Défendre « la signification pleine et objective du mariage » contre « les tendances pseudo pastorales » qui ne favorisent pas « le bien de la personne et de la société » et perturbent la valeurs de la « famille naturelle », cela est un impératif pour l’Eglise, souligne le cardinal Giuseppe Versaldi, président de la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège.
Le cardinal Versaldi est aujourd’hui juge au Tribunal suprême de la Signature Apostolique, et l’une de ses fonctions est de veiller à la bonne administration de la justice par tous les tribunaux de l’Eglise.
Dans une intervention, mercredi matin 9 janvier, à la faculté de droit canonique de l’Université pontificale de la Sainte-Croix, à Rome, à l’occasion de la fête du saint patron des canonistes, Raymond de Penyafort, op, le cardinal italien a passé en revue les sept allocutions que le pape Benoît XVI a adressées aux Auditeurs du tribunal apostolique de la Rote romaine entre 2005-2012, traçant une sorte de « canevas logique » de son magistère sur la réelle « Capacité à se marier ».
La « culture relativiste et subjective » qui imprègne aujourd’hui la société a des conséquences « désastreuses » en particulier sur la natalité, en chute, et sur les divorces, en augmentation, révélant en même temps un « pessimisme anthropologique » qui renie « la réalité naturelle du mariage », sous prétexte, estime-t-elle, que « les chrétiens normaux » sont incapables d’assumer l’obligation d’un engagement définitif.
Il faut « mettre un frein » à cela, a-t-il souligné. Et dans ce cadre, ajoute-t-il, le magistère du pape offre une « vision doctrinale solide et complète ». On y trouve sa préoccupation « à corriger les nombreuses tendances » superficielles et partielles des normes juridiques qui, souvent décrochées « du contexte des autres sciences sacrées », se plient « à des instrumentalisations pseudo pastorales ».
L’action de l’Eglise, en effet, « ne peut faire abstraction de la vérité », a poursuivi le cardinal Versaldi, tout comme « la justice, la charité et la vérité » doivent cohabiter dans un « cercle vertueux », sans jamais perdre de vue que le but de l’activité juridique est aussi celui de « sauver les âmes ».
Pour prévenir la nullité du mariage, il est sans nul doute nécessaire d’investir davantage dans la préparation des fiancés au mariage, car à ce stade aussi, il y a « des aspects juridiques » (examen des époux, publications, autres enquêtes avant le mariage) qui peuvent permettre de « vérifier les intentions et la compréhension du sens de ce que les époux demandent de réaliser en célébrant des noces », même si ces aspects se réduisent souvent à de simples outils formels.
Le pape, a expliqué le cardinal Versaldi, par rapport « à une correcte et pleine vision anthropologique qui soit le fondement de la vérité juridique du mariage », affirme « que la capacité à assumer les obligations essentielles » de cette union, doit se mesurer « en relation avec la volonté efficace de chacun des contractants, qui rend possible et active cette réalisation dès le moment du pacte nuptial ». C’est donc « le consentement qui fait le mariage », alors que sa subsistance valable « ne dépend pas du comportement successif des conjoints au cours de leur vie matrimoniale ».
Cela dit, ajoute le cardinal, « il faut résister à la tentation de transformer les simples manquements des époux dans leur existence conjugale en défauts de consentement ». Il faut assumer aussi que « le droit au mariage est un droit naturel et divin » qui renvoie substantiellement à « la nature même de l’homme dès sa création », si bien qu’il n’est possible de le refuser qu’en cas d’une raison « grave », et donc d’une « anomalie, soit d’une exception », comme l’avait déjà souligné Jean Paul II dans son Instruction Dignitas connubii.
Le pape met en garde aussi contre le danger, pour les Tribunaux ecclésiastiques, de former des « jurisprudences locales » qui s’écarteraient de plus en plus de l’interprétation commune des lois positives, voire même de la doctrine de l’Eglise sur le mariage », et il réaffirme par conséquent la nécessité de rendre « uniforme et sûre l’application de la loi », en évitant de donner « un caractère arbitraire à des critères subjectifs ».
Pour sa part l’Eglise, « Mère et Maîtresse », dans le cas d’un refus de déclarer « nul » un mariage, prend soin des époux en crise, mettant à leur disposition des « moyens naturels et surnaturels », leur suggérant par exemple de reprendre « la pratique d’une authentique et profonde spiritualité conjugale » et, là où cela est nécessaire, d’avoir « recours à l’aide psychologique » à travers des centres de consultation familiale « de bonne inspiration chrétienne », a conclu le cardinal Versaldi.
Traduction d’Océane le Gall