ROME, Jeudi 24 mars 2011 (ZENIT.org) – « Compagnons de voyage. Interviews en vol avec Jean-Paul II » – « Compagni di viaggio. Interviste in volo con Giovanni Paolo II » – c’est le titre d’un livre « original », passionnant et « rafraîchissant » d’Angela Ambrogetti. En quelque sorte un « magistère volant » de Jean-Paul II qui a inventé un nouveau mode de communication des papes.
Le livre a été présenté le 23 mars à Radio Vatican – dans une salle Marconi comble ! – par le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège et de Radio Vatican, par le cardinal Roberto Tucci, le directeur de la Librairie éditrice du Vatican, le P. Giuseppe Costa, et par deux journalistes « compagnons de voyage », Gianfranco Svidercoschi, et Paloma Gomez Borrero. Le livre offre aussi le précieux témoignage du cardinal Stanislas Dziwisz, archevêque de Cracovie.
Angela Ambrogetti a recueilli et ordonné – notamment par continent – les conversations de Jean-Paul II avec les journalistes qui le suivaient dans ses voyages internationaux, autrement dit, des textes en majorité inédits, récupérés dans les archives de Radio Vatican. Des photos inédites aussi, à l’image de l’auteur, pleine de vie et d’humour.
Ce sont des interventions amples ou synthétiques, des réparties pleines d’humour ou des interviews à proprement parler, des conférences sur des thèmes de géo-politique, de théologie, d’histoire de l’Eglise, où se manifeste avant tout la personnalité du pape polonais et non moins universel.
Du « journalisme sérieux », a commenté le P. Costa. Svidercoschi dit sa « grande nostalgie » non pas tant de cette époque, mais de « lui », de cette personnalité extraordinaire, ce « saint » qui n’avait pas peur des journalistes. Il souligne la « transparence » de ce pape qui n’était pas différent en privé, dans ces conversations à bâtons rompus et tel qu’il apparaissait en public.
Il se rappelle la devise du congrès eucharistique de Haïti : « Quelque chose doit changer ici », un mot d’ordre repris par le pape, mais interprété de façon politique par la foule de 500.000 personnes peu à peu électrisées par le pape. Mais en privé, à Baby Doc Duvalier, interloqué par l’impact de cette phrase, Jean-Paul II n’a pas hésité à répéter en direct pour le dictateur : « Quelque chose doit changer ici ».
Svidercoschi veut aussi tordre le cou à une idée reçue : que le pape polonais était un grand stratège, tout étant bien calculé, organisé. « Le pape était sous le signe de la Providence. Il se demandait et demandait à ses collaborateurs : que dit Jésus ? Que dirait l’Evangile ? » Ce sont les circonstances, les rencontres, les occasions, qui ont pour lui été des manifestations de la Providence.
Il souligne que le livre rend bien la profondeur du pontificat. Il cite cette autre réplique : parler de la paix à Saint-Pierre ou parler de la paix à Hiroshima ? « Il ajoutait la présence à la parole », a fait observer le vaticaniste. Il disait aux Africains : « Si je ne viens pas à vous, comment pourrais-je vous connaître ? » Et il l’a fait « avec l’aide des journalistes, sans se laisser manipuler », utiliser ». Sa façon de faire la catéchèse était celle d’un « pionnier ».
Et Paloma Gomez se souvient qu’elle a un jour demandé au pape s’il viendrait en Espagne : « Nous vous attendons tous ». « Tous, je ne crois pas », a répondu Jean-Paul II du tac au tac. Une fois publié ce « tous, je ne crois pas » a suscité mille interprétations et une grande agitation : à qui le pape se référait-il ?
Elle évoque aussi cet « inoubliable » voyage à Cuba, un « chef d’œuvre », dont il faut « tout garder ». Et cette réplique connue : « Comment vous sentez-vous, très Saint-Père ? » « Pour savoir comment je me sens, je lis vos journaux ! »
Elle se souvient encore de ce retour incroyable du voyage en Inde : la neige bloquait les aéroports romains. L’avion du pape atterrit à Naples. Le pape, sa suite et les journalistes accrédités arrivent à Rome, à la gare du Transtévère, par le train, trois locomotives, trois premières classes. Une bonne dame romaine note cet étrange convoi : « Ce n’est pas, par hasard, le pape qui s’en va ? »
Les Index d’Angela Ambrogetti permettent de replacer les choses chronologiquement et de découvrir les personnages rencontrés en refaisant les voyages avec leurs acteurs.
On attend avec impatience la suite : le pape et ses convives par exemple !
Anita S. Bourdin