Propos recueillis par Anita Bourdin
ROME, lundi 27 août 2012 (ZENIT.org) – Le charisme des religieuses de l’Assomption naît de la « passion pour le Christ » de la fondatrice, sainte Marie Eugénie : « unifiée par la contemplation, la passion pour le Christ et pour l’homme qui habite le cœur d’une sœur de l’Assomption devient capacité d’amour », souligne Sœur Martine Tapsoba.
Nous publions la troisième et dernière partie de l’entretien de Sœur Martine Tapsoba, du Burkina Faso, Supérieure générale de la congrégation des Religieuses de l’Assomption, avec Zenit (cf. Zenit du 23 août 2012 pour la première partie et Zenit du 24 août 2012 pour la deuxième partie).
Zenit – Comment caractériseriez-vous le charisme de l’Assomption, comment le présenter aux jeunes ?
Sœur Martine Tapsoba – C’est un charisme qui naît d’une passion ! La passion de sainte Marie Eugénie pour le Christ ! Elle est marquée par mystère de l’Incarnation qui la rend attentive aux personnes et au monde, « lieu de gloire pour Dieu ». Pour la congrégation qu’elle a fondée, elle a voulu, envers et contre tout, une forte vie de prière personnelle et liturgique, appuyée sur une vie de communauté simple et fraternelle, orientée vers la mission d’éducation. Le charisme de l’Assomption repose donc sur le trépied de la communauté, de la mission et de la prière. Il est teinté d’espérance, de joie et de liberté. Unifiée par la contemplation, la passion pour le Christ et pour l’homme qui habite le cœur d’une sœur de l’Assomption devient capacité d’amour. En contemplant ainsi le monde et les personnes, on consent à les voir à la lumière de l’Evangile. Comme Marie Eugénie, nous sommes alors conduites à agir avec détermination pour restaurer les personnes dans leur dignité première et à travailler pour que vienne le Règne de Dieu en ce monde. Aujourd’hui, les aspects concrets de cette mission sont aussi riches et variés que les 32 pays où se trouve la congrégation, avec une attention particulière aux jeunes, aux migrants et à l’écologie, comme le soulignent les orientations du chapitre que j’ai citées au début. Partout, il s’agit d’accompagner les personnes et les peuples pour leur permettre de vivre une « transformation », pour qu’ils puissent être ce qu’ils sont « avec le plus de plénitude possible », en laissant à chacun la couleur de sa grâce particulière. La liberté, la joie, le sens de la communauté et l’exigence d’une vie intérieure solide rejoignent la soif des jeunes, dans un monde où les repères viennent à manquer. L’appel à donner le meilleur de soi et à vivre en « communion de destin » avec l’humanité entière, en internationalité, réveille leur générosité et leur goût de la rencontre, qui prennent une dimension nouvelle dans le contexte de la mondialisation.
Vos sœurs africaines ont été éprouvées au Rwanda ou au Congo, notamment: comment s’exprime dans ces circonstances la solidarité de toute une congrégation avec vos sœurs et avec la population?
La solidarité de la Congrégation dans les épreuves vécues par nos sœurs du Rwanda a été manifestée par la prière de tout le Corps-Congrégation répandu à travers le monde, ainsi que par la compassion, l’intérêt, le souci de les sortir du danger, au moins pour un temps, et l’accueil par toute la Congrégation, le partage et le soutien à tous les niveaux…
Nos sœurs du Congo aussi ont connu des difficultés d’un autre ordre, et nous manifestons le même intérêt pour ce qui se passe dans leur pays, nous prions pour la paix chez elles et dans tous nos pays qui souffrent des violences de toutes sortes, nous partageons les soucis qui sont les leurs et leurs préoccupations pour les populations qu’elles servent avec dévouement à travers l’éducation des jeunes filles ; nous espérons un avenir meilleur pour elles et leur famille… Il y a bien d’autres pays où nos sœurs ont partagé les souffrances de leurs peuples, comme au Tchad en 2008, en Amérique Centrale (Guatemala, El Salvador, Nicaragua qui ont connu à tour de rôle de grandes inondations), en Côte-d’Ivoire en 2010-2011, aux Philippines régulièrement inondées, mais aussi au Japon, il y a toute juste un an, etc. Chaque fois, c’est le même intérêt, la même prière, et un déploiement spontané de tout ce qui peut être fait pour les aider. Cette année, c’est la famine dans certaines régions du Niger et du Burkina Faso, situations aggravées par les problèmes qui se passent au Mali et qui occasionnent le déplacement des populations vers les pays voisins, etc. De fait, il y a toujours un membre du Corps qui souffre et d’autres, qui sont là pour le soutenir…
Votre mission embrasse maintenant tous les continents: comment avez-vous accueilli l’élection? Comment accomplir votre mission, « garder le contact » avec le terrain?
J’ai accueilli mon élection comme un signe de la confiance de mes sœurs. Elles ont vu, senti, que je suis celle qui peut marcher avec elles et les accompagner comme Supérieure Générale, en cette étape de la vie de notre famille religieuse, dans la situation historique que nous vivons aujourd’hui, avec l’aide des Conseillères Générales qu’elles m’ont données. J’ai accueilli ce choix comme une invitation à aimer davantage, un appel à un plus grand don de ma personne, une « chance » de continuer à déployer mes potentialités au service de tous et de toutes.
Notre mission, est une mission de gouvernement et d’animation de la Congrégation. Le Chapitre Général nous a confié les Orientations que je vous ai partagées plus haut. Cela nécessite des prises de décisions et des pas concrets pour que croisse la vie dans nos communautés et à travers la mission. Il y a la dimension très importante de la formation, à travers des sessions internationales à organiser et animer. L’accompagnement des sœurs, lors des sessions à la Maison Généralice ou dans les différentes rencontres, permet d’approcher la réalité par le versant de la relecture et de la vie intérieure. L’information régulière que nous donnent les communautés et les Provinciales nous met au courant du vécu. Et puis, une partie très importante de notre travail qui prendra la moitié de notre temps, consistera à visiter les sœurs dans les 32 pays des 17 Provinces et où nous avons des communautés. A travers ces visites, nous allons à la rencontre de nos sœurs sur le terrain, nous goûtons un peu de leurs réalités. Le partage qu’elles font de leur vie et de leur mission, les rencontres qu’elles nous permettent de faire, tout cela nous aide à nous rendre compte de ce qui se vit concrètement. Nous devons nous assurer qu’elles mettent en œuvre les orientations de la Congrégation, celles que nous avons choisies en réponse aux besoins de notre temps, dans la fidélité à l’esprit de Marie Eugénie notre Fondatrice, et au charisme qu’elle nous a légué. Sur ce plan, je pense que nous n’aurons pas beaucoup à leur apprendre. La Congrégation marche dans la bonne direction je crois. Mais notre présence peut les encourager, les stimuler dans leur vie religieuse, favoriser et fortifier la communion entre nous, en Congrégation.