P. Frédéric Fornos s.j.
ROME, dimanche 1er juillet 2012 (ZENIT.org) – Chaque mois le pape Benoît XVI nous confie deux intentions de prière, deux défis qu’il discerne pour notre monde et la mission de l’Eglise. Voici les deux intentions de juillet et les deux intentions d’août 2012 et le commentaire du P. Frédéric Fornos, s.j.
L’Apostolat de la prière se mobilise cet été sur la situation des prisonniers et propose tout un dossier pour donner chair à cette intention de prière du pape. Les autres intentions sont traitées dans la rubrique « Dernière minute » (http://www.apostolat-priere.org/index.php/derniere-minute.html).
L’Apostolat de la Prière est en effet le service officiel des intentions de prière du pape. Le Père Frédéric Fornos, sj, qui en est le directeur national pour la France, et le coordinateur européen, commente l’intention du mois d’août pour les lecteurs de ZENIT : « Derrière les barreaux, il y a des hommes ».
Juillet 2012:
Intention universelle – La sécurité et l’emploi
Prions pour que tous puissent avoir un travail et l’effectuer dans des conditions de stabilité et de sécurité.
Intention missionnaire – Les volontaires chrétiens
Prions pour que les volontaires chrétiens, présents dans les territoires de mission, sachent témoigner de la charité du Christ.
Août 2012:
Intention universelle – Les prisonniers
Prions pour que les prisonniers soient traités avec justice et que leur dignité humaine soit respectée.
Intention missionnaire – Les jeunes, témoins du Christ
Prions pour que les jeunes, appelés à suivre le Christ, se rendent disponibles pour proclamer et témoigner l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre.
Commentaire de l’intention universelle de Benoît XVI pour le mois d’août :
Derrière les barreaux, il y a des hommes.
L’été est souvent le temps de la liberté : vacances chez soi ou ailleurs, auprès d’amis, en famille… Contraste donc avec cet appel de l’Eglise pour ce mois : soutenir par la prière ceux qui cherchent à rendre le système carcéral plus respectueux du droit et de la personne humaine. Des images, des peurs, des jugements peuvent m’empêcher de désirer cela. Et si j’imaginais que l’un des prisonniers était mon frère, mon cousin, un ami ? Me demander comment il est traité, comment il vit, ce qu’il ressent, cela prendrait alors un autre poids. C’est à cette prière que je suis appelé.
Notre première réaction pourrait être de penser : « Il faut qu’ils paient ! » « Ils méritent ce qui leur arrive, non ? ». Cette intention ne dit pas que les détenus sont « gentils » mais qu’ils doivent être traités avec justice et dignité. Pourquoi ? Simplement parce que ce sont nos frères et sœurs en humanité, et ceci même s’ils ont pu la défigurer. Comme chrétiens, nous croyons que rien n’est définitif ni perdu, que Dieu murmure à leur cœur : «Je continue à t’aimer », « Je te pardonne, change ta vie, choisis la vie et non la mort». Jésus nous redit sans cesse dans l’Evangile : « Ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés » (évangile de Luc chap. 6, v 37). Il nous invite à un regard qui espère : « Il y a une part de divin dans chaque personne », dit Henri Gesmier, dit Riton, prêtre de la Mission de France et éducateur spécialisé depuis 30 ans à la prison de Fleury Mérogis.
Les paroles du pape Jean-Paul II aux prisonniers d’Antofagasta (Chili) nous indiquent le. Comme « frère aîné dans le Christ », avec bonté et respect, il se rend proche de chacun et leur fait découvrir que la liberté offerte par le Christ commence par l’intérieur de l’homme : « Il nous libère de l’esclavage radical, – origine de tous les autres -, que constitue le péché ». Un texte à méditer pour nous éviter de juger. Vous pouvez le retrouver sur notre site.
Oui, tout homme, quelle que soit sa faute, peut s’ouvrir, jusqu’au dernier moment de sa vie, à Celui-qui-n’est-qu’amour, au Cœur miséricordieux de DIEU, et se laisser entraîner par Lui.
Si les actes sont objectivement condamnables, nous devons cependant toujours espérer, même si cela semble parfois impossible, que celui qui est détenu, privé de sa liberté, puisse changer. L’Eglise soutient tous ceux qui cherchent à rendre le système carcéral davantage respectueux du droit et de la dignité de la personne. La mission de la prison est de punir par la privation de la liberté et de favoriser la réinsertion sociale des personnes. Dans la pratique, cette double mission est bien difficile à mener. Malgré de nombreux efforts, il y a un décalage entre le discours et la réalité. Comment passer d’un lieu de deshumanisation, de non-relation et de violence, à un lieu de relation et de respect ? Pendant deux ans, j’ai accompagné un groupe de réflexion rassemblant, aumôniers, personnel pénitentiaire, socio-médical et du monde judiciaire, et j’admire tout le travail qui est fait dans ce milieu si difficile. Non seulement par les accompagnateurs spirituels et les visiteurs de prison, porteurs de l’amour miséricordieux de Dieu, mais aussi par tous les autres intervenants, comme l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) ou Amnesty International, qui œuvrent aussi pour l’amélioration de la détention.
L’absence de liberté est déjà une punition en elle-même. Favoriser les relations avec la famille pendant le temps de prison est essentiel pour donner l’envie au détenu de se réinsérer dans la société. Des pays, comme la Suède, ont beaucoup fait en ce domaine.
L’intention de prière de ce mois nous tire cet été de notre routine, comme souvent. Elle nous propose de profiter de nos moments un peu plus libres, pour un bon nombre d’entre nous. Elle nous demande de nous mobiliser en nous informant sur le monde carcéral, pour nous rendre proches de ces hommes et femmes privés de liberté. Et si les mots nous manquent pour prier, laissons-nous porter par ceux de la rubrique PRIER AVEC, sur le site de l’Apostolat de la prière, car le respect de la dignité du prisonnier nous dit quelque chose du respect de nos sociétés sur tout homme.
Père Frédéric Fornos, jésuite