« La France est-elle encore la « fille aînée de l’Eglise » ? »: c’est le titre de cette conférence du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, publiée par le site du diocèse (http://lyon.catholique.fr/?La-France-est-elle-encore-la-fille) et que nous reproduisons avec l’aimable autorisation de l’auteur et du site.
Le cardinal Barbarin l’a prononcée à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, lundi dernier, 15 avril 2013.
Introduction : A propos de l’adverbe « encore »
Pourquoi faut-il que l’adverbe « encore » vienne si souvent prendre place dans tellement de questions et se nicher dans les titres de tant de livres, d’articles et de conférences ? « Peut-on encore croire aujourd’hui ? » « Peut-on encore parler du péché aux jeunes, à notre époque ? » « Le message de la Création et de la Résurrection est-il encore audible dans un monde scientifique ?…. »
A chaque fois que j’entends cet adverbe, j’ai envie de le remplacer par « tout à fait ». On peut tout à fait croire dans un monde scientifique ; il y a d’ailleurs la même proportion de croyants et d’athées chez les intellectuels et les chercheurs que chez les sportifs, les hommes d’affaires ou les charbonniers… Oui, on peut et l’on doit parler du péché, car il fait des ravages dans nos vies, et ce serait de la lâcheté ou du mensonge d’éviter le sujet pour ne pas déplaire. De deux choses l’une, ou bien la Révélation est une vérité libératrice qui vient de Dieu et traversera les siècles et les cultures, malgré les railleries et les attaques, ou bien elle est une invention de l’homme. Sur ce point, chacun fait son choix.
Quand on a lu Lucrèce ou le curé Meslier, on sait que l’athéisme ou les objections à la foi ne datent pas de l’ère scientifique. Mais on peut aussi remarquer comment les refus très assurés du positivisme, au milieu du XIX° siècle, la certitude que les découvertes de la science allaient rapidement débarrasser l’humanité de toutes « ces supersti-tions obscurantistes », ont fait long feu. Parfois, l’attitude religieuse est perçue comme l’antidote à une névrose et les révélations comme des défenses contre le désespoir d’une existence humaine qui vient inéluctablement se fracasser contre la muraille de la mort.
Cela n’empêche pas ceux qui partagent cette conviction de respecter l’univers religieux et peut-être même, secrètement, d’être intrigués par lui. J’aimerais interroger les spécialistes de Sigmund Freud sur le paradoxe de cet homme qui peut à la fois, dans un de ses ouvrages les plus difficiles, évoquer la religion comme « l’avenir d’une illusion » [1] et laisser son épouse donner une solide éducation juive à leurs enfants et participer lui-même fidèlement aux célébrations religieuses familiales.
L’intégralité de la conférence est disponible en téléchargement. [1] Sigmund FREUD, Die Zukunft einer Illusion, 1927