Le Christ « n’est pas n’importe quelle figure déterminante de l’histoire, mais le seul homme qui soit la mesure pour tous », déclare Mgr Müller : c’est pourquoi « quiconque désire savoir ce qu’on peut attendre de Dieu et quelle est la situation de l’homme, doit passer par Jésus de Nazareth ».
Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, signe une réflexion sur la trilogie « Jésus de Nazareth », écrite par Benoît XVI-Joseph Ratzinger, dans L’Osservatore Romano du 19 janvier 2013.
L’homme qui est la mesure de tous les hommes
Le préfet encourage à lire « cette œuvre extraordinaire », rappelant que le dernier volume, parue en décembre, médite sur l’origine du Christ : « D’où viens-tu ? », telle est la question qui parcoure les Evangiles, et dont les récits de l’enfance sont une réponse.
Cet ouvrage est d’autant plus important que « quiconque désire savoir ce qu’on peut attendre de Dieu et quelle est la situation de l’homme, doit passer par Jésus de Nazareth », estime-t-il.
En effet, explique-t-il, le Christ « n’est pas n’importe quelle figure déterminante de l’histoire, mais le seul homme qui est la mesure pour tous » : « par lui, Dieu est venu à nous, en lui il nous a acceptés et a révélé à tout être humain sa vocation la plus haute ».
L’importance de l’Evangile émerge notamment « dans le rapport entre l’action de Dieu et la réponse humaine ». A ce propos, « les récits de l’enfance se montrent dans toute leur modernité », fait observer Mgr Müller, citant « la libre acceptation de Marie » dès l’Annonciation.
Ces récits illustrent donc le fait que « la grâce de Dieu agit de façon à accomplir la liberté de l’homme », c’est une grâce « qui conduit l’homme à sa pleine maturité ».
L’unité de l’histoire du salut
Pour l’archevêque, les récits de l’enfance de Jésus en Matthieu et en Luc, « sont intimement entrelacés avec l’Evangile » pour « former une unité ».
D’un point de vue littéraire, ils représentent un « pivot » dans le passage de l’Ancien au Nouveau Testament et montrent « l’unité de l’histoire du salut » : en ce sens, « l’univers sémantique du récit de l’annonciation naît de la foi du peuple de Dieu, telle que témoignée dans l’Ancien Testament, incompatible avec un quelconque genre de mythologie antique et moderne ».
Mgr Müller n’a « aucun doute sur la crédibilité historique des récits » : « l’incarnation du Verbe et la conception de Jésus comme homme, n’est pas un mythe et encore moins une rareté biologique, mais une vérité historique », insiste-t-il.
D’ailleurs le fait que « Marie et d’autres familiers sont liés à la vie publique de Jésus » tout en étant témoins « de la vie cachée de Jésus, dans les 30 premières années de sa vie », confirme « l’unicité de Jésus, qui nous est parvenue à travers le témoignage des disciples ».
A ce titre, les récits de l’enfance « rentrent dans la tradition sur Jésus et constituent une partie intégrante de la profession du Christ de la part de l’Eglise ».
La foi en Dieu est raisonnable
Même la diversité des genres littéraires dans les Evangiles « ne limitent pas leur volonté d’expression historico-théologique », poursuit Mgr Müller, invitant à « dépasser la contradiction dualiste du rationalisme et de l’empirisme dans la philosophie moderne » pour « reconquérir l’unité intime de la dogmatique et de l’exégèse ».
Dans cette perspective, estime-t-il, « la foi en Dieu et dans l’illimité de ses possibilités d’action est raisonnable » : il est juste d’affirmer que « Dieu peut se révéler dans le monde et dans l’histoire », c’est-à-dire que « le créateur du ciel et de la terre dans son action salvifique embrasse toute dimension du créé ».
Pourquoi est-ce raisonnable ? Parce que « celui qui croit que Dieu a le pouvoir sur la matière », peut aussi comprendre du même coup « la raison de la foi l’incarnation, la résurrection, la transsubstantiation ».
Au contraire, « il serait contraire à la raison de limiter l’action de Dieu à ce que l’homme considère possible », estime Mgr Müller, pour qui « le refus de l’incarnation est enraciné dans la peur que Dieu pourrait trop s’approcher trop de l’homme ».
« De la foi au contraire, naît la joie que Dieu regarde l’humilité de sa servante », conclut le préfet de la Doctrine de la foi.