on peut consulter en ligne, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) avait lancé un signal d’alarme pour le sort des Orientaux chrétiens, en référence au synode des évêques pour le Moyen-Orient, en disant : « La situation des Chrétiens dans certains pays du Proche et du Moyen-Orient connaît aujourd’hui une dégradation préoccupante voire tragique qui les conduit à l’exil. »