ROME, lundi 9 juillet 2012 (ZENIT.org) –  Le « dynamisme missionnaire » ne vit que « s’il y a la joie de l’Evangile, si nous faisons l’expérience du bien qui vient de Dieu et qui doit et veut se communiquer », déclare Benoît XVI.

Le pape a effectué ce lundi matin, 9 juillet, une visite privée au centre « Ad gentes » de la Société du Verbe Divin, à Nemi, à une dizaine de kilomètres de sa résidence d’été de Castelgandolfo.

C’est dans ce centre qu’a travaillé, en 1965, une commission du concile Vatican III chargée d’élaborer le décret « Ad gentes » sur la mission de l’Eglise, et l’abbé Joseph Ratzinger y a participé en tant qu’expert. C’est peut-être une clef de ce que le pape entend par Nouvelle évangélisation.

Arrivé à 11h45, le pape a été accueilli par le supérieur général élu mardi dernier par le chapitre des Verbites, le P. Heinz Kulüke, par le P. Antonio Pernia, supérieur général, et le procureur général, le P. Giancarlo Girardi.

Après un moment de prière dans la chapelle avec les 150 participants du chapitre général des Verbites, Benoît XVI a prononcé une brève allocution avant de regagner sa résidence d'été vers 12h15.

Allocution de Benoît XVI en italien :

Je suis vraiment reconnaissant pour cette possibilité de revoir, 47 ans après, cette maison de Nemi. J’en avais un très beau souvenir, peut-être le plus beau de tout le concile. J’habitais au centre de Rome, au Collège Santa Maria dell’Anima, avec tout le bruit : tout cela aussi est beau ! Mais être ici, dans la verdure, avoir cette respiration de la nature, et aussi cette fraîcheur de l’air, c’était déjà en soi une belle chose. Et puis il y avait la compagnie de tant de grands théologiens, avec la tâche si importante et belle de préparer un décret sur la mission.

Je me souviens surtout du [Père] général de cette époque, le P. Schütte, qui avait souffert en Chine: il avait été condamné et expulsé. Il était plein de dynamisme missionnaire, de la nécessité de donner un nouvel élan à l’esprit missionnaire. Et il y avait moi, un théologien sans grande importance, très jeune, invité je ne sais pourquoi. Mais c’était un grand don pour moi.

Puis il y avait Fulton Sheen, qui nous fascinait le soir par ses discours, le Père Congar, et les grands missiologues de Louvain. Pour moi ce fut un enrichissement spirituel, un grand don. C’était un décret sans grandes controverses. Il y avait une controverse que je n’ai jamais comprise entre l’école de Louvain et l’école de Münster : le but principal de la mission est-ce l’implantation de l’Eglise ou l’annonce de l’Evangile ? Mais tout convergeait vers un unique dynamisme : la nécessité d’apporter la lumière de la Parole de Dieu, la lumière de l’amour de Dieu dans le monde, et de donner une joie nouvelle pour cette annonce.

Et c’est ainsi qu’est né en ces jours-là un décret beau et bon, accepté quasi à l’unanimité par tous les pères conciliaires, et pour moi c’est aussi un très bon complément de Lumen Gentium, parce qu’ nous y trouvons une ecclésiologie trinitaire, qui part surtout de l’idée classique du bonum diffusivum sui : le bien qui a la nécessité interne de se communiquer, de se donner. Il ne peut demeurer en lui-même, la chose bonne, la bonté même est essentiellement communicatio. Et cela apparaît déjà dans le mystère trinitaire, à l’intérieur de Dieu, et il se diffuse dans l’histoire du salut et dans notre nécessité de donner aux autres le bien que nous avons reçu.

Ainsi, avec ces souvenirs, j’ai souvent pensé à ces jours de Nemi qui sont pour moi, comme je l’ai dit, une partie essentielle de l’expérience du concile. Et je suis heureux de voir que votre Société est florissante : le Père général a parlé de six mille membres dans de nombreux pays, tant de nations. Clairement, le dynamisme missionnaire vit, et ne vit que s'il y a la joie de l’Evangile, si nous faisons l’expérience du bien qui vient de Dieu et qui doit et veut se communiquer. Merci de votre dynamisme. Je vous souhaite pour ce chapitre toutes les bénédictions du Seigneur, beaucoup d’inspiration : que les forces inspiratrices de l’Esprit Saint qui nous ont accompagnés en ces jours-là d’une façon quasi visible soient de nouveau présentes au milieu de vous et vous aident à trouver le chemin pour votre Compagnie, pour la mission de l’Evangile ad gentes pour les prochaines années. Merci à vous tous, que le Seigneur vous bénisse. Priez pour moi, comme moi je prie pour vous. Merci !

© Liberia Editrice Vaticana

Traduction de Zenit, Anita Bourdin