ROME, lundi 13 février 2012 (ZENIT.org) – « On ne naît pas chrétien, on le devient », a fait observer le président de la conférence épiscopale italienne (CEI), lors du congrès international « Jésus notre contemporain », organisé à Rome du 9 au 11 février, à l’initiative du Comité pour le projet culturel de la CEI.
Rappelant que la foi n’est pas un « acquis », mais une « rencontre » – avec le Christ – qui doit être « suscitée » et « soutenue », le cardinal Angelo Bagnasco, a réaffirmé l’urgence d’une nouvelle vague d’évangélisation pour redonner de la « fluidité » à sa transmission.
Contrairement à l’Afrique, à l’Asie et à l’Amérique, où l’on peut toucher du doigt « la fraîcheur du christianisme » et où les jeunes Eglises se multiplient à « un rythme vertigineux », a relevé l’archevêque de Gênes, l’Europe connaît une baisse d’ardeur, faisant du christianisme quelque chose « d’acquis et d’insipide » dont « nous sommes les répétiteurs fatigués ».
Il a fait remarquer qu ‘« en Europe, quand on parle de Jésus, on perçoit comme une étrange réticence : une sorte de lassitude, de scepticisme contagieux ».
Or, « on ne naît pas chrétien, on le devient », a-t-il fait observer, et pour que les hommes d’aujourd’hui deviennent « d’authentiques chrétiens », il faut leur faire rencontrer à nouveau le Christ, par l’annonce de l’Evangile.
Car l’Evangile n’est pas « un système d’articles de foi et de percepts moraux, encore moins un programme politique, mais bien une personne : Jésus-Christ, parole définitive de Dieu fait homme », a-t-il ajouté.
Parler de Dieu, éduquer à la foi, pour que les hommes d’aujourd’hui rencontrent le Christ et le remettent au centre de leur vie : c’est ce que proposent les nouvelles orientations pastorales de l’Eglise italienne.
A ce propos, le cardinal Bagnasco a cité l’Exercice du christianisme deKierkegaard, insistant sur la « contemporanéité » de Jésus comme « condition de la foi ou plus exactement comme définition de la foi ».
« Des siècles sont passés depuis que Jésus a marché sur terre, a-t-il fait remarquer en citant le philosophe, mais il n’est pas de ces faits qui, une fois passés, se dissipent dans l’histoire, tombant longtemps dans l’oubli. S’il y a encore de la foi sur terre, sa présence terrestre ne se réduira jamais à un événement du passé, mais s’il devait ne plus en y avoir, alors cette vie terrestre du Christ ne serait plus qu’un événement très lointain ».
« Jésus est le Sauveur et il l’est tout au long de l’histoire », a continué le président de la CEI : face à un certain « ternissement » de l’image du Christ, imputable à certains courants spirituels à fond agnostique qui l’ont réduit à un rôle de « maître intérieur », de « mythe », de « source de réconfort » pour calmer les crises existentielles », il est impératif de le rappeler. Et en cela, le rôle de l’Eglise est essentiel : « Il n’y a pas de Christ sans Eglise », a déclaré le cardinal Bagnasco.
« Séparer le Christ de son Eglise conduit à une falsification tant de l’un que de l’autre. Le Christ sans l’Eglise est une réalité facile à manipuler et vite déformée selon les goûts de chacun. Et vice-versa une Eglise sans le Christ se réduit à une structure purement humaine et en tant que telle en une structure de pouvoir », a-t-il averti.
Le président de la CEI a déploré un certain « réductionnisme médiatique » qui « saisit bien peu de l’aspect mystérieux de l’Eglise et de sa volonté de se conformer au Christ », en en faisant souvent une lecture exclusivement « politique ».
« Se convertir au Christ doit aller de pair avec une insertion plus profonde dans son Eglise », a-t-il insisté: l’Eglise aussi est appelée à cet effort de conversion tous les jours, car elle-même peut être « blessée par la réalité du péché », dans la mesure où elle accueille en son sein à la fois « des saints et des pécheurs ».
Salvatore Cernuzio