L'aumônier aux JO: une présence amie au milieu des athlètes

Une idée italienne adoptée par différents pays

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Traduction d’Océane Le Gall

ROME, jeudi 26 juillet 2012 (ZENIT.org) – Dans le monde du sport reste assez marqué par la superstition, fait observer l’aumônier italien qui accompagne son équipe olympique nationale, mais justement un aumônier peut aider à l’éviter : les athlètes arrivent ainsi à comprendre que le prêtre n’est pas un porte-bonheur, mais une présence amie.

En termes d’approche religieuse, ajoute-t-il, le sport est un terrain fertile, parce qu’il est une métaphore de l’existence même. Un espace qui, pour le prêtre, devient paroisse ou oratoire, et où son image devient très appréciée, la multiplicité des situations l’amenant à nouer des relations différenciées.

L’aumônier des « Azzuri », l’équipe nationale italienne, Mario Lusek, déjà à Londres dans l’attente des Jeux olympiques qui, dans l’édition de cette année, accueillera 26 sports, répartis dans 35 disciplines et explique ce qu’implique son rôle.

ZENIT – Père Lusek, comment est né ce choix d’envoyer un aumônier aux jeux olympiques?

P. Lusek – Le choix du Comité olympique italien d’envoyer un aumônier remonte aux Jeux olympiques de Séoul, donc un choix de longue date, que l’Italie a été la première à faire et dont le mérite revient au président Giovanni Petrucci. Cette présence est importante au plan de l’accompagnement, de la proximité, de l’attention que l’Eglise accorde au monde des sportifs. Mon prédécesseur, Don Carlo a fait cinq Jeux olympiques, pour moi ceux-ci sont les troisièmes, avec ceux d’hiver.

Quel est le rôle de l’aumônier?

Même s’il existe un centre multireligieux dans le village olympique pour les confessions chrétiennes et les religions les plus répandues, la figure de l’aumônier italien est originale car elle se trouve à l’intérieur d’une structure qui réunit tous les athlètes, qui  montre cette proximité entre le monde de l’Eglise et le monde du sport.

De qui dépend un aumônier des Jeux olympiques?

Ma fonction d’aumônier vient du fait que je suis directeur du Bureau pastoral chargé des loisirs, du tourisme et du sport, il y a donc un rapport institutionnel entre l’Eglise italienne et le monde du sport en tant que tel. Nous promouvons aussi, à travers l’associationnisme d’inspiration chrétienne une présence capillaire dans l’Eglise, dans les paroisses, les patronages, et centres d’agrégation, où la présence y est historique.

Il y a déjà eu des célébrations ?

Avec notre délégation, dimanche dernier, nous avons célébré une messe en l’église des Italiens à Londres, en présence du nonce apostolique, Mgr Antonio Mennini. Ce fut une belle expérience religieuse. Le cardinal Bagnasco [président de la Conférence épiscopale italienne, ndlr] nous a adressé un message spécial et le 30 jullet il y aura une célébration en l’abbaye de Westminster pour tous les membres catholiques.

Les équipes des autres pays ont-elles leur aumônier?

Certains pays, après l’expérience italienne, se sont organisés comme par exemple la Pologne, l’Autriche, l’Allemagne, mais aussi l’Angleterre vu que c’est un évènement qui se joue « chez eux ».

Comment un athlète vit-il son rapport à Dieu quand il doit donner le meilleur de lui-même dans une compétition sportive?

Nous vivons une expérience particulière car il y a des milliers d’athlètes. Le contingent italien compte plus de 300 personnes, avec une culture et une expérience surement différenciée. En termes d’approche religieuse, le sport est un terrain fertile, car il est une métaphore de l’existence. L’esprit de compétition sportif et l’esprit de compétition spirituel peuvent coïncider comme perspective existentielle. D’ailleurs le sport prédispose à l’effort, à l’engagement, à la responsabilité et, pour un esprit de compétition de nature spirituelle, cela est très important. Un bien pour l’unité de la personne.

Donc vous travaillez à l’intérieur du village olympique…

Je considère le village olympique comme un espace paroissial ou un oratoire, où personne n’est indifférent à la figure du prêtre, une figure très appréciée et accueillie mais où la multiplicité des situations conduit à des rapports différenciés. On rencontre donc des personnes qui sont en demande, participent à la messe, d’autres au contraire qui restent sur des relations humaines informelles, de dialogue et de discussion, où il n’existe ni hostilité ni risque pour la présence du prêtre. Et ceci est déjà un facteur important qui favorise cette proximité,  qui montre que l’Eglise participe au phénomène, qu’elle n’est pas hostile et veut accompagner.

Y a-t-il eu des cas de conversion, ou des faits particuliers?

Il y a des inquiétudes intérieures qui se manifestent sous forme de questionnements et recherches. Des conversions subites sûrement pas, mais de la recherche, des échanges sûrement, et à des moments ou en des lieux incroyables. D’ailleurs ce n’est pas l’Eglise qui fait  ces Jeux : nous sommes invités et l’on vit cette expérience dans une attitude de disponibilité et d’attention. Nous mettons au centre la personne, et avec la personne nous conversons en profondeur, en respectant aussi  les situations difficiles que certains sont peut-être en train de vivre.

Quel est le profil de l’athlète?

N’oublions pas que la plupart des athlètes sont jeunes et vivent leur expérience avec toutes les tensions propres à leur âge. Donc avons donc des jeunes inquiets, des jeunes en recherche, sur lesquels tous les regards du monde sont posés et dont on attend le mieux. Pour un jeune, c’est source de tension, d’angoisse et inquiétude. Et quand le succès arrive, c’est la délivrance. Mais quand la fatigue augmente, on peut voir certain malaise s’accentuer.

Mais dans le monde du sport, est-il clair pour le jeune athlète que le facteur religieux n’est pas un porte-bonheur?

Dans le monde du sport, la dimension superstitieuse est très présente, mais nous cherchons à éviter cela en étant proche des personnes, et celles-ci comprennent alors que les raisons de cette proximité n’ont rien à voir avec un porte-bonheur, que le prêtre est une présence amie qui encourage et qui vit la même expérience que les hommes du village.

Cela veut-il dire que l’aumônier aussi d’une certaine façon vite cette expérience sportive?

Oui, il s’enthousiasme, se passionne, partage les joies des victoires et reste déçu devant une défaite subie. L’important est de comprendre que la défaite est une manière pour recommencer, et que la personne qui a perdu n’est pas un perdant.

Et le fait que certains fassent un signe de croix avant de commencer?

En général ils ne le font pas par superstition, mais comme témoignage de leur foi, et ceci se transforme en témoignage public. Donc je suis favorable.

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ZENIT Staff

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