La seule solution pour l’Irak serait aujourd’hui « la voix d’un nouveau Gandhi, d’un nouveau Martin Luther King, qui exprime combien [les Irakiens] en ont assez de la guerre », estime Mgr Lingua, nonce apostolique en Irak.
Mgr Giorgio Lingua, 54 ans, est intervenu sur le quotidien italien La Repubblica le 9 juillet 2014, depuis la nonciature de Bagdad, où il vit en semi-liberté, comme tous les diplomates occidentaux à Bagdad.
L’avancée des milices djihadistes de « l’État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), qui ont pris Mossoul, dans le nord du pays, le 9 juin, a fait sombrer le pays dans une crise dont la seule réponse pourrait être « celle de la société civile », estime Mgr Lingua.
Il souhaite qu’elle « se fasse entendre à travers la voix d’un nouveau Gandhi, d’un nouveau Martin Luther King, qui exprime combien [les Irakiens] en ont assez de la guerre, car les politiques ne sont pas en mesure de le faire ».
L’archevêque évoque l’exode des Irakiens chrétiens, qui n’est pas un phénomène nouveau : plus des deux tiers du million et demi de personnes présentes au début des années 2000, ont désormais fui. Mais depuis le 9 juin, « les trente-mille chrétiens de Mossoul ont quitté la ville, souvent en abandonnant tous leurs biens, pour se réfugier dans les centres chrétiens de la région autonome kurde », ajoute Mgr Lingua.
Le nonce exprime la préoccupation du Saint-Siège « pour les deux religieuses enlevées à Mossoul avec trois jeunes, dont nous n’avons plus aucune nouvelle ». L’incertitude règne également sur l’état des églises de Mossoul, « selon certains, saccagées, selon d’autres, laissées intactes ».
Mgr Lingua souligne que la peur d’une nouvelle vague de violence anti-chrétienne s’est répandue jusqu’à Bagdad : lors de la messe de dimanche dernier dans l’église de Notre-Dame-du-perpétuel-Secours, seuls une quarantaine de personnes étaient présentes, pour la plupart des personnes âgées. Les autres sont tentées de fuir.
« Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de haine antichrétienne, et les signaux lancés par les hommes de l’EIIL sont contradictoires. Mais s’ils devaient décider de mettre en pratique leur programme, il n’y aurait plus de place pour les chrétiens », conclut-il.