Anne Kurian
ROME, lundi 9 juillet 2012 (ZENIT.org) – « La théologie catholique doit trouver une réponse dans ses propres sources », déclare Mgr Gerhard Ludwig Müller, nouveau préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans l’édition du 6 juillet 2012 du quotidien bavarois « Mittelbayerische ».
Mgr Müller, qui confie avoir appris sa nomination le 16 mai, logera à Rome dans l’appartement que Benoît XVI habitait lorsqu’il était lui-même préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi : « Même les livres sont encore là », précise l’archevêque, qui explique qu’« ils seront rendus disponibles, selon les volontés du pape, pour l’Institut Benoît à Ratisbonne, qui publie les travaux de Joseph Ratzinger ».
Bien que Mgr Müller, qui était jusqu’ici évêque de Ratisbonne, se dise heureux de sa culture – restant même fidèle au club de football « SSV Jahn Ratisbonne » – il se réjouit de travailler désormais avec « 15 nations » différentes, faisant ainsi l’expérience de « l’Eglise du monde ».
Celui qui est présenté parfois comme un « libéral » dans son pays, accepte le qualificatif en citant saint Thomas d’Aquin : « Deus maxime liberalis est – Dieu est le plus grand libéral ». Dans le sens général, explique-t-il, la « liberalitas » signifie la générosité … dans ce sens-là, j’aime être un libéral ».
Théologie de la libération
Revenant sur ses affinités avec la théologie de la libération – comme étudiant et ami du P. Gustavo Gutierrez, le « père » de cette théologie – Mgr Müller souligne que la foi catholique est inséparable de « la responsabilité pour le monde, de l’amour du pauvre ». C’est pourquoi « toute théologie chrétienne a quelque chose à voir avec la liberté de l’homme ».
Pour Mgr Müller, devant « la misère et l’injustice flagrante » vécue en Amérique du sud, l’attitude du chrétien est une « question de théologie » : « Nous ne pouvons pas, insiste-t-il, passer notre chemin avec un pieux froncement des sourcils », car « foi et bonne action vont de pair ».
Le nouveau préfet se dit en « accord total » avec Benoît XVI, qui n’a d’ailleurs pas « remis entièrement en question la théologie de la libération », mais « seulement certains aspects » que l’archevêque partage.
Il souligne que la théologie de la libération ne peut être « un mélange douteux de communisme et de foi catholique ». La théologie catholique, explique-t-il, « doit trouver une réponse dans ses propres sources ». D’ailleurs, « l’enseignement social de l’Eglise catholique a montré qu’il était bien supérieur aux analyses marxistes ».
Il s’agit de ne pas cautionner « une société divisée entre les riches et les pauvres, et dans laquelle l’un a accès à l’éducation, et pas l’autre ». Pour l’archevêque, « employés et employeurs ne doivent pas agir les uns contre les autres, comme des groupes d’intérêt mais ils doivent tous être engagés pour le bien commun ».
Communion des divorcés-remariés
Revenant par ailleurs sur la question de la communion pour les divorcés-remariés, très discutée en Allemagne, Mgr Müller se dit à nouveau en accord avec le pape: « Un mariage valide entre chrétiens est indissoluble, et inclut la promesse d’une fidélité pour la vie ».
En outre, il serait faux de croire que « si l’on ne peut pas aller communier, on n’est rien dans l’Eglise », ajoute-t-il. En effet, on peut être « investi dans la célébration de la messe », engagé dans le « mystère salvifique de Jésus Christ », et ce même sans communier.
S’il faut « reconnaitre la situation difficile des époux dont la faute n’est pas toujours à part égale », il ne faut pas oublier cependant « les blessures d’enfants de parents divorcés », rappelle également Mgr Müller.
C’est pourquoi l’archevêque invite à remettre en question « la mentalité qui considère la promesse du mariage et la formation de la famille d’une manière trop floue ».
Penser à l’unité de l’Eglise
Enfin, évoquant les négociations en cours du Vatican avec la fraternité Saint-Pie X, Mgr Müller estime qu’elles sont « amicales, chrétiennes et humaines », mais aussi « en formation ».
Pour être catholique, souligne-t-il, il faut « reconnaître l’autorité du pape et des évêques ». Les négociations vont parvenir à un « point de non-retour », poursuit-il, et il faudra décider en pensant à « l’unité de l’Eglise ».
Pour l’archevêque, il n’y a pas d’autre chemin que de passer par « l’acceptation de la forme et du contenu du Concile Vatican II », car même s’il y a eu « des abus », la réforme liturgique de Vatican II était « juste et nécessaire ».