ROME, jeudi 26 avril 2012 (ZENIT.org) – Les touristes questionnent l’histoire car ils sont en quête de sens. Selon Mgr Timothy Verdon, « les voyageurs d’aujourd’hui sont davantage pèlerins que par le passé ».
C’est pourquoi l’Eglise est invitée à apporter toute sa contribution en développant davantage une pastorale du tourisme et en mettant son immense patrimoine culturel à la portée de tous.
Le VIIème Congrès mondial de la pastorale du tourisme a été inauguré par le message de vœux du pape Benoît XVI aux participants. Les paroles du pape ont été commentées par le président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, le cardinal Antonio Maria Vegliò.
Faisant écho à la pensée du pape sur le tourisme comme « phénomène caractéristique de notre époque » et « signe des temps », le cardinal Vegliò a cité la Déclaration de La Haye sur le tourisme, en 1989, qui le désigne comme « une activité essentielle dans la vie des hommes et des sociétés modernes » et un « véhicule des relations humaines et des contacts politiques, économiques et culturels exigés par l’internationalisation de tous les secteurs de la vie des nations ».
C’est donc avec amertume que l’on constate que de nombreuses personnes dans le monde sont « encore exclues de ce droit » et que, dans beaucoup d’endroits, l’activité touristique « se présente certainement comme quelque chose de lointain et le fait d’en parler peut même sembler une réalité frivole ».
Bien qu’il ne se soit pas encore développé une véritable pastorale du tourisme, encore absente dans pas mal de diocèses et de conférences épiscopales, celle-ci est nécessaire et ne peut pas être considérée comme « accessoire », a commenté Vegliò. « Cette action ecclésiale devra être orientée vers toutes les personnes qui y sont impliquées : les touristes, les personnes qui travaillent dans ce secteur, la communauté qui accueille, les personnes qui en subissent les conséquences », a donc conclu le cardinal.
Au cours de la première journée de sessions, Taleb Rifai, secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme des Nations-Unies (UNWTO), a adressé un vidéo-message au congrès, définissant le tourisme « indiscutablement un des secteurs importants de l’économie mondiale » mais surtout « un puissant instrument pour construire des ponts entre les personnes, les religions, les cultures, et un véhicule pour instaurer le dialogue, célébrer la diversité et promouvoir la coopération entre les sociétés ».
La capacité du tourisme à « réduire les préjugés, les méfiances et les hostilités » est justement une dimension particulière du tourisme religieux, « une des principales motivations qui poussent des millions de personnes à voyager », a fait observer Rifai.
Le sous-secrétaire du Conseil pontifical pour les migrants, Mgr Gabriele Bentoglio, a illustré dans les détails les activités et les fonctions du dicastère du Vatican. Il a ensuite souligné les trois aspects qu’il faut, sur la recommandation de Benoît XVI, aborder dans le cadre de la pastorale du tourisme, et qui font l’objet de sessions spécifiques pendant le congrès : le tourisme en général, le tourisme religieux et le tourisme des chrétiens.
Le tourisme en général dépend des domaines de compétences des laïcs et des autorités civiles, dans lesquels l’Eglise peut cependant apporter une contribution significative, en particulier en ce qui concerne « l’éthique du tourisme, le tourisme en tant que ressource économique pour les pays en voie de développement, la lutte contre le tourisme sexuel, la défense du patrimoine historico-artistique et environnemental, ou la recherche d’un tourisme équitable, social et responsable ».
Le second aspect, celui du tourisme religieux, requiert surtout une compréhension de la « véritable signification » des lieux sacrés « qui résultent d’une expérience de foi, et peuvent aussi devenir une plateforme pour l’évangélisation ».
Enfin, l’aspect relatif au tourisme des chrétiens se manifeste en particulier dans l’accompagnement pastoral des fidèles « dans leurs temps libres, afin d’en faire une occasion de croissance humaine et religieuse », a ajouté Mgr Bentoglio.
Le patrimoine culturel de l’Eglise au service du tourisme et de l’évangélisation a été le sujet de l’intervention de Mgr Timothy Verdon, directeur du Bureau diocésain pour l’art sacré et le patrimoine culturel du diocèse de Florence.
Loin d’être secondaire, a expliqué Mgr Verdon, la via pulchritudinis fait partie du patrimoine culturel chrétien qui embrasse la totalité de ses deux mille ans d’histoire et qui « enrichit à la fois les chrétiens et les non-chrétiens ».
Les images sacrées ou figuratives de sujets sacrés, comme l’affirme le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique, peut exprimer, en particulier dans notre civilisation de l’image, « beaucoup plus que les paroles, vu l’extraordinaire efficacité de son pouvoir de communication et de transmission du message évangélique », a rappelé l’expert en art chrétien.
Par conséquent, la présence d’œuvres d’art et de lieux sacrés en Europe, et ailleurs, représente une part non minoritaire du « tourisme qui fait la différence ». Le bienheureux Jean-Paul II lui-même, dans sa Lettre aux artistes de 1999, rappelait que le Christ « a fait un grand usage d’images dans sa prédication, en total accord avec le choix qu’il avait fait de devenir lui-même, par son incarnation, icône du Dieu invisible ».
Le patrimoine artistique de l’Eglise représente donc « une extension, dans le temps de l’Eglise, du projet du Père, réalisé dans la Parole faite chair », a commenté Verdon.
Non seulement l’art peut avoir une « fonction pastorale » mais, comme l’a souligné à son tour Benoît XVI, il existe un « lien profond entre beauté et espérance ».
Dans les œuvres immortelles de tant de génies de la sculpture, de l’architecture et de la peinture, il est donc possible de « discerner la fidélité de Dieu-artiste, qui a dit de la création sortie de ses mains qu’elle était « très bonne ».
Revenant au thème du tourisme au sens strict, Mgr Verdon a déclaré : « Il est possible que les voyageurs de maintenant soient davantage pèlerins que dans le passé : en ce début tourmenté du troisième millénaire, à une époque de transition difficile, faite de situations économiques et sociales qui évoluent rapidement, marquée par de nouvelles possibilités scientifiques qui, à leur tour, soulèvent des questions épineuses de morale et d’éthique, nombreux sont ceux qui veulent interroger le passé et qui cherchent des réponses dans l’histoire, espérant trouver des formes de continuité entre le passé et l’avenir ».