« Je suis dans les mains de Dieu. Notes personnelles 1962 – 2003 », est le titre du livre qui rassemble les notes spirituelles de Karol Wojtyla qui demandait dans sa prière à devenir un instrument de la Miséricorde divine.
Le livre est publié et diffusé par les éditions « Znak » sous le titre polonais « Jestem bardzo w rakach Bozych. Notatki osobiste 1962-2003 ». Il a été présenté le 21 janvier à Cracovie. Des extraits du livre ont été publiés ces derniers temps par l’hebdomadaire catholique « Niedziela ».
Ces notes spirituelles de Karol Wojtyla – Jean-Paul II – sont inédites. C’est la première fois qu’on en parle et qu’elles sont publiées.
Il s’agit d’annotations recueillies, en particulier pendant les retraites et exercices spirituels, que Mgr Wojtyla a rédigées seul ou en compagnie d’autres membres de l’épiscopat polonais et de collaborateurs de la curie romaine.
Il y a constamment des références à la prière qui montrent une constante pratique quotidienne de l’auteur. On y voit aussi la forte passion de Mgr Wojtyla pour sa Pologne. Souvent il récitait la litanie de saints de la nation polonaise.
L’ensemble des notes couvre une période de plus de 40 années, elles sont un miroir où se reflètent les problèmes, les préoccupations et les rencontres vécues par Jean Paul II.
Les réflexions de Karol Wojtyla révèlent la vision mystique qu’il avait des évènements qu’il a vécus. Une note du 7 juillet 1975, parle du Saint-Sacrement en tant que voie permettant de trouver l’essentiel même de Jésus qui est joie et reconnaissance. L’appel qu’il adresse au Seigneur afin de s’approcher de lui, est fort et passionné, au point qu’il lui demande de s’enraciner dans son cœur, « malgré toute mes faiblesses ». Karol Wojtyla s’offre comme instrument de la Miséricorde de Dieu, remerciant d’avoir la bienveillance du Seigneur nonobstant « ma faiblesse et mon incompétence ».
Il interprète d’une manière particulière les maux et les souffrances qui atteignent ses amis. Le 13 octobre 1978, son ami très cher, l’évêque André Deskur est frappé par un AVC (ictus) qui lui paralyse la moitié de son corps. Le 14 octobre il va le voir à l’hôpital avant d’entrer au conclave qui l’élira pape. Dans ses notes Wojtyla interprète cet événement dans le mystère de la Croix et de la rédemption, reliant l’expiation de la souffrance de quelques uns, à une grâce plus grande pour d’autres.
De la même manière, il interprète ce qui est arrivé à Mgr Marian Jaworski onze ans plus tôt. Alors que Wojtyla se rendait à Rome pour participer au consistoire au cours duquel il fut créé cardinal. Mgr Jaworski fut victime d’un accident ferroviaire à Nidzica : il y perdit un bras. Le pape polonais inscrit cet événement et la souffrance qui en suivit, dans le mystère de la Croix et de la rédemption du Christ et il ajoute que par celui-ci « Debitor factus sum » « je suis devenu débiteur » au regard de la miséricorde de Dieu.
Le Père Jan Machniak, professeur de l’Université Jean Paul II, a expliqué que Karol Wojtyla « avait mené une recherche intérieure spirituelle très riche, qui l’avait amené à couvrir toutes les dimensions de son activité ». Il précise que « ses écrits spirituels incluent ses réflexions sur son expérience personnelle dans ses rapports avec Dieu, les prières, les méditations et les observations relatives à ses progrès spirituels ». Il souligne « qu’ils confirment que Wojtyla alimentait un rapport personnel fort avec Dieu. Le Seigneur était au centre de son cœur et de chacune de ses actions ».
Une rédactrice du livre, Agnieszka Rudziewicz, a raconté dans « Niedziela » que le travail a été développé au départ par plusieurs personnes. « Nous étions conscients d’avoir entre les mains des textes inédits et personnels d’un saint. C’est avec émotion que nous avons lu les notes recueillies par Wojtyla ». Elle y explique que « les textes ont été publiés tels que nous les avons trouvés. En avançant nous avons compris que nous nous trouvions en face d’un véritable itinéraire spirituel. C’est pour cette raison que le travail sur les notes de Wojtyla a été pour nous même un vrai exercice spirituel ».
Agnieszka Rudziewicz raconte que Karol Wojtyla avait l’habitude de suivre exactement le programme du jour de ses activités. « La préparation du livre nous a permis de découvrir que la journée du Pape avait plus de 24 heures ».
Dans son testament le pape Jean Paul II écrit que l’archevêque Stanislas Dziwisz, secrétaire personnel et son plus proche collaborateur, qui l’a accompagné pendant pratiquement 40 ans, de Cracovie à Rome, devait brûler ses notes personnelles. Jean Paul II écrit dans son testament : « Je n’ai laissé derrière moi aucun bien dont il soit nécessaire de disposer. En ce qui concerne les objets d’usage quotidien qui m’étaient utiles, je demande qu’on les distribue selon ce qu’il sera jugé opportun. Les notes personnelles seront brûlées. Je sollicite la vigilance du père Stanislas sur ce point, je le remercie pour sa collaboration, l’aide constante et indulgente pendant toutes ces années. Par contre, tous les autres remerciements, je les laisse dans mon cœur devant Dieu lui-même, parce qu’il est difficile de tous les exprimer. »
Le cardinal Dziwisz, actuel métropolite de Cracovie, a accompli tous les souhaits du testament à l’exception de ce dernier. Il a recueilli les notes de Karol Wojtyla et il les a confiées à la Congrégation pour les causes des saints. Ce sont précisément ces écrits qui ont convaincu la Congrégation à poursuivre le processus de béatification et la canonisation qui qui aura lieu le 27 avril prochain.
Dans « Niedziela », le cardinal Dziwisz déclare : « Je n’ai pas brûlé les notes de Jean Paul II, parce qu’elles sont la clé pour comprendre sa spiritualité, qui est ce qu’il y a de plus profond dans l’homme : sa relation avec Dieu, avec les autres et avec lui-même ».
Traduction de Hugues de Warren