Bernadette Soubirous a mené « de multiples combats spirituels, comme le Christ fut tenté par le diable après quarante jours de désert » et elle a tenu, « parce que la Vierge l’a accompagnée durant les quinze premiers jours : nous-mêmes, nous sommes accompagnés par l’Eglise, notre Mère », souligne Mgr Perrier.
Mgr Jacques Perrier, ancien évêque de Tarbes-Lourdes, offre aux lecteurs de Zenit une méditation sur le chemin du Carême, en s’inspirant du « Carême des Apparitions » vécu par sainte Bernadette, fêtée en ce 18 février.
Le Carême, en compagnie de Bernadette
« Le 18 février, l’Eglise fête sainte Bernadette : Bernadette Soubirous, devenue Sœur Marie-Bernard, dans la congrégation des Sœurs de Nevers. Cette date du 18 février vaut, au moins, pour la France. Ailleurs, la date retenue est celle de son décès : le 16 avril. Ces dates sont significatives et, en y réfléchissant, elles peuvent nous aider à vivre le Carême.
Le 18 février est le jour de la troisième Apparition. C’est ce jour-là que, pour la première fois, la « Dame » parle à Bernadette. Elle ne lui dit pas son nom. Elle refuse de l’écrire malgré la plume et l’encrier que Bernadette lui tend. Mais elle lui fait une promesse : d’être heureuse, si ce n’est dans ce monde, du moins dans l’autre. Cela suffit à expliquer le choix du 18 février pour fêter Bernadette comme citoyenne du ciel.
Bernadette ne cherchera jamais dans cette promesse un alibi pour s’en tenir à une vie médiocre. A ceux qui lui disaient de ne pas s’en faire puisque, de toute façon, elle irait au ciel, elle répondait : oui, j’irai, « si je me le gagne ».
En 1858, le 18 février était un jeudi, jour sans classe à l’époque : Bernadette était libre de son temps pour aller à la Grotte. Mais ce jeudi était surtout le lendemain du Mercredi des Cendres. La promesse de la Vierge vient donc en tout début du Carême.
C’est dans le début de ce Carême, entre le 19 février et le 4 mars, que se produiront les douze Apparitions suivantes. Ce fut un temps d’épreuve pour Bernadette : hostilité des autorités civiles, absence de la « Dame » à deux reprises, invitation répétée à la pénitence, démarche infructueuse auprès du curé pour obtenir l’organisation d’une procession. Et la « Dame » n’avait toujours pas dit son nom. Elle ne le révèlera que le 25 mars, après trois semaines de vide.
Bernadette a donc mené, en ce Carême des Apparitions, de multiples combats spirituels, comme le Christ fut tenté par le diable après quarante jours de désert. Bernadette a tenu, parce que la Vierge l’a accompagnée durant les quinze premiers jours : nous-mêmes, nous sommes accompagnés par l’Eglise, notre Mère. Au terme, la « Dame » lui avait promis le bonheur : que ne ferait-on pas pour un vrai bonheur, définitif, même lointain ? De même, l’Eglise, dans sa liturgie, dès le premier dimanche de Carême, nous parle de résurrection et de « Pâque éternelle ». Elle nous dit : « Courage, prends la route ! »
Le 25 mars, jour de l’Annonciation, la « Dame » se déclare « l’Immaculée Conception ». C’est juste avant Pâques, car l’Immaculée Conception de Marie est un fruit de la Rédemption. Le 7 avril, mardi de Pâques, lors de la dix-septième Apparition, se produit le « miracle du cierge » : la flamme d’un gros cierge qu’elle tient entre ses deux mains rayonne à l’extérieur sans que Bernadette se brûle. Quel beau symbole de la vie chrétienne : rayonner autour de soi la lumière du Ressuscité ! « Vous êtes la lumière du monde. »
Or, c’est un mercredi de Pâques, 16 avril 1879, que Sœur Marie-Bernard accomplit sa propre pâque. Il est à peine plus de trois heures de l’après-midi. Après tant de souffrances, son visage apaisé rayonne de beauté. Comme on peut encore le constater en la voyant, dans sa châsse, au couvent Saint Gildard de Nevers.
Cela donne envie de fêter Bernadette deux fois : le 18 février, en début de Carême, et le 16 avril, dans la lumière de Pâques. Entre temps,
Pour mettre dans tes pas mes pas trop hésitants,
S’il te plaît, Bernadette, prête-moi tes sabots ! »