Rafle du Vel' d'Hiv': L'Osservatore Romano se souvient

Yad Vashem grave à nouveau la médaille du card. Saliège

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Anita Bourdin

ROME, lundi 16 juillet 2012 (ZENIT.org) – C’est aujourd’hui et demain le 70e anniversaire tragique de l’arrestation des Juifs de France lors de la Rafle du Vel’ d’Hiv, à Paris, sous l’Occupation du IIIe Reich : 13.152 Juifs étrangers réfugiés en France ont été arrêtés, les 16 et 17 juillet 1942, par quelque 4.000 policiers français.

Ils ont été rassemblés au « Vélodrome d’hiver », sans aucune commodité, qui est devenu rapidement un enfer: manque d’hygiène, manque de soins médicaux, de nourriture et de boisson.

L’Osservatore Romano en italien du 13 juillet a mentionné cet anniversaire en même temps que l’hommage rendu par Yad Vashem au cardinal français Saliège – archevêque de Toulouse de 1928 à 1956 – Juste parmi les Nations, sous le titre : « Soixante dix ans après la rafle nazie à Paris. Yad Vashem honore le courage de l’archevêque Saliège”.

En France, la commémoration a débuté ce lundi 16 juillet 2012 à Drancy. Une cérémonie a eu lieu à partir de 11h à la cité de la Muette, devant l’ancien camp d’internement d’où furent déportés vers les camps d’extermination des milliers de Juifs, victimes notamment de cette grande rafle.

Le quotidien de la Cité du Vatican souligne qu’il s’agit que la plus grande arrestation en masse des juifs pendant la seconde guerre mondiale en France.

A cette occasion, à Jérusalem, le Mémorial de la Shoah de Yad Vashem a gravé une nouvelle médaille des justes : la précédente avait remise en 1969, à titre posthume, à la famille de l’archevêque de Toulouse, le cardinal Jules-Gérard Saliège, pour son action en faveur des juifs pendant la seconde guerre mondiale.

En août 1942, le cardinal Saliège a adressé à ses diocésains une lettre pastorale fameuse, que mentionne L’OR, leur demandant de ne pas oublier que “tous les juifs sont nos frères”. Le régime de Vichy a interdit la publication de cette lettre, ce qui a contribué… à sa diffusion!

La lettre, lue dans les églises du diocèse, disait notamment : « Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.

Pourquoi le droit d’asile dans nos Eglises n’existe-t-il plus ?Pourquoi sommes-nous des vaincus ? Seigneur, ayez pitié de nous. Notre-Dame, priez pour la France.

Dans notre Diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier. »

Sylvie Bernay, auteur de “L’Eglise de France face à la persécution des juifs, 1940-1944” (CNRS Editions, 2012), a confié récemment à Zenit ce souvenir personnel du cardinal Saliège: “Je relisais récemment les lettres que ma grande tante adressait à ma grand-mère pendant l’Occupation. Elle habitait en zone interdite. Les lettres de cette vieille dame sont marquées par l’obsession du froid et de la faim. Proche du dénuement, elle continuait son travail d’infirmière auprès des gens de son village. On vivait dans un univers très cloisonné à cause de la surveillance policière et du découpage du pays imposé par la ligne de démarcation. En Corrèze, située dans l’ancienne zone libre, mon grand-père a entendu la protestation de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse. Les réseaux de résistance et les radios alliées ont donné beaucoup de publicité à son message. Beaucoup d’historiens s’accordent à dire que les protestations épiscopales de l’été 1942 ont retourné l’opinion publique des Français et les ont encouragés à sauver les proscrits”.

L’OR souligne que la médaille des Justes du cardinal Saliège a fait son entrée  mardi dernier 10 juillet dans la collection du Musée de la Légion d’honneur à Paris, à l’initiative du général Jean-Louis Georgelin et de Anne de Chefdebien, conservatrice du musée.

La médaille du cardinal Saliège était considérée comme perdue. Après trois ans de recherches sans succès, le musée a obtenu que la médaille de Juste soit gravée de nouveau, et mardi 10 juillet l’ambassadeur d’Israël Yossi Gal l’a remise au musée. Elle est désormais exposée à côté de la Croix de la Libération de l’archevêque de Toulouse, et à sa médaille de la Légion d’honneur: il s’agissait en effet de réunir les trois récompenses.

Les Justes parmi les Nations de France reconnus jusqu’à présent sont au nombre de 3643. Les derniers sont Louis et Fernande Saulnier, honorés le 15 juillet 2012 (Cher, Centre). Les prochains seront Louis et Jeanne Bieber (Bas-Rhin, Alsace), indique le site de Yad Vashem-France.

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ZENIT Staff

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