Anne Kurian
ROME, lundi 30 juillet 2012 (ZENIT.org) – Les évêques suisses précisent le comportement chrétien face à l’argent, rappelant qu’il doit être « au service de l’homme » et que l’homme doit l’utiliser de façon « responsable ».
A l’occasion du 1er août 2012, fête nationale suisse, Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall et vice-président de la Conférence épiscopale, publie un message au nom des évêques du pays.
« L’argent est au service de l’homme, et non pas l’homme un esclave de l’argent » : c’est l’affirmation qui parcourt le document. Les évêques proposent de vivre le 1er août comme une occasion de « donner un tel sens à notre comportement face à l’argent, et mettre ainsi en place un fondement solide en vue d’une nouvelle forme de confiance ».
Mgr Büchel se demande notamment « Quel rapport avec l’argent est-il considéré comme responsable et correct, d’un point de vue chrétien ? »
Le comportement chrétien
S’il est « tout à fait compréhensible de vouloir gagner de l’argent », pour « acquérir un certain confort », il y a cependant des « limites », souligne le texte. Une des limites est de « ne pas chercher une prospérité démesurée », précise-t-il.
Qu’est-ce que cette « prospérité démesurée » ? C’est d’abord « ne pas succomber à la tentation de vivre au-dessus de ses moyens », tentation qui peut entrainer dans « la spirale funeste de l’endettement ».
Mgr Büchel invite au contraire à se contenter de « posséder suffisamment » : c’est un « art » qu’il faut « apprendre à exercer à nouveau dans nos pays riches et industrialisés », estime-t-il.
La « prospérité démesurée », c’est aussi penser aux autres, « s’engager pour une juste répartition des moyens financiers ». Le chrétien ne peut pas « rester sur la réserve dans l’engagement pour les nécessiteux, pour les personnes sans perspectives d’avenir, pour les sans-emploi, pour ceux qui se trouvent dans les marges de la société », insiste le texte.
En outre, il est « fondamental de savoir pour quelle activité commerciale un capital est investi ». Pour cela, avant de placer son argent, le chrétien doit se poser les questions : « cette entreprise favorise-t-elle des conditions de production équitables? Veille-t-elle au respect des ressources naturelles? Respecte-t-elle les droits humains, la dignité de celui qui travaille? »
Pour Mgr Büchel, « toutes celles et tous ceux qui placent leur argent portent une part de responsabilité ».
Le chrétien a également la responsabilité de « ne pas investir son argent dans des opérations commerciales à risque trop élevé » et de ne pas investir en « provoquant le malheur d’autres personnes ».
Appel aux responsables
Mgr Büchel fait observer qu’aujourd’hui « la confiance en la politique, les banques et les autres institutions financières est en train de décliner » : les hommes sont préoccupés par les « crise financière, crise des devises, crise de l’économie mondiale » et les experts internationaux « ne peuvent plus exclure que même l’ensemble de notre système financier puisse s’écrouler ».
Or, poursuit l’évêque, « la confiance est essentielle dans le domaine de la finance » : le système financier et l’économie « ne peuvent pas fonctionner » sans elle. D’ailleurs, « la confiance constitue la base de toute forme de relation entre les personnes », ajoute-t-il.
Il exhorte donc à « trouver d’urgence des moyens et des chemins en vue de réajuster ce dangereux déséquilibre », rappelant que « l’argent remplit une fonction essentielle dans la vie de tous les jours ».
Il appelle en ce sens « toutes les politiciennes et tous les politiciens, ainsi que toutes les personnes qui portent une responsabilité dans le monde de la finance », à s’engager « en vue d’opérer les changements nécessaires ».
Par ailleurs, la confiance « ne se porte pas seulement sur le travail des hommes », mais aussi « vers le futur avec un sentiment de profonde confiance en Dieu », conclut Mgr Büchel.