ROME, jeudi 23 février 2012 (ZENIT.org) – « Egalité et non discrimination » : c’est ce que demande le patriarcat œcuménique de Constantinople pour les minorités non musulmanes en Turquie.
Un document de 18 pages a en effet été présenté, mardi 21 février, en personne, par le patriarche Bartholomaios Ier, au terme d’une séance d’environ une heure avec les membres de la Commission parlementaire turque .
Il s’agit d’une commission de conciliation constitutionnelle chargée de rédiger le projet de la nouvelle constitution de la Turquie.
Dans ce document, présenté à huis-clos, le patriarcat œcuméniquedemande un traitement égalitaire pour les minorités non musulmanes, y compris une répartition égale des fonds publics pour les services religieux et l’éducation.
Selon des sources rapportées par Radio Vatican et par l’agence SIR, et bien que la teneur du document ne puisse être encore divulgué, le patriarche s’est dit « heureux et reconnaissant » de cette invitation inédite du parlement turc à venir présenter « ses propositions ».
Le patriarcat précise que « la révision de la constitution turque est dans sa phase initiale » et espère pouvoir être à nouveau convoqué, mais avoir surtout l’occasion de lire la première mouture de cette révision avant qu’elle ne soit approuvée.
« C’est la première fois dans l’histoire de la République que des minorités non musulmanes sont officiellement invitées. Malheureusement, il y a eu des injustices dans le passé. Mais celles-ci sont peu à peu rectifiées », a dit Bartholomaios Ier aux journalistes à l’issue de la séance.
Et d’ajouter : « Une nouvelle Turquie est en train de naître, nous quittons cette réunion pleins d’espoir et nous sommes extrêmement reconnaissants ».
Dans un communiqué officiel, le patriarcat confirme ce sentiment de reconnaissance et il souligne qu’il a été question, durant la réunion, « des problèmes » des minorités religieuses en Turquie et que le patriarche a demandé à leur égard le respect « des droits de l’homme, mais surtout de la liberté de religion, de conscience et d’instruction ».
Le document souligne l’exigence que les minorités soient reconnues en Turquie comme « des citoyens à part entière », afin que puissent être surmontées les « discriminations et injustices du passé ».
Une des demandes faites aux autorités turques concerne la réouverture de l’Ecole théologique de Halki, la principale école de théologie du patriarcat œcuménique de Constantinople jusqu’à l’ordre de fermeture en 1971.
De nombreux chercheurs orthodoxes, théologiens, prêtres et évêques ainsi que bon nombre de patriarches y ont fait leurs études, y compris le patriarche Bartholomaios Ier et ses prédécesseurs : Démétrios, Athénagoras, et Maximos V.
Lors de sa visite à Ankara, le patriarche était accompagné d’un professeur de droit, Emre Öktem, qui a suggéré que la nouvelle constitution fasse référence au Traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923, qui définit les relations entre l’Etat turc et les religions non musulmanes et garantit les droits des communautés chrétiennes du pays.
Isabelle Cousturié