Radio Vatican en français publie cette interview de Cyprien Viet avec le père Paul Habsburg, de nationalité allemande et responsable de la communauté des Légionnaires du Christ à Paris. Il participe au chapitre général qui vient d’élire le P. Robles Gil comme nouveau directeur général, mercredi, 5 février: il voit dans la demande de pardon manifestée par le chapitre l’occasion d’un renouveau spirituel et d’un mouvement d’intégration dans les paroisses.
A propos du message du chapitre, le P. Habsburg, indique que c’était le « désir de tous de pouvoir communiquer d’une façon presque définitive et claire ce que l’on ressent, ce que l’on pense, notre désir de mettre de la lumière dans l’Histoire, notre désir de demander pardon à tout le monde, de reconnaître que le passé, c’est le passé. C’était un très grand désir et pour moi-même, personnellement, c’est un grand soulagement d’avoir trouvé la bonne façon de le communiquer, je crois ».
Il estime que leur congrégation a été « sauvée par le pape » Benoît XVI: « l’Église avait tout le droit de dire « voilà, c’était trop, la blessure est trop forte ». Mais le Pape Benoît nous connaissait très bien, depuis le début des années 80, parce qu’il était à Rome et nous aussi. Donc, il y avait une grande amitié. Il savait que le noyau, le fond, est très positif. Et pour lui-même, c’était une découverte, il n’y croyait pas au début (ndlr : au passé trouble du fondateur, le P.Maciel). Donc, lui-même s’est senti appelé à tout changer pour récupérer ce qui vient vraiment de Dieu ,et pour purifier notre communauté de ce qui ne vient pas de Dieu. Il était très informé et il voyait clairement qu’il y avait un futur, mais il savait que nous ne pouvions pas nous en sortir tout seul. Et ce n’était pas seulement le Pape, c’était toute l’Église. Par exemple, en France, il y a des prêtres et des évêques des paroisses qui nous ont accueilli, dans ce moment particulier de notre histoire. C’est vraiment l’Église qui a été une mère pour nous. »
A propos du nombre des prêtres qui ont quitté la congrégation pour être incardinés dans des diocèses, il indique: « 84 prêtres sont partis depuis 2010. Cela sur environ 980 prêtres, je pense. Heureusement la grande majorité de ces prêtres sont restés prêtres mais ils sont devenus diocésains, d’ailleurs pour la joie de nombreux évêques. Je dirais même que c’est positif ! Parmi les religieux, sur les cinq dernières années, plusieurs centaines de séminaristes sont partis. Donc ça, c’est très fort. C’est très douloureux. Mais en même temps, d’autres sont entrés. En 2010, il y avait 60 prêtres qui ont été ordonnés, l’année d’après 60 et puis une cinquantaine en 2012. Donc, c’est intéressant. Dans la dernière homélie que le délégué pontifical a célébré avant Noël pour les ordinations (ndlr : 31 légionnaires du Christ ont été ordonnés en 2013), il a parlé aux jeunes prêtres à peine ordonnés, il a dit : « c’est quand même incroyable, dans un moment de crise, vous vous approchez pour être ordonnés dans une congrégation qui se trouve dans une telle situation ». Mais donc, il nous a donné un très grand appui comme délégué du Pape. »
Il précise que la Légion est revenue sous la responsabilité de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique: « Au cours de ces trois ans et demi, nous étions sous la direction directe du Saint-Père à travers son délégué. Il était très proche, il a fait ce chemin avec nous. C’est un homme d’une grande expérience, il a une grande connaissance du droit canonique. Et ensuite il y avait une équipe, avec un grand expert de la vie religieuse, et un très grand expert sur le droit canonique, sur la question des constitutions. Franchement, nous étions extrêmement bien accompagnés pour rendre normal tout ce qui n’était pas encore mûr, pour remettre de l’ordre dans tout cela. »
A propos de l’insertion des communautés en paroisse, il ajoute: « Je pense que ça a été un des points les plus importants. Nous avons grandi dans une certaine idée, dans une certaine culture. La Légion vient du Mexique, et les structures paroissiales au Mexique n’étaient pas tellement fortes par le passé. Ici, en Europe, tout est, depuis toujours, beaucoup plus organisé. Nous sommes un peu venus comme des missionnaires, sans grandes idées. Là, il y avait un vrai trou dans notre formation, sur la réalité du droit canonique, de l’Église diocésaine, de l’Église locale. Et c’est vrai qu’au cours de ces 15 dernières années, nous l’avons de plus en plus découvert. Le délégué pontifical nous a aussi beaucoup aidé dans les diocèses ou l’on travaille, à découvrir cela, parce que c’était un manque, dans une communauté qui a grandi un peu sauvagement. »
Il ajoute: « Aujourd’hui, la réalité, c’est que dans tous les diocèses où l’on travaille, nous avons des liens très forts avec l’évêque, nous l’informons tout le temps. Mais je pense que ça va encore grandir. Nous sommes en train de réfléchir avec les évêques pour pouvoir prendre des paroisses pour servir l’Église sur place. Dans les pays comme l’Amérique du Sud, surtout le Mexique, il y a relativement peu de structures ecclésiastiques. Donc, nous sommes en train d’établir tout cela. En Europe, par contre, tout cela existe déjà, donc on est en train d’apprendre à aller chez les évêques, avec notre charisme, et à dire aux évêques : « Écoutez, ça, c’est notre chemin, c’est ce qu’on sent que le Seigneur donne à notre communauté, surtout au niveau de la formation » et comment est-ce qu’on peut servir les diocèses avec ce charisme. Et ça, c’est nouveau pour nous parce qu’avant, on allait un petit peu partout, on n’avait pas cette formation. Maintenant, dans les dernières cinq à dix années, nous avons découvert cela grâce à l’Église et aussi grâce au délégué pontifical. Par exemple, pour notre mission à Paris, nous sommes quatre prêtres, nous habitons dans une paroisse où nous avons été accueillis. Et dans la paroisse, nous collaborons aux messes, à l’aumônerie, dans différentes écoles. Dans le futur, nous allons avoir notre propre paroisse. C’est un processus qui, je pense, va dans le bon chemin. »
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