Anne Kurian
ROME, jeudi 5 juillet 2012 (ZENIT.org) – L’éducateur doit être habité d’une « passion » pour l’homme, car il partage la même « recherche de sens » de la vie que celui qu’il éduque, déclare le cardinal Piacenza.
Le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, est intervenu au cours de la XXIIe édition du cours international pour les formateurs des séminaires, sur le thème « Eduquer les formateurs en temps d’urgence éducative », le 3 juillet 2012, à Rome, avec 56 participants de 33 pays, sou la houlette de la Congrégationpour l’Education catholique.
La « recherche de sens », commune à tous les hommes est exprimée par le « sens religieux » humain, a estimé notamment le cardinal. C’est pourquoi l’Eglise a un rôle éducatif particulier envers l’homme.
Faisant le point sur la situation actuelle, il a déploré « une crise profonde inégalée » de la formation humaine : l’« urgence éducative » est donc de mise aujourd’hui, et elle ne concerne pas seulement les réalités ecclésiastiques mais aussi anthropologiques, sociales…
Aujourd’hui, a-t-il constaté, « une éducation de la liberté et de la volonté, qui “corrige” ou “s’oppose” à la dictature du relativisme et du sentimentalisme, pourrait sembler impossible ».
En effet, le relativisme fait croire à l’homme qu’il ne peut se connaître lui-même, ni connaître le monde et Dieu. Or, « à un homme incapable de connaître la réalité » il ne reste que « l’horizon étroit et asphyxiant de ses propres émotions et instincts », a-t-il fait observer.
Le cardinal a donc donné des pistes pour « reprendre en main la formation », en particulier celle des personnes engagées vers le sacerdoce et la vie consacrée.
A la base de chaque formation humaine, a-t-il dit, il faut considérer les questions premières de l’homme : «Qui suis-je?», «Qui est l’homme?». Chaque homme, a-t-il insisté, « quelle que soit sa condition, et son époque », est constitué par ces demandes.
Pour le cardinal italien, si toute la culture dominante « cherche à étouffer les demandes fondamentales qui constituent l’homme », c’est parce qu’elle est « incapable de fournir des réponses satisfaisantes ». Elle n’a donc pas d’autre possibilité que « d’étouffer en l’homme ces demandes », a-t-il ajouté, dénonçant l’« anesthésie générale alimentée par les médias du monde ».
Malgré tout, « l’homme reste irréductiblement une demande ». Aussi, toute action éducative doit partir « des exigences fondamentales de l’homme, de ce qu’est l’homme, c’est-à-dire de ce qu’il désire profondément et de la soif ultime de son cœur ».
Parmi les « exigences fondamentales » de l’homme, se tient celle du « sens religieux », qui est une caractéristique de l’homme « universelle et incomparable », a estimé le cardinal. En effet, a-t-il expliqué, elle répond à la « recherche du sens de la vie ».
Le cardinal en a même fait le cœur de la mission éducative de l’Eglise : cette mission doit être « continuellement revigorée et relancée par une passion authentique pour l’homme », passion qui est d’abord « partage de la même « demande de sens » » de tous les hommes.
C’est pourquoi la « réponse théologique et anthropologique » des formateurs ne doit pas être une « formule répétée », mais une « formule vécue », celle de l’expérience personnelle de chacun face à la question du sens ultime des choses.