Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire de sainte Anna Schäffer (1882-1925), laïque allemande, plus précisément, mystique bavaroise, canonisée par Benoît XVI. Elle avait été béatifiée par Jean-Paul II en 1999 et il avait déclaré : « La lutte pour s’abandonner à la volonté de Dieu ne lui a pas été épargnée (…). Son lit de malade est devenu le berceau d’un apostolat étendu au monde entier ».
Elle s’était offerte dès sa première communion à l’amour du Christ. Et elle rêvait de devenir missionnaire. Mais son père meurt en 1896, laissant sa famille dans la pauvreté. Elle doit par conséquent travailler pour constituer son trousseau. Et, dès l’âge de 14 ans, elle est employée de maison, ce qui représente des dangers pour sa vie morale, mais la prière du rosaire la protège.
Le tournant de sa vie, c’est l’accident de 1901. Elle a 18 ans. Voulant ajuster le tuyau d’une chaudière, elle tombe dans un baquet de lessive bouillante.
Brûlée jusqu’à mi-jambe, elle subit plus de trente opérations, mais passera le reste de sa vie – vingt ans – invalide, avec des pansements changés seulement une fois semaine. Elle doit renoncer à la vocation missionnaire telle qu’elle se l’était imaginée.
Mais il lui faut du temps. D’autant plus que son frère boit. Sa mère déménage avec elle dans une petite maison du village. La jeune malade commence à recevoir des visites.
Et elle en vient peu à peu à accepter de partager les souffrances du Crucifié : voilà sa vocation.
Benoît XVI a expliqué, le 21 octobre 2012, lors de sa canonisation : “La chambre de malade se transforma en cellule conventuelle, et la souffrance en service missionnaire. Tout d’abord elle se révolta contre son destin, mais ensuite, elle comprit que sa situation était comme un appel plein d’amour du Crucifié à le suivre. Fortifiée par la communion quotidienne elle devint un intercesseur infatigable par la prière, et un miroir de l’amour de Dieu pour les nombreuses personnes en recherche de conseil. Que son apostolat de la prière et de la souffrance, de l’offrande et de l’expiation soit pour les croyants de sa terre un exemple lumineux ! Puisse son intercession fortifier l’apostolat chrétien hospitalier dans son agir plein de bénédictions !”
En 1901, elle reçoit la grâce de voir son ange gardien : il se présente à sa droite, d’une beauté indescriptible, et elle voit en lui son « plus fidèle ami ».
Elle se met à l’école de saint François comme Tertiaire. A l’instar de son maître spirituel, elle reçoit les stigmates de la Passion du Christ, le jour de la fête de celui-ci, le 4 octobre 1910, et demande la grâce qu’ils restent invisibles.
Quand la douleur est plus intense, elle confie : « Dans ces moments-là, je pense que mon Père du ciel doit m’aimer particulièrement ».
Et en 1914, elle reçoit la grâce des épousailles spirituelles avec le Christ.
Lorsque ses souffrances le lui permettent, elle coud. Son emblème préféré est le Sacré-Coeur dont elle dessine ou coud des flammes en forme d’épis de blé, qui manifestent sa dévotion eucharistique : « L’eucharistie, dira Jean-Paul II le jour de sa béatification, était la source de sa force ».
Elle s’est éteinte le 5 octobre 1925 à l’âge de 43 ans. Elle a laissé douze carnets auxquels elle a confié ses pensées et une importante correspondance.
« J’ai trois clefs du paradis, expliquait la jeune mystique: la plus grande est de fer brut et pèse lourd : c’est ma souffrance. La seconde est l’aiguille à coudre, et la troisième est le porte-plume ».