"Ni or, ni argent, quelque chose de plus précieux : l'Evangile"

Le pape s’adresse aux jeunes de l’Ombrie à Assise

Share this Entry

« Je n’ai ni or, ni argent à vous donner, mais quelque chose de beaucoup plus précieux, l’Évangile de Jésus », déclare le pape aux jeunes réunis à Assise, les exhortant à « ne pas avoir peur des pas définitifs » dans la vie et à se donner à Dieu en totalité car son amour « si grand, si beau, si vrai », mérite « tout et et toute notre confiance ».

Au terme d’une journée riche en événements et en rencontres, à 18h20 ce 4 octobre 2013, le pape a rencontré les jeunes de l’Ombrie, sur le parvis de la basilique Sainte-Marie-des-Anges, à Assise, après s’être recueilli devant la Portioncule, la chapelle que saint François a réparée de ses mains.

Il a été accueilli sur un podium par Mgr Renato Boccardo, archevêque de Spoleto-Norcia, ainsi que huit jeunes pour chacun des huit diocèses de l’Ombrie, qui ont posé des questions sur le thème de la vocation, la famille, le travail et la mission.

Après la rencontre, le pape s’est rendu en voiture au sanctuaire de Rivotorto, pour une visite privée au “Tugurio” de saint François. Puis il est rentré au Vatican en hélicoptère.

Allocution du pape François

Chers jeunes de la Ombrie,

Bonsoir,

Merci d’être venus, merci de cette fête ! Et merci pour vos questions, très importantes. Je suis heureux que la première question soit venue d’un jeune couple. Un beau témoignage ! Deux jeunes qui ont choisi, ont décidé, avec joie et courage de former une famille. Si, c’est vrai, il faut du courage pour former une famille ! Il faut du courage. Et votre question, jeunes époux, rejoint celle de la vocation. Qu’est-ce que le mariage ? C’est une vraie vocation, comme le sont le sacerdoce et la vie religieuse. Deux chrétiens qui se marient ont reconnu dans leur histoire d’amour l’appel du Seigneur, la vocation à faire de deux, homme et femme, une seule chair, une seule vie. Et le Sacrement du mariage enveloppe cet amour avec la grâce de Dieu, il l’enracine en Dieu même. Avec ce don, avec la certitude de cet appel, on peut partir en sécurité, on n’a peur de rien, on peut tout affronter, ensemble.

Pensons à nos parents, à nos grands-parents ou arrières grands-parents : ils se sont mariés dans des conditions beaucoup plus pauvres que les nôtres, certains en temps de guerre, ou d’après-guerre ; certains sont émigrés, comme mes parents. Où ont-ils trouvé la force ? Ils l’ont trouvée dans la certitude que le Seigneur était avec eux, que la famille est bénie par Dieu par le Sacrement de mariage, et que la mission de mettre au monde les enfants et de les éduquer est bénie. Avec ces certitudes ils ont dépassé les épreuves les plus dures.

C’étaient des certitudes simples, mais vraies, elles formaient les colonnes qui soutenaient leur amour. Leur vie n’a pas été facile, il y a eu des problèmes, tant de problèmes, mais ces certitudes les aidaient à avancer et ils ont réussi à faire une belle famille, à donner la vie, à faire grandir leurs enfants. Chers amis, il faut ce fondement moral et spirituel pour construire bien, de façon solide ! Aujourd’hui, ce fondement n’est plus garanti par les familles et par les traditions sociales. Ou plutôt, la société dans laquelle vous êtes nés privilégie les droits individuels plutôt que la famille ou les relations qui durent, afin que ne surgissent pas les difficultés. Pour cela, elle parle parfois de rapport de couple, de famille et de mariage de façon superficielle et équivoque. Il suffit de regarder certains programmes télévisés ! Parfois moi-même j’ai entendu, j’ai dit à un couple une fois « vous savez que le mariage c’est pour toute la vie ? » : « nous nous aimons mais nous nous marions tant que dure l’amour », après c’est chacun de son côté. L’égoïsme … il est risqué de se marier. Cet égoïsme nous menace car nous avons tous le possibilité d’une double personnalité : « une qui dit « je » et l’autre qui dit « moi-je ». L’autre difficulté est la culture du provisoire, rien n’est définitif, tout est provisoire. Une fois j’ai rencontré un séminariste qui m’a dit « je veux être prêtre pour 10 ans, après je change… ». Mais Jésus ne nous a pas sauvés provisoirement, Il nous a sauvés définitivement !

Mais l’Esprit-Saint suscite toujours des réponses nouvelles au nouvelles exigences ! Et ainsi se sont multipliés dans l’Église les cheminements pour fiancés, les cours de préparation au mariage, les groupes de jeunes couples dans les paroisses, les mouvements familiaux… Ils sont une richesse immense ! Ce sont des points de référence pour tous : jeunes en recherche, couples en crise, parents en difficulté avec leurs enfants et vice-versa. Et puis il y a différentes formes d’accueil : l’adoption, les maisons-familiales de types variés… L’imagination – permettez-moi de dire cela – de l’Esprit-Saint est infinie, mais elle est aussi très concrète ! Alors je voudrais vous dire de ne pas avoir peur de faire des pas définitifs, n’ayez pas peur… tant de fois j’ai entendu une mère me dire « Père, j’ai un fils de 30 ans et il ne se marie pas… il est fiancé mais ne se décide pas – Madame, ne lui repassez plus ses chemises ! ». N’ayez pas peur des pas définitifs dans la vie, comme celui du mariage : approfondissez votre amour, en respectant les temps et les expressions, priez, préparez-vous bien, puis ayez confiance que le Seigneur ne vous laisse pas seuls ! Faites-le entrer dans votre maison comme quelqu’un de la famille, Il vous soutiendra toujours.

La famille est la vocation que Dieu a écrite dans la nature de l’homme et de la femme, mais il y a une autre vocation complémentaire au mariage : l’appel au célibat et à la virginité pour le Royaume des cieux. C’est la vocation que Jésus lui-même a vécue. Comment la reconnaître ? Comment la suivre ? C’est la troisième question que vous m’avez posée. Certains peuvent penser « mais cet évêque il est fort, on lui pose des questions, il a les réponses »… mais j’ai eu les questions il y a quelques jours… Et je vous réponds avec deux éléments essentiels, pour reconnaître cette vocation. D’abord, prier et cheminer dans l’Église. Les deux vont ensemble, elles sont entrelacées. A l’origine de toute vocation à la vie consacrée il y a toujours une expérience forte de Dieu, une expérience qui ne s’oublie pas, on s’en souvient toute sa vie ! C’est celle qu’a eue François. Et cela nous ne pouvons pas le calculer ni le programmer. Dieu nous surprend toujours ! C’est Dieu qui appelle ; mais il est important d’avoir un rapport quotidien avec Lui, de l’écouter en silence devant le Tabernacle et à l’intime de nous-mêmes, de Lui parler, de s’approcher des Sacrements. Avoir ce rapport familier avec le Seigneur c’est comme tenir ouverte la fenêtre de notre vie pour qu’Il nous fasse entendre sa voix, ce qu’Il veut de nous.

Il serait beau de vous entendre, d’entendre les prêtres présents, les soeurs… Ce serait très beau parce que chaque histoire est unique, mais toutes partent d’une rencontre qui éclaire en profondeur, qui touche le cœur et implique toute la personne : affection, intellect, sens, tout. Le rapport avec Dieu ne concerne pas seulement une partie de nous-mêmes, il concerne tout. C’est un amour si grand, si beau, si vrai, qu’il mérite tout et qu’il mérite toute notre confiance. Et je voudrais vous dire quelque chose avec force, spécialement aujourd’hui: la virginité pour le Royaume de Dieu n’est pas un “non”, c’est un “oui” ! Certes, elle comporte le renoncement à un lien conjugal et à une famille, mais à la base il y a le “oui”, comme réponse au “oui” total du Christ envers nous, et ce “oui” rend féconds.

Mais ici à Assise il n’y a pas besoin de paroles ! Il y a François, il y a Claire, qui parlent ! Leur charisme continue à parler à tant de jeunes dans le monde entier : jeunes gens et jeunes filles qui laissent tout pour suivre Jésus sur le chemin de l’Évangile.

C
‘est cela, l’Évangile. Je voudrais reprendre le mot “Évangile” pour répondre aux deux autres questions que vous m’avez posées, la deuxième et la quatrième. L’une concerne l’engagement social, dans cette période de crise qui menace l’espérance ; et l’autre concerne l’évangélisation, porter l’annonce de Jésus aux autres. Vous avez demandé : que pouvons-nous faire ? Quelle peut être notre contribution ?

Ici à Assise, ici, près de la Portioncule, il me semble entendre la voix de saint François qui nous redit : « Évangile ! Évangile ! ». Il le dit aussi à moi, ou plutôt, d’abord à moi : pape François, sois serviteur de l’Évangile ! Si je ne réussis pas à être serviteur de l’Évangile, ma vie ne vaut rien. Mais l’Évangile, chers amis, ne concerne pas seulement la religion, il concerne l’homme, tout l’homme, et il concerne le monde, la société, la civilisation humaine. L’Évangile est le message de salut de Dieu pour l’humanité. Mais quand nous disons “message de salut”, ce n’est pas une façon de dire, ce ne sont pas de simples paroles ou des paroles vides comme il y en a tant aujourd’hui ! L’humanité a vraiment besoin d’être sauvée ! Nous le voyons chaque jours quand nous feuilletons le journal, ou quand nous entendons les nouvelles à la télévision ; mais nous le voyons aussi autour de nous, dans les personnes, dans les situations…; et nous le voyons en nous-mêmes ! Chacun de nous a besoin de salut ! Salut de quoi ? Du mal. Le mal agit, il fait son travail. Mais le mal n’est pas invincible et le chrétien ne se résigne pas devant le mal. Et vous les jeunes, voulez-vous vous résignez devant le mal, les injustices, les difficultés ? Vous voulez ou non ? (non! répondent les jeunes) ça me plaît… Notre secret est que Dieu est plus grand que le mal : Dieu est amour infini, miséricorde sans limite, et cet Amour a vaincu le mal à la racine dans la mort et la résurrection du Christ. C’est l’Évangile, la Bonne Nouvelle : l’amour de Dieu a vaincu ! Christ est mort sur la croix pour nos péchés et il est ressuscité. Avec Lui nous pouvons lutter contre le mal et le vaincre chaque jour. Y croyons-nous ou non ? Si j’y crois, je dois suivre Jésus pour toute la vie… Alors l’Évangile, ce message de salut, a deux objectifs qui sont liés : la première, susciter la foi, et c’est l’évangélisation; la seconde, transformer le monde selon le dessein de Dieu, et c’est l’animation chrétienne de la société. Ce ne sont pas deux choses séparées, elles sont une unique mission : porter l’Évangile avec le témoignage de notre vie transforme le monde ! C’est la route !

Regardons François : il a fait toutes ces choses, avec la force de l’unique Évangile. François a fait grandir la foi, a renouvelé l’Église ; et dans le même temps a renouvelé la société, l’a rendue plus fraternelle, mais toujours avec l’Évangile.

Savez-vous ce que saint François a dit une fois à ses frères : prêchez toujours l’Évangile, et si nécessaire avec les paroles… Peut-on prêcher sans paroles ? Oui, par le témoignage ! D’abord le témoignage, ensuite les paroles.

Jeunes de la Ombrie : faites ainsi vous aussi ! Aujourd’hui, au nom de saint François, je vous dis : je n’ai ni or, ni argent à vous donner, mais quelque chose de beaucoup plus précieux, l’Évangile de Jésus. Allez avec courage, avec l’Évangile dans le cœur et entre les mains, soyez témoins de la foi par votre vie : apportez le Christ dans vos maisons, annoncez-le parmi vos amis, accueillez-vous et servez-le dans les pauvres. Donnez à la Ombrie un message de vie, de paix et d’espérance ! Vous pouvez le faire !

Traduction de Zenit, Anne Kurian

Share this Entry

Francis NULL

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel