Brésil: un vent de joie souffle sur l'Eglise

Rencontre avec le nouvel ambassadeur près le Saint-Siège

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Renforcer les institutions régionales en Amérique Latine afin que celles-ci  puissent s’exprimer de manière plus incisive devant la communauté internationale ; favoriser dans les divers pays  la libération sociale des secteurs marginalisés ; créer un monde ‘polyédrique’, c’est-à-dire non globalisé, mais respectueux de l’identité des pays au moment de leur intégration, sont quelques uns des thèmes soulevés par le pape François lors de son entretien avec le nouvel ambassadeur du Brésil près le Saint-Siège.

Le pape François a reçu vendredi 13 septembre le nouvel ambassadeur du Brésil près le Saint-Siège, Denis Fontes de Souza Pinto, qui lui a présenté ses lettres de créances. Vingt minutes de conversation durant lesquelles le Saint-Père a demandé au diplomate de lui parler en « brésilien », alors que lui-même lui aurait parlé en espagnol.

Les récentes manifestations de protestation qui ont enflammé le Brésil sont, d’après le nouvel ambassadeur, l’expression d’une plus grande identification démocratique ; l’avortement, un thème non affronté par le pape au Brésil, car tous connaissent la position de l’Eglise.

Sur la théologie de la libération, l’ambassadeur brésilien laisse la parole aux théologiens et aux experts, réaffirmant que l’Eglise a toujours aidé les pauvres. Fontes de Souza relève qu’aujourd’hui, au Brésil, depuis la visite du pape François pour des JMJ de Rio, la foi connaît un nouvel enthousiasme et qu’un nouveau «  vent de joie » souffle sur l’Eglise brésilienne.

Ces questions, et d’autres encore, figurent dans l’entretien accordé à Zenit par l’ambassadeur près le Saint-Siège :

Zenit – Monsieur l’ambassadeur, de quoi avez-vous parlé avec le pape François ?

M. Fontes de Souza – Nous avons évoqué divers points et lui ma confirmé sa satisfaction pour les JMJ de Rio 2013 et pour sa visite à la basilique d’Aparecida, tout comme il s’est réjouit de l’accueil et de la cordialité des populations. Puis nous avons parlé de la situation internationale et il a fait état de la veillée pour la Syrie, qu’il a définie un moment de grand œcuménisme avec les participants d’autres religions, tout ne me disant qu’il s’attendait à des développements positifs.

Il a aussi parlé de l’importance de renforcer les institutions régionales en Amérique du sud et de l’intégration des divers pays d’Amérique Latine pour qu’elles puissent avoir une voix plus forte devant la communauté internationale et dans l’agenda international. Il a dit qu’il estimait important que la communauté internationale ne soit pas « ronde » (mimant un globe avec les mains) mais plutôt comme un polyèdre, où tout le monde est uni, mais dans le respect des caractéristiques et de l’identité de chacun. Une belle idée qui m’a beaucoup impressionné. Je crois que c’est la première que j’entends une telle expression.

Vous avez parlé d’autres sujets concernant l’Amérique Latine?

Fontes: Qu’il y a une place dans la société. Le pape a beaucoup parlé de la nécessité de chercher une dimension sociale à l’intérieur des pays eux-mêmes, d’un côté plus centré sur les sociétés nationales, de l’autre le renforcement des institutions régionales.

De l’éducation ?

Fontes: Oui, exactement, l’éducation à l’intérieur de ce contexte, car plus le peuple est éduqué et préparé, mieux il s’intègre dans sa communauté.

Quels autres thèmes avez-vous abordés ?

Nous avons parlé de tant de choses, je lui ai parlé de ma vie professionnelle et personnelle, il m’a demandé comment c’était, on a eu plus de vingt minutes de conversation. Il a commencé en me disant qu’il aurait pu parler « brésilien » mais pas portugais …

Et pour ce qui est des relations entre l’Eglise et l’Etat ?

L’avortement est interdit par la loi brésilienne. La position de l’Eglise sur le sujet est bien connue. Ce sont des principes éthiques qu’on accepte ou n’accepte pas. Et je crois que, lors de sa visite, le pape a préféré parler de thèmes où il est possible de travailler ensemble, de manière concrète..

Je ne crois pas que cette questions puissent poser des problèmes, car au Brésil rien n’est encore décidé, ce n’est pas le gouvernement qui décider, bien qu’il puisse Y être favorable ou contraire, mais ce sera le congrès qui décidera, la majorité des représentants du peuple  brésilien, et une décision du parlement ça se respecte.

Comme s’expliquent ces protestations au Brésil ?

J’étais au Brésil depuis le début de cette vague de protestation qui se vérifie encore. J’estime que c’est un moment d’expression démocratique du peuple. La démocratie n’a pas de limites. Quand commence un processus comme celui qui est arrivé dans mon pays il ya plus de trente ans, après une période de stabilisation économique et d’inclusion sociale, comme avec le président Lula et maintenant avec la présidente Rousseff, nous avons de plus en plus de brésiliens qui ont accès aux biens de consommation et aux services, si bien que ces personnes exigent plus de transparence, plus d’efficacité, de meilleurs écoles, transports et hôpitaux. C’étaient des protestations démocratiques pour exiger plus et mieux. Ceci est dans l’intérêt du gouvernement brésilien, par la préoccupation a été d’émanciper annuellement de plus en plus de gens. Et c’est une question que le pape a évoquée et reconnue. Et ce processus continue à avancer au Brésil.

A propos de la théologie de la Libération qui est née entre le Brésil et le Pérou, qu’est-ce qui change maintenant avec un pape latino-américain ?

Voyez-vous, je n’aime pas enseigner le Notre Père au vicaire, je ne m’y connais pas beaucoup en théologie, je laisse cette question aux spécialistes. Je vois que, traditionnellement, l’Eglise s’est toujours préoccupée des pauvres, aujourd’hui l’émancipation sociale est importante, mais si ce la entre ou n’entre pas dans la théologie de libération je l’ignore.

Selon les sondages, l’Eglise au Brésil est l’institution la plus crédible, et maintenant avec le pape François?

Je crois que l’Eglise catholique au Brésil a une énorme crédibilité qui vient de son histoire. Maintenant avec le pape François, de tout évidence, elle retrouve un énorme, un vent de joie souffle sur elle.

Traduction d’Océane Le Gall

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Sergio Mora

Buenos Aires, Argentina Estudios de periodismo en el Istituto Superiore di Comunicazione de Roma y examen superior de italiano para extranjeros en el Instituto Dante Alighieri de Roma. Periodista profesional de la Associazione Stampa Estera en Italia, y publicista de la Orden de periodistas de Italia. Fue corresponsal adjunto del diario español El País de 2000 a 2004, colaborador de los programas en español de la BBC y de Radio Vaticano. Fue director del mensual Expreso Latino, realizó 41 programas en Sky con Babel TV. Actualmente además de ser redactor de ZENIT colabora con diversos medios latinoamericanos.

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