Inquisitions : la « purification de la mémoire » de l'An 2000

A la lumière de la recherche historique

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Anita Bourdin

ROME, jeudi 5 juillet 2012 (ZENIT.org) – Jean-Paul II a voulu que l’on fasse la vérité sur l’histoire de l’Inquisition dans le cadre de la « purification de la mémoire » nécessaire avant l’entrée dans le troisième millénaire. Un volume a recueilli l’état de la recherche historique au seuil du XXIe siècle, il reste une référence.

Retour sur les conclusions d’un symposium avec les meilleurs spécialistes au monde, alors qu’une série télévisée du service public français semble faire fi de la recherche historique, ce qui ne manque pas d’offenser les catholiques et les amis de la vérité, qui « s’indignent ».

La célébration solennelle de demande de pardon du 12 mars 2000 en la basilique Saint-Pierre a été préparée par des symposiums historico-théologiques sur des points chauds de l’histoire de l’Eglise, notamment l’anti-judaïsme en milieu chrétien et les Inquisitions.

Au cours de cette célébration, le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a demandé pardon pour les membres de l’Eglise qui, au cours de deux mille ans d’histoire, ont utilisé « des méthodes non évangéliques » au service de la défense de la vérité et de la foi. Il ne s’agit donc pas de défendre un seul acte de violence perpétré au nom de Dieu.

Mais les historiens qui avaient repris le dossier pour contribuer à faire la part des choses entre imaginaire et faits avérés, dans le volume intitulé : « L’Inquisition », ont publié en quelque sorte une « radiographie » des faits historiques.

Cette somme contient les actes du symposium international organisé au Vatican du 20 au 31 octobre 1998 par la Commission historico-théologique du Comité du Grand Jubilé de l’an 2000 à la demande de Jean-Paul II.

On y apprend par exemple, indique le professeur Borromeo, que les 100.000 procès pour sorcellerie des tribunaux civils d’Europe ont abouti à 50.000 condamnations à mort. Tandis que les 120.000 procès de l’inquisition espagnole ont abouti à 59 condamnations à mort, certaines exécutées par contumace en brûlant des mannequins. Ces statistiques expliquent pourquoi dans tel ou tel cas, l’accusé a demandé à être jugé par le tribunal de l’Inquisition plutôt que par un tribunal civil.

L’étude établit de façon scientifique, sans céder « à la polémique ou à l’apologétique », que « le recours à la torture et à la peine de mort » n’ont « pas été aussi fréquents qu’on l’a longtemps cru ».

Les deux objectifs du comité scientifique d’organisation du colloque, sous la présidence du cardinal Georges-Marie Cottier étaient d’embrasser toute l’histoire de l’institution inquisitoriale, de son origine à son abolition, en cherchant à identifier les thèmes les plus significatifs, et ensuite, identifier les plus grands noms des spécialistes mondiaux à inviter comme rapporteur officiel ou comme expert pour la participation aux débats, avec leurs interventions éventuelles, dont certaines sont publiées dans le volume.

Les Actes du Symposium constituent un matériel de référence pour les recherches sur l’Inquisition, en particulier du fait de leur rigueur scientifique, hors des polémiques, ou des apologies, qui caractérisent une bonne part de la bibliographie ancienne, mais aussi du fait de l’abondance des données qui permet de mieux affronter les lieux-communs principaux que sont le recours à la torture ou la peine de mort.

Ces recours furent d’ailleurs bien moins fréquents qu’on ne le croit au long des siècles d’existence de l’institution, précise le prof. Borromeo, citant tel ou tel tableau statistique publié dans ce livre.

Insistant sur la « rigueur scientifique » des travaux du colloque, l’historien indique que le volume entend « relancer le débat intellectuel sur le sujet, et encourager de nouvelles recherches historiques ».

Le prof. Borromeo fait observer que le colloque a permis « d’envisager le phénomène de l’Inquisition dans son étendue historique, depuis son origine, au XIIIe siècle, et dans son étendue géographique, dans les principales régions touchées par l’hérésie, la France et l’Italie notamment ».

L’étude de la période moderne, précise-t-il, a été effectuée par aires géographiques telles que l’Espagne et le Portugal et leurs empires coloniaux, mais aussi en Italie avec la congrégation romaine du Saint-Office, aux Pays-Bas ou encore en Angleterre.

Il ajoute que les premiers « commissaires » (« inquisitores ») délégués par le Siège Apostolique ont reçu la mission de combattre les hérésies dans différentes régions sous le pontificat de Grégoire XI (1227-1241).

La répression, particulièrement active aux XIIIe et XIVe siècles, explique l’historien, a touché les mouvements hérétiques médiévaux, surtout cathares et vaudois, puis les mouvements chrétiens « judaïsant » ou « islamisant », le protestantisme, la sorcellerie, la répression relative aux livres mis à l’index (le premier « Index » date de 1559), scientifiques comme littéraires, ou bien les bibles en langues vernaculaires.

Enfin, il rappelle que les tribunaux de l’Inquisition ont été abolis à partir de la seconde moitié du XVIIIe s., le dernier à l’être étant l’Inquisition espagnole, en 1834.

Mais à partir du XVIIIe siècle, plus aucune condamnation à mort n’a été prononcée.

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ZENIT Staff

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