« Jésus est le centre de toutes choses », de la Création et de l’Histoire « par conséquent, l’attitude demandée au croyant (…) est de reconnaître et d’accueillir dans sa vie cette centralité de Jésus-Christ, dans ses pensées, dans ses paroles et dans ses actions », déclare le pape François.
Et lorsque le chrétien « perd le Christ comme centre, parce qu’on le substitue avec quelque chose d’autre, il n’en vient que des dommages, pour l’environnement et pour l’homme lui-même », met-il en garde.
Le pape François a célébré la messe de la solennité du Christ Roi, conclusion de l’Année de la foi, ce 24 novembre 2013, place Saint-Pierre, en présence de quelque 60.000 personnes, malgré des températures hivernales.
Pour marquer l’événement, les reliques de l’apôtre Pierre ont été exceptionnellement exposées à la vénération du public et portées en procession auprès de l’autel. Le pape a porté le reliquaire pendant la Profession de foi, le Credo: « Je crois en Dieu ».
A la fin de la célébration, il a remis l’exhortation apostolique « Evangelii gaudium » à des baptisés, représentants de divers états de vie dans l’Église et différents continents.
Il a exprimé la reconnaissance de l’Eglise envers Benoît XVI, qui avait ouvert l’Année de la foi le 11 octobre 2012.
Homélie du pape François
Aujourd’hui, la solennité du Christ Roi de l’univers, couronnement de l’année liturgique, marque également la conclusion de l’Année de la Foi, promulguée par le Pape Benoît XVI, pour qui nous avons maintenant une pensée pleine d’affection et de reconnaissance pour ce don qu’il nous a fait. Avec cette initiative providentielle, il nous a donné la possibilité de redécouvrir la beauté de ce chemin de foi qui a débuté le jour de notre Baptême, qui nous a faits fils de Dieu et frères dans l’Église. Un chemin qui a pour objectif final la pleine rencontre avec Dieu, et au cours duquel l’Esprit Saint nous purifie, nous élève, nous sanctifie, pour nous faire entrer dans le bonheur auquel aspire notre cœur.
Je désire également adresser une salutation cordiale et fraternelle aux Patriarches et aux Archevêques Majeurs des Églises orientales catholiques, ici présents. L’échange de la paix, que j’accomplirai avec eux, veut exprimer avant tout la reconnaissance de l’Évêque de Rome à l’égard de ces communautés, qui ont confessé le nom du Christ avec une fidélité exemplaire, souvent payée fort cher.
En même temps, par leur intermédiaire, je veux rejoindre avec ce geste tous les chrétiens qui vivent en Terre Sainte, en Syrie et dans tout l’Orient, afin d’obtenir pour tous le don de la paix et de la concorde.
Les lectures bibliques qui ont été proclamées ont comme fil conducteur la centralité du Christ. Le Christ est au centre, le Christ est le centre. Le Christ centre de la création, le Christ centre du peuple, le Christ centre de l’histoire.
1. L’Apôtre Paul nous offre une vision très profonde de la centralité de Jésus. Il nous le présente comme le Premier-né de toute la création : en lui, par lui et pour lui toutes choses furent créées. Il est le centre de toutes choses, il est le principe : Jésus Christ, le Seigneur. Dieu lui a donné la plénitude, la totalité, pour qu’en lui toutes choses soient réconciliées (cf. Col. 1, 12-20). Seigneur de la création, Seigneur de la réconciliation.
Cette image nous fait comprendre que Jésus est le centre de la création ; et, par conséquent, l’attitude demandée au croyant, s’il veut être tel, est de reconnaître et d’accueillir dans sa vie cette centralité de Jésus-Christ, dans ses pensées, dans ses paroles et dans ses œuvres. Et ainsi nos pensées seront des pensées chrétiennes, des pensées du Christ. Nos œuvres seront des œuvres chrétiennes, des œuvres du Christ, nos paroles seront des paroles chrétiennes, des paroles du Christ. Par contre, quand on perd ce centre, parce qu’on le substitue avec quelque chose d’autre, il n’en vient que des dommages, pour l’environnement autour de nous et pour l’homme lui-même.
2. En plus d’être le centre de la création et centre de la réconciliation, le Christ est le centre du peuple de Dieu. Et précisément aujourd’hui il est ici, au milieu de nous. Maintenant il est ici dans la Parole, et il sera ici sur l’autel, vivant, présent, au milieu de nous, son peuple. C’est ce qui nous est exposé dans la première Lecture, qui raconte le jour où les tribus d’Israël vinrent chercher David et, devant le Seigneur, lui donnèrent l’onction de roi sur Israël (cf. 2 S 5, 1-3). À travers la recherche de la figure idéale du roi, ces hommes cherchaient en réalité Dieu lui-même : un Dieu qui se fasse proche, qui accepte de devenir compagnon de route de l’homme, qui se fasse leur frère.
Le Christ, descendant du roi David, est justement le « frère » autour duquel se constitue le peuple, qui prend soin de son peuple, de nous tous, au prix de sa vie. En lui nous sommes un ; un seul peuple uni à lui, nous partageons un seul chemin, un seul destin. C’est seulement en lui, en lui comme centre, que nous avons notre identité comme peuple.
3. Enfin, le Christ est le centre de l’histoire de l’humanité, et aussi le centre de l’histoire de tout homme. C’est à lui que nous pouvons rapporter les joies et les espérances, les tristesses et les angoisses dont notre vie est tissée. Lorsque Jésus est au centre, même les moments les plus sombres de notre existence s’éclairent, et il nous donne l’espérance, comme cela arrive au bon larron dans l’Évangile d’aujourd’hui.
Tandis que tous les autres s’adressent à Jésus avec mépris – » Si tu es le Christ, le Roi Messie, sauve-toi toi-même en descendant de la croix ! » – cet homme, qui a commis des erreurs dans sa vie, à la fin, repenti, s’agrippe à Jésus crucifié en implorant : « Souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume » (Lc 23, 42). Et Jésus lui promet : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (v. 43) : son Royaume. Jésus prononce seulement la parole du pardon, non celle de la condamnation ; et quand l’homme trouve le courage de demander ce pardon, le Seigneur ne laisse jamais tomber une telle demande. Aujourd’hui, nous pouvons tous penser à notre histoire, à notre cheminement. Chacun de nous a son histoire ; chacun de nous a aussi ses erreurs, ses péchés, ses moments heureux et ses moments sombres. Cela fera du bien, au cours de cette journée, de penser à notre histoire, et regarder Jésus, et de tout cœur lui répéter de nombreuses fois, mais avec le cœur, en silence, chacun de nous : « Souviens-toi de moi, Seigneur, maintenant que tu es dans ton Royaume ! Jésus, souviens-toi de moi, parce que je veux devenir bon, je veux devenir bon, mais je n’ai pas la force, je ne peux pas : je suis pécheur, je suis pécheresse. Mais souviens-toi de moi, Jésus. Tu peux te souvenir de moi, parce que tu es au centre, tu es justement dans ton Royaume ! ». Que c’est beau ! Faisons-le tous aujourd’hui, chacun dans son cœur, de nombreuses fois. « Souviens-toi de moi, Seigneur, toi qui es au centre, toi qui es dans ton Royaume! ».
La promesse de Jésus au bon larron nous donne une grande espérance : elle nous dit que la grâce de Dieu est toujours plus abondante que la prière qui l’a demandée. Le Seigneur donne toujours plus, il est tellement généreux, il donne toujours plus que ce qui lui est demandé : tu lui demandes qu’il se rappelle de toi, et il t’emmène dans son Royaume ! Jésus est bien le centre de nos désirs de joie et de salut. Allons tous ensemble sur cette route !