ROME, Jeudi 12 mai 2011 (ZENIT.org) – Le P. Martino Michelone a été déclaré « Juste parmi les Nations » par le Mémorial de la Shoah, de Yad VaShem, à Jérusalem, annonce le portail du judaïsme italien, et l’Union des Communautés juives italiennes (UCEI).
Le prêtre courageux a été honoré dans le Nord de l’Italie, à Moransengo, où il était curé, près d’Asti, pour avoir sauvé une famille juive pendant la seconde guerre mondiale, en la cachant dans son presbytère.
La cérémonie officielle a eu lieu à Moransengo, place Ferrero, où a été placée une plaque commémorative, alors que la région s’apprête à accueillir le Festival de la culture juive « OyOyOy! »
C’est durant l’édition de 2008 de ce festival, que le geste du P. Martino Michelone avait été révélé.
Avant la cérémonie, une rencontre avait eu lieu dans les locaux de la communauté juive de Casale Monferrato. L’ambassadeur d’Israël en Italie, M. Ghideon Meir, le journaliste italien Gad Lerner, Luciano Segre et Claudia De Benedetti se sont retrouvés dans les locaux de la rue Salomone Olper pour faire mémoire des nombreuses victimes de la Shoah dans la région de Casale Monferrato.
La famille de Lerner Segre s’était réfugiée à Cogne puis un retard d’un rendez-vous pour fuir en Suisse les a fait échapper à un massacre à l’hôtel Meina. La famile partit ensuite à Castino, zone de la Résistance. Mais le père, Riccardo, contracta une infection pulmonaire. Ils furent alors secourus par le Père Martino, client de la boutique de tissu de la famille.
Vers la fin de l’année 1943 en effet, il dit à Riccardo Segre: « Prends ta famille et venez vous cacher chez moi au presbytère ». Il s’agissait de Riccardo, sa femme, Angela, leur fils, Luciano, et la soeur de Riccardo, Elvira. Grâce à don Martino, Luciano a pu continuer à aller à l’école.
Le prêtre prenait des risques mais il jouissait du soutien de tout le village, et de l’évêque de Casale, Mgr Giuseppe Angrisani. Et lorsque les nazis vinrent le prendre, il resta dans la clandestinité pendant plusieurs jours.
Parmi les médicaments parachutés par les Anglais, il récupéra de la pénicilline pour soigner Riccardo.
Luciano Segre explique que l’une des questions posées par les instructeurs du dossier de Yad VaShem était : est-ce que don Martino a voulu vous convertir ? Sa réponse est claire : « Cela n’a jamais été le cas : nous n’avons jamais parlé de religion, même après la guerre. Certes, pour ne pas susciter de soupçons, je faisais l’enfant de choeur, et quand Mgr Angrisani est venu en visite pastorale, il m’a fait un signe sur le front à moi aussi. Mais, clairement, il devait lui aussi savoir qui j’étais ».
La dernière rencontre entre don Michelone et Luciano Segre a eu lieu à l’occasion de la mort du père de Luciano, dans les années soixante.
Le prêtre est mort en 1979. La médaille des justes a été remise à sa famille par l’ambassadeur d’Israël, à titre posthume. Le dossier de « Juste parmi les Nations » a été ouvert quelque temps après. Tous les critères de Yad VaShem étaient réunis : don Michelon n’a pas demandé d’argent en échange de l’aide apportée, il a risqué sa vie pour sauver des juifs fuyant la persécution, et il y a eu des témoins de ces faits : deux personnes de la génération de Luciano étaient présentes à la cérémonie de Moransengo.
Une autre cérémonie est prévue au Mémorial de la Shoah de Jérusalem, avec la plantation d’un arbre.
La ville de Morano placera une plaque commémorative et donnera le nom de don Michelone aux jardins publics de Morano, et une place portera aussi son nom à Moransengo.
Anita S. Bourdin