Une ostension extraordinaire du « Saint-Suaire » est prévue à Turin en 2015 à l’occasion du bicentenaire de la naissance de don Bosco (1815-1888), a indiqué, le 4 décembre, l’archevêque de Turin, Mgr Cesare Nosiglia, custode pontifical de la relique.
Il a reçu en effet le consentement du pape François pour cet événement exceptionnel qui aura lieu pour Pâques et jusqu’au 16 août 2015 (45 jours environ), là où le linceul est conservé, dans la chapelle Guarini de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.
Il a souligné que le charisme « fécond » de don Bosco « père des jeunes », est « plus actuel que jamais », ainsi que les « œuvres qu’il a lancées » et que poursuivent « ses fils et ses filles spirituelles » des congrégations salésiennes « au service de l’Eglise universelle ».
Le suaire et la science
Ce linceul de 4, 36 m sur 1, 13 m porte inscrite de façon mystérieuse la figure d’un homme qui a vécu, selon les expertises scientifiques, les mêmes supplices que le Christ : flagellation avec des lanières typiques des Romains, casque d’épines, épaules tuméfiées du fait d’un fardeau pesant, poignets et pieds transpercés, côté droit ouvert, écoulements de sang.
Le tissu fonctionne comme le négatif d’une photo, selon l’étude du photographe italien Secondo Pia en 1898. Différentes catégories d’experts l’ont ensuite examiné, notamment des médecins, des ingénieurs, des historiens, des spécialistes des techniques de tissage, et un criminologue spécialiste des pollens contenus dans les fibres des tissus. Ils ont conclu à un linceul du premier siècle de la région de Jérusalem. Mais la datation au carbone 14 faite sur des échantillons en 1988 a mis en doute leurs conclusions en faisant état d’un tissu des XIIIe-XVe s.
Les vérifications faites par la suite sur la rigueur de la datation au carbone 14 ont remis en question cette conclusion, notamment du fait de l’endroit du prélèvement des échantillons et de l’omission de certains paramètres ayant pu modifier la teneur en carbone, comme l’effet de l’incendie de 1532.
Le linceul était alors conservé, dans la chapelle du château des ducs de Savoie, dans une châsse d’argent, replié en 48 épaisseurs. L’incendie eut lieu dans la nuit du 3 au 4 décembre 1532. La chaleur a fait fondre le métal qui a brûlé le suaire qui porte aussi des traces de l’eau employée pour éteindre l’incendie. En 1534, des Clarisses ont été chargées de coudre des pièces de lin là où le tissu avait été brûlé et elles ont renforcé le linceul par une « toile de Hollande », sur la surface postérieure. Une bande latérale de 8 cm de large présente aussi des parties manquantes. Certains scientifiques se sont demandé dans quel tissu on avait fait les prélèvements pour le carbone 14.
Le caractère extraordinaire de l’image dont les scientifiques n’arrivent pas à dire comment elle s’est formée, a donné naissance à un néologisme à partir du mot linceul en italien, « sindone », la « sindonologie », pour désigner ce nouveau domaine de la science ayant pour objet l’étude de ce linceul de Turin. Une étude qui est loin d’être achevée.
Emanuela Marinelli a expliqué les doutes émis sur la rigueur des prélèvements et de la datation (cf. Zenit du 10 mai 2012)
Le pape François et l’homme du suaire
« Se laisser regarder » par l’Homme du suaire de Turin, c’est ce qu’a recommandé le pape François à l’occasion de l’ostension et vénération télévisée du Saint-Suaire, autorisée naguère par Benoît XVI (cf. Zenit du 28 mars 2013).
« Laissons-nous donc rejoindre par ce regard, qui ne cherche pas nos yeux mais notre coeur », a dit le pape François qui a ajouté: « Il ne s’agit pas d’une simple observation, mais d’une vénération, c’est un regard de prière. Je dirais davantage : c’est un se laisser regarder. Ce Visage a les yeux clos, c’est le visage d’un défunt, et pourtant mystérieusement il nous regarde, et dans le silence il nous parle. »
« Comment est-ce possible ? continuait le pape. Comment se fait-il que le peuple fidèle, comme vous, veuille s’arrêter devant cette Icône d’un Homme flagellé et crucifié ? Parce que l’Homme du Suaire nous invite à contempler Jésus de Nazareth. Cette image – imprimée dans la toile – parle à notre coeur et nous pousse à gravir le Mont du Calvaire, à regarder le bois de la croix, à nous immerger dans le silence éloquent de l’amour. »
« Laissons-nous donc rejoindre par ce regard, qui ne cherche pas nos yeux mais notre coeur. Écoutons ce qu’il veut nous dire, dans le silence, en passant au-delà de la mort-même. À travers le Saint Suaire nous parvient la Parole unique et ultime de Dieu : l’Amour fait homme, incarné dans notre histoire ; l’Amour miséricordieux de Dieu qui a pris sur lui tout le mal du monde pour nous libérer de sa domination. »
Le pape méditait sur l’humanité blessée reflétée par le suaire: « Ce Visage défiguré ressemble à tant de visages d’hommes et de femmes blessés par une vie qui ne respecte pas leur dignité, par des guerres et des violences qui frappent les plus faibles… Pourtant le Visage du Suaire communique une grande paix ; ce Corps torturé exprime une souveraine majesté. C’est comme s’il laissait transparaître une énergie contenue mais puissante, c’est comme s’il nous disait : aies confiance, ne perd pas l’espérance ; la force de l’amour de Dieu, la force du Ressuscité vainc tout. »
Méditation de Benoît XVI
La dernière ostension publique de la relique remonte à 2010. Le pape Benoît XVI avait fait le pèlerinage à Turin à cette occasion, le dimanche 2 mai 2010. Il a offert une méditation, en la cathédrale de Turin, sur le sens du Suaire qu’il désigne comme une « icône écrite avec le sang ».
Il disait notamment ceci à propos de la blessure du côté: « Que nous dit le Saint-Suaire? Il parle avec le sang, et le sang est la vie! Le Saint-Suaire est une Icône écrite avec le sang; le sang d’un homme flagellé, couronné d’épines, crucifié et transpercé au côté droit. L’image imprimée sur le Saint-Suaire est celle d’un mort, mais le sang parle de sa vie. Chaque trace de sang parle d’amour et de vie. En particulier cette tâche abondante à proximité du flanc, faite de sang et d’eau ayant coulé avec abondance par une large blessure procurée par un coup de lance romaine, ce sang et cette eau parlent de vie. C’est comme une source qui murmure dans le silence, et nous, nous pouvons l’entendre, nous pouvons l’écouter, dans le silence du Samedi Saint. »