Le synode extraordinaire sur la famille d’octobre 2014 réunira « des personnes originaires de toutes les cultures et traditions de la planète », ce qui constituera, indique le cardinal Baldisseri, « un apport considérable, afin de mieux exprimer l’Évangile de la famille, avec ses retombées fécondes pour la théologie et la discipline. »
Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques, a répondu aux questions de Nicola Gori pour L’Osservatore Romano. En voici des extraits dans notre traduction de l’italien.
L’Evangile de la famille
« A propos du risque de proposer un modèle occidental de la famille, la réponse adéquate se trouvera dans une présentation correcte de la thématique synodale, qui part de ce qui est sûr et certain pour avancer vers ce qui n’est pas encore connu et exploré. N’avons-nous pas besoin de deux pieds pour marcher ? Eh bien, pour avancer, on ne soulève un pied que lorsqu’on est certain que l’autre est bien ferme par terre. À mon avis, c’est la façon de procéder du synode. Avancer à la découverte de nouvelles formes et expériences sans rien abandonner de ce qui est certain, sûr et valide. Au niveau planétaire, c’est la tâche de l’Église d’inculturer la foi, comme elle l’a fait au long des siècles. Les documents à ce sujet ne manquent pas, comme par exemple l’encyclique Redemptoris missio, de Jean-Paul II, qui indique des critères pour cela. Les assises synodales rassemblent des personnes originaires de toutes les cultures et traditions de la planète et je suis convaincu qu’il y aura sur ce plan un apport considérable, afin de mieux exprimer l’Évangile de la famille, avec ses retombées fécondes pour la théologie et la discipline. »
L’Instrumentum laboris
« À la lecture de l’Instrumentum laboris, on devine que l’assemblée spéciale d’octobre prochain traitera de la famille dans sa complexité et son caractère d’urgence, en abordant tous les thèmes qui la concernent, énumérés dans le document où convergent les réponses aux 38 questions du questionnaire déjà distribué aux épiscopats et aux institutions de droit. Je voudrais rappeler que le document est composé de trois parties, correspondant aux chapitres, et divisé en 159 numéros, peu d’entre eux traitant le sujet dont vous parlez. L’attention progressive à l’immensité du thème de la famille, qui se développe de manière homogène dans le document, sera pour tous source de clarté et d’une meilleure compréhension et diminuera la tendance, sur le plan médiatique entre autres, à privilégier certains aspects plutôt que d’autres. Il faut surtout garder présent à l’esprit le fait que les différents thèmes sont étroitement liés entre eux et, si l’on veut comprendre de manière saine et juste, il faut considérer dans leur ensemble, et à parts égales, les études et les éventuels points de résolution. »
Le christianisme n’est pas « monoculturel »
« Il ne fait pas de doute que la foi chrétienne s’est transmise à travers la culture occidentale et du Moyen-Orient, sachant bien que l’incarnation est advenue dans un temps et un lieu précis. Toutefois, comme le dit le pape François dans La joie de l’Évangile, au numéro 117 : « Ce n’est pas faire justice à la logique de l’incarnation que de penser à un christianisme monoculturel et monocorde. S’il est bien vrai que certaines cultures ont été étroitement liées à la prédication de l’Évangile et au développement d’une pensée chrétienne, le message révélé ne s’identifie à aucune d’entre elles et il a un contenu transculturel ». L’aperçu mondial sur la famille qui se dessinait à partir de l’enquête, rapporté dans le document, ouvre alors des horizons pour la transmission de l’Évangile de la famille, qui seront utiles à la réflexion du prochain synode. Sur la base des informations et des suggestions qui en émergent, les pères synodaux se sentiront davantage aptes et motivés pour répondre aux défis en question, et ils le feront avec des propositions culturellement différentes, dans le sillage de l’enseignement et de la discipline de l’Église. En effet, ils sont invités à préparer dès maintenant leur intervention en salle lors de la prochaine assemblée, qui sera l’expression d’une expérience de la foi inculturée dans leur propre Conférence épiscopale ; ils contribueront aux assises avec une totale liberté de parole en formulant des propositions pastorales mûres et adéquates pour ce thème délicat de la famille. »
Instrument de travail et pas document du magistère
« L’Instrumentum laboris, comme l’expression l’indique, est un document de base pour les travaux du synode. Ce n’est pas un document magistériel, une présentation doctrinale ou pastorale sur le thème en question. C’est la synthèse élaborée de données, informations, suggestions, de vies vécues, d’expériences individuelles, communautaires ou pastorales, de la réalité objective de la famille aujourd’hui, avec ses ombres et ses lumières. Cette élaboration présente le statut actuel de la famille sous ses multiples aspects, auxquels d’autres aspects seront intégrés dans la seconde étape du processus synodal qui se conclura par l’assemblée générale ordinaire de 2015. Il revient aux pères synodaux d’examiner, d’étudier, de discuter cette réalité et de la confronter à l’enseignement et à la discipline de l’Église qui sont par ailleurs bien décrits dans la première partie du document, afin d’indiquer des pistes pastorales nouvelles, ou renouvelées pour répondre aux défis en question. »
Traduction de Zenit, Constance Roques