Anita Bourdin
ROME, mardi 31 juillet 2012 (ZENIT.org) – Le 19e anniversaire du décès du roi Baudouin Ier, roi des Belges, offre l’occasion de revenir sur l’hommage que lui a rendu le pape Jean Paul II qui a reconnu en lui « un dévouement vraiment évangélique ».
Le Roi Baudouin s’est éteint le 31 juillet 1993 en Espagne. L’anniversaire a été marqué ce mardi matin 31 juillet 2012 par la célébration de l’eucharistie en sa mémoire en l’église Notre-Dame de Laeken, présidée par le curé Guido Vandeperre. Et la Crypte royale où il repose a été ouverte de 10 heures à 17 heures.
Un dévouement évangélique
Le bienheureux Jean-Paul II lui avait rendu hommage à son arrivée en Belgique, le 3 juin 1995, sur le tarmac de l’aéroport de Melsbrouck de Bruxelles, en disant au roi Albert II: « Sire, voici dix ans, c’est votre frère, le Roi Baudouin, qui m’accueillait en Belgique. A mon arrivée, je tiens à rendre hommage à sa mémoire, me souvenant des rencontres personnelles que j’ai eues avec lui, comme de l’estime et de l’affection que lui portaient les Belges et d’innombrables personnes bien au-delà de vos frontières. Je salue en lui le chrétien qui, très uni à la Reine Fabiola, sut servir ses compatriotes avec un dévouement vraiment évangélique ».
Lors de la prière mariale du Regina Coeli du 4 juin 1995 à Bruxelles, Jean-Paul II lui rendait à nouveau un hommage appuyé, soulignant combien il a mené une vie « exemplaire » notamment par son engagement en faveur de toute vie humaine : « Nous te remercions aussi, Mère de la Grâce divine, pour le Roi Baudouin, pour sa foi inébranlable, pour l’exemple de vie qu’il a laіssé ses compatriotes et à toute l’Europe. Nous te remercions pour sa force dans la défense des droits de Dieu et des droits de l’homme, et spécialement du droit à la vie de l’enfant à naître. J’ai eu la joie de connaître la profondeur de l’esprit du Roi Baudouin, son exceptionnelle et ardente piété christocentrique et en même temps mariale. Comment ne pas remercier l’Esprit Saint pour ce qu’il a fait dans l’âme du Roi défunt? Quel grand exemple il nous laisse! Quel grand exemple il laisse à ses concitoyens! »
Visite à Laeken
Plus encore, Jean-Paul II avait souhaité effectuer une visite privée sur la tombe du roi défunt : il descendit dans la crypte royale de Laeken avec la reine Fabiola et quatre personne de sa suite, le cardinal Godfried Danneels, alors archevêque de Malines-Bruxelles, son secrétaire d’Etat, le cardinal Angelo Sodano, le nonce apostolique à Bruxelles, Mgr Luigi Moretti, et le responsable des voyages du pape, le P. Roberto Tucci, s.j., plus tard cardinal. Jean-Paul II a également rencontré brièvement des personnes qui avaient soigné le roi à la fin de sa vie : un moment émouvant.
La foule avait applaudi à tout rompre les propos du pape, interprétant son jugement comme un encouragement à lancer la cause de béatification.
Mais il semble qu’aujourd’hui, aucune procédure officielle ne soit en cours. La balle est dans el camp des fidèles : pour qu’une cause soit ouverte il faut un mouvement populaire durable, selon l’adage vox populi vox Dei !
C’est donc dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1993 que la Belgique a appris le décès du roi Baudouin à Motril en Espagne : il régnait sur le pays depuis 1951 et la plupart des Belges n’avait connu que lui comme roi.
Proche, accessible, à l’écoute, jusqu’au bout, il avait multiplié les rencontres avec des personnes défavorisées : dans un « resto du coeur », pour combattre la prostitution et la traite des êtres humains, chez les éboueurs de Bruxelles-Propreté ou encore par un simple trajet en métro à Bruxelles.
La foule lui a rendu un premier hommage tout le long du trajet lors du retour de sa dépouille par avion à l’aéroport de Melsbrouck dans la nuit du 1er au 2 août 1993, entre Melsbrouck et le château de Laeken.
Deuxième hommage lors du transfert entre le château de Laeken et la Palais royal de Bruxelles avec une halte au Monument du Soldat inconnu.
Au Palais Royal de Bruxelles de longues files d’une attente de parfois 10 heures se formèrent pour venir lui dire adieu. Les fleurs sont si nombreuses que les scouts prennent l’initiative de dessiner un immense B fleuri devant le palais. La rétrospective quotidienne de la vie du roi à la télévision, dans toute la presse, semble plonger le pays dans une véritable retraite.
Des funérailles inoubliables
Et le jour des funérailles, le 7 août, la reine Fabiola était vêtue de blanc, couleur du baptême et de la résurrection. Entourée de son beau-frère Albert – aujourd’hui, el roi Albert II – et de sa belle-soeur Joséphine-Charlotte, elle présida à pied le cortège funèbre jusqu’à la cathédrale Saint-Michel Sainte-Gudule, accompagnée de la famille royale et des invités royaux comme les souverains espagnols, fait rarissime, l’empereur et l’impératrice du Japon, le roi et la reine de Suède, la Famille grand-ducale, le prince Victor-Emmanuel et la princesse Marina de Savoie, la reine de Danemark et le prince Henrik, les princes de Liechtenstein…
Dans la cathédrale, d’autres nombreuses personnalités étaient venues rendre un dernier hommage au roi des Belges, dont le président français François Mitterrand, le prince Rainier de Monaco, la reine Elizabeth II d’Angleterre – autre signe extraordinaire – et le duc d’Edimbourg, le Grand Maître de l’Ordre de Malte, la présidente d’Irlande, un musulman, le prince du Maroc, le président italien Oscar Luigi Scalfaro.
Après l’homélie du cardinal Godfrid Danneels, alors archevêque de malines-Bruxelles, des personnes aidées par le défunt roi et sa fondation témoignèrent pendant la célébration: Chris De Stoop, que le roi avait rencontré, auteur d’un livre – « Elles sont si gentilles, monsieur » – sur la traite des femmes, et Luz, une jeune femme des Philippines, sortie de l’esclavage grâce à l’aide de la fondation Roi Baudoin – la gorge nouée elle fit lire son témoignage -, Nathan Clumek, professeur à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, au service des malades du sida.
Lors de la prière du Notre Père, la reine a saisi la main de ses voisins de droite et de gauche pour le dire ensemble, provoquant une grande émotion.
La foule pouvait suivre la célébration grâce à un écran géant installé sur la Grand Place. Elle a ensuite accompagné son roi sur le chemin de l’église Notre-Dame de Laeken où undernier office religieux a été célébré. Après « La Brabançonne », l’hymne national, la dépouille du roi Baudouin pris place dans la crypte.