France : cinq mots à redécouvrir pour l'évangélisation

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Mgr Fisichella évoque Pauline Jaricot

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Mgr Fischella invite à « redécouvrir le sens de mots qui appartiennent à notre foi et qui ont disparu de notre langage », sans lesquels « la foi s’est affaiblie et a perdu sa force d’entrainement » : conversion, salut, joie, communion, grâce.

Mgr Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, est intervenu lors de la célébration qui a conclu l’année jubilaire du 150e anniversaire de la mort de Pauline Jaricot et du 50e anniversaire du décret reconnaissant le caractère « héroïque » de ses vertus humaines et chrétiennes, hier, 9 janvier 2013, à Lyon (cf. Zenit du 3 janvier 2013).

Il a proposé de redécouvrir cinq mots dont le sens s’est perdu aujourd’hui et qui sont nécessaires pour la vie de foi et pour la nouvelle évangélisation.

Le premier mot : la « conversion ». Pour l’archevêque, « l’exigence de changer de vie est liée à l’annonce de l’Evangile » car « croire en Jésus Fils de Dieu, c’est être conscient de devoir changer sa vie ».

Le deuxième terme est le « salut » : Mgr Fisichella constate que ce terme « semble avoir disparu de notre vocabulaire en ce qu’il indique un  état de besoin de la part de l’homme ». Or, fait-il observer, « quand on réfléchit sur sa liberté en reconnaissant les erreurs qu’elle a faites, on découvre la présence du mal et le besoin d’en être délivré ».

Dans ce contexte, le mystère du « salut » est le mystère « de l’amour trinitaire qui se révèle dans la libre obéissance de Jésus-Christ qui s’offre lui-même pour le salut de tous ». Le salut est donc « l’expérience d’un amour auquel on peut s’abandonner avec confiance », ajoute l’archevêque.

Le troisième terme est la « joie » : Mgr Fisichella souligne que « découvrir le sens d’une existence libérée conduit à la joie chrétienne », dont l’origine est « l’amour de Dieu qui brise le cercle de l’égoïsme, et donne d’accueillir la vérité sur soi comme invitation à l’amour des autres ».

« Pour le chrétien, la joie est constitutive de son rapport au monde et aux autres, comme témoignage de sa rencontre avec le Seigneur. C’est pourquoi nous devons faire disparaitre toute forme de tristesse de notre vie, puisque contraire à la volonté de Dieu. Celui qui est triste ne rend pas justice à l’Esprit Saint qui est « amour et joie » (Ga 5, 22) », ajoute-t-il.

Le quatrième terme est « communion ». Evoquer la communion, explique Mgr Fisichella, « c’est plonger au centre de notre foi qui est trinitaire » : « l’Eglise est construite sur la communion qui est la vie même de Dieu », ce qui signifie « que ce ne sont pas les paramètres humains qui interviennent en premier pour lire et comprendre la vie de foi ».

La « spiritualité de la communion » a des corollaires concrets : le chrétien doit avoir « la capacité d’être attentif à son frère dans la foi, pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde ».

Il doit aussi pouvoir « voir ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le valoriser comme un don de Dieu » et enfin « savoir « donner une place » à son frère, en portant « les fardeaux les uns des autres » (Ga 6,2) et en repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies ».    

Le dernier mot : la « grâce ». L’œuvre d’évangélisation « n’est pas d’abord celle des croyants, mais bien davantage le fruit de l’Esprit Saint », « premier artisan de l’évangélisation », rappelle l’archevêque.

C’est en effet l’Esprit-Saint qui « prépare à accueillir l’Évangile, façonnant le cœur et l’esprit pour l’écoute », qui « agit pour que les évangélisateurs trouvent les paroles justes et vraies pour inviter à la conversion, qui « continue de féconder la vie des uns et des autres, pour que l’Évangile porte du fruit ».

Parés de ce vocabulaire redécouvert, Mgr Fisichella encourage les baptisés au témoignage : mais, précise-t-il, « notre véritable agir consiste à proposer au monde un style de vie qui permettent d’atteindre le sens de l’existence, et ainsi, le salut ».

Le « défi » de l’évangélisation est de « proposer à une culture stérile qui semble n’avoir rien d’autre à dire que la violence et l’arrogance, qu’il existe une culture de l’amour qui donne vie et permet de se retrouver soi-même en pleine liberté », estime-t-il.

En un mot, il s’agit de devenir « saint » : « C’est en vivant ainsi que nos églises deviendront trop petites pour accueillir les croyants, pas autrement » car « seule une vie marquée par la sainteté est susceptible d’entrainer les autres à l’accueil de l’Evangile », conclut-il.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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