« Aucun autre pays dans le monde n’a adopté des mesures similaires » à celles prises par le Vatican ces dernières années en matière d’adaptation aux standards financiers internationaux, affirme René Bruelhart, qui avoue sa perplexité devant la décision de la banque d’Italie de geler l’utilisation des cartes bancaires au Vatican (cf. Zenit du 4 janvier 2013).
Le directeur de l’Autorité d’information financière (AIF) du Saint-Siège, qui est l’un des plus grands experts au monde dans la lutte contre le blanchiment d’argent, réagit à cette décision dans un entretien pour le journal italien « Corriere della sera ».
Aucun autre pays n’a adopté des mesures similaires
Il exprime sa perplexité devant la décision : « Je suis surpris par les mesures prises par la Banque d’Italie bloquant tous les services de cartes de crédit de la Deutsche Bank au Vatican ».
Il rappelle que l’été dernier « le Saint-Siège a réussi l’évaluation de troisième degré du Comité Moneyval du Conseil de l’Europe », évaluation « relative à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme de la même manière que tous les autres Etats membres de l’Union européenne ».
Il évoque notamment le rapport de Moneyval fait à l’occasion, dans lequel le Saint-Siège a obtenu un « bon rapport de 9 recommandations « cruciales » réussies sur 16 ». En outre, souligne l’expert, « pour les évaluateurs de Moneyval, dans certains cas, le Saint-Siège a adopté une norme supérieure et plus sévère que celle requise par la directive ».
Suite à cette évaluation, ajoute-t-il, « le Vatican n’a pas été soumis à des mesures spéciales de surveillance pour blanchiment d’argent, ni par Moneyval, ni par aucun autre organisme international ».
En effet, précise M. Bruelhart, l’Assemblée plénière de Moneyval a estimé que le processus d’adaptation aux normes internationales était « satisfaisant et crédible », c’est-à-dire que son système de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme était « équivalent et reconnu au niveau international ».
« Aucun autre pays dans le monde n’a adopté des mesures similaires. Je répète donc que je suis vraiment surpris », insiste-t-il.
Collaboration étroite avec les autres pays
Enfin, affirme-t-il, « nous n’avons pas de problèmes avec d’autres pays européens mais au contraire, une collaboration étroite » : il cite des protocoles d’entente signés en 2012 avec la Belgique et l’Espagne, pour l’échange international d’informations, et des négociations en cours « avec plus de 20 pays ».
M. Bruelhart annonce également que le Vatican a entamé le processus pour entrer dans le «Groupe Egmont», le réseau international pour l’échange d’informations financières confidentielles, auquel participent plus de 130 pays.
Par ailleurs, l’organisme financier du Vatican a « d’excellentes relations » « étroites et directes avec les autorités compétentes des États-Unis », affirme-t-il.
Il fait également observer qu’il n’est pas juste de parler d’un « secteur bancaire » au Saint-Siège car l’Institut pour les Oeuvres de Religion (IOR) n’est pas « une institution privée ou bancaire ».
En ce sens, des mesures appropriées ont été adoptées pour « la vigilance, la prévention et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », tout ceci en tenant compte de « la nature particulière de l’État de la Cité du Vatican ».
« Le Saint-Siège s’engage à adopter des mesures supplémentaires dans les prochains mois, car comme vous le savez, la lutte contre le blanchiment d’argent est toujours un «travail en progrès» », conclut-il.