La Fondation Lejeune demande un débat de raison sur l’avortement en France. Un rapport sur l’avortement vient d’être rendu public jeudi 7 novembre. « Ce document conduit à banaliser cet acte et à négliger des données importantes », estime la Fondation Jérôme Lejeune qui s’interroge, en tant qu’institution médicale et scientifique, « sur la présentation de l’avortement dans ce rapport » et elle « considère comme un préalable méthodologique nécessaire de rappeler sa nature et ses conséquences ». Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, commente cette publication
Zenit – Qu’est-ce qui vous choque le plus dans le rapport du Haut Conseil à l’Egalité des femmes et des hommes ?
Jean-Marie Le Méné – Qu’on le veuille ou non, la réalité de l’avortement consiste à tuer un être humain avant sa naissance. Cette réalité est tellement violente qu’elle est occultée. La nature de cet acte emporte des conséquences qui ne peuvent être passées sous silence. La volonté de faire de l’avortement « un droit comme les autres » est insensée. Il convient de rappeler que le respect de la vie de l’être humain est une valeur qui est antérieure à la loi. Ce n’est pas parce que l’avortement a été hélas dépénalisé sous certaines conditions que cet acte peut être érigé en droit.
Minimise-t-on les conséquences d’une interruption volontaire de grossesse ?
On ne les minimise pas, on les nie, ce qui est une attitude ni scientifique ni médicale. L’avortement – même s’il est voulu – a des conséquences psychiques et somatiques à court, moyen ou long terme sur les femmes. Mais les hommes aussi sont concernés. Il n’y a d’ailleurs aucune raison de ne pas tenir compte de leurs points de vue, de leurs souffrances, de leurs désirs. Le Haut Conseil à l’Egalité des femmes et des hommes devrait donc s’en soucier…
Il y a un réel problème d’information sur l’avortement en général. En quoi consiste cet acte ? Quelles sont les différentes options pour une femme enceinte mais qui ne souhaite pas ou envisage avec difficulté d’élever l’enfant qu’elle attend ? Quelles sont les conséquences d’un tel acte ? L’avortement n’est jamais ni la seule solution ni même une solution.
Le rapport insiste sur le fait que les femmes sentent le poids de la culpabilisation de la société quand elles ont recours à une IVG. Etes-vous d’accord ?
L’idéologie dominante essayera de tout faire pour alléger le poids de la culpabilisation sociale qui pèse sur l’avortement. Mais elle ne pourra rien contre le sentiment de culpabilité qui vient de l’intérieur de la personne. Je dirais même que plus on cache la vérité sur l’avortement par une déculpabilisation de façade, plus le sentiment de culpabilité augmente. La culpabilité est une plaie non cicatrisée : si vous la recouvrez, elle suppure et ne guérit jamais.
Une autre recommandation du rapport du Haut Conseil à l’Egalité des femmes et des hommes : que ne figure plus la mention de l’objection de conscience dans le Code de la santé publique (article L2212-8). Est-ce possible ?
L’objection de conscience ne disparaîtra jamais pour une raison simple : il ne peut être imposé à un professionnel, dont la mission est orientée vers la sauvegarde de la vie et de la santé, de poser ou de contribuer à un tel acte. L’avortement, par définition, n’est pas un acte médical. La question est plutôt de savoir s’il faut continuer à imposer au monde médical une pratique qui le dénature en profondeur. Est-ce qu’on sait que l’Etat, chaque année, depuis la légalisation de l’avortement, est obligé d’augmenter la rémunération des médecins qui le pratiquent pour trouver encore des volontaires ? Faire supporter par le contribuable le coût de ce mercenariat qui n’est pas de la médecine est une injustice de plus.
Qu’attendez-vous du gouvernement ?
La Fondation Jérôme Lejeune demande aux responsables politiques de rendre possible un débat sur l’avortement. Pour cela elle leur demande de situer l’enjeu sur un terrain où l’échange d’arguments rationnels soit possible et l’approche idéologique abandonnée. L’enjeu le mérite car se jouent là également la recherche du bien commun et le respect de la norme morale élémentaire présente au cœur de chacun, celle de ne pas tuer son enfant.