Réforme des études de philosophie pour l’accès à la théologie

Capacité de raisonnement et logique, indispensables à la théologie

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ROME, Mardi 22 mars 2011 (ZENIT.org) – « La préparation au sacerdoce passe par la philosophie » titre Radio Vatican en présentant le « Décret de réforme des études ecclésiastiques de philosophie » de la Congrégation pour l’éducation catholique.

Un écho aux paroles de Jean-Paul II dans « Fides et Ratio » : « la théologie a toujours eu et continue à avoir besoin de l’apport philosophique » n. 77. La capacité de raisonnement et logique sont ainsi indispensables à l’accès à la théologie.

Fides et Ratio

Le document a été présenté ce matin au Vatican par le cardinal Zenon Grocholewski, préfet de la Congrégation pour l’éducation catholique, par Mgr Jean-Louis Bruguès, op, secrétaire, et par le P. Morerod, op, recteur de l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin (l’Angelicum).

Le cardinal Grocholewski a expliqué que cette réforme découlait de la constitution apostolique « Sapientia Christiana » de Jean-Paul II et des nouvelles normes adoptées cette même année 1979 par la congrégation. Il était donc « nécessaire d’adapter au contexte culturel les exigences de la vie ecclésiale ».

« Notre époque a besoin de la philosophie dont Jean-Paul II disait qu’elle « contribue directement à poser la question sur le sens de la vie et à ébaucher la réponse » et donc « se présente comme une des tâches les plus nobles de l’humanité ». »

« Fides et Ratio » est en effet la référence constante du document et des interventions de ce matin, au point que la réforme apparaît comme une mise en application concrète de l’encyclique de Jean-Paul II. Le cardinal Grocholewski souligne qu’il fallait « adopter des normes plus actuelles », en accord avec « l’enseignement passionné de Jean-Paul II dans Fides et Ratio », lui qui était un « grand philosophe, dans une perspective théologique, et dans la « juste mise en œuvre ».

« Notre temps a besoin de la philosophie, a affirmé le cardinal préfet, alors que la raison elle-même est menacée par l’utilitarisme, le scepticisme, le relativisme ». Cette réforme, approuvée par Benoît XVI et par la Congrégation pour la doctrine de la foi, vise à « renforcer la préparation philosophique » des séminaristes et des étudiants des instituts ecclésiastiques.

Crise de la philosophie, crise de la théologie

Pour sa part, le cardinal Joseph Ratzinger, cité par le document (p. 7), n’a pas hésité à dire, dès 1998 : « La crise de la théologie post-conciliaire est, dans une large mesure, la crise de ses fondements philosophiques […]. Quand les fondements philosophiques ne sont pas clarifiés, le sol se dérobe sous les pieds de la théologie ».

Dans son intervention sur « l’importance de la métaphysique pour l’étude de la théologie », le P. Morerod a souligné que « l’étude de la philosophie aide le théologien à être conscient de ses propres pré-supposés philosophiques, à les critiquer, à éviter d’imposer à sa théologie ou à sa prédication un cadre conceptuel incompatible avec la foi ». Et d’ajouter : « Pour être juste, la réflexion critique sur les théories philosophiques doit chercher la vérité au-delà des apparences. »

Plus loin, il ajoute : « Comprendre l’utilisation du langage suppose, avant tout, une étude des différentes dimensions du réel, et, ensuite, du langage lui-même ».

L’importance de la métaphysique

Pour faire comprendre l’importance de la métaphysique, le P. Morerod prend l’exemple de la catéchèse face aux questions « sur la relation entre l’évolution des espèces et l’histoire biblique de la création ». Il fait observer que « les tentatives pour passer directement de la théologie à la biologie sont peu féconds. Il faut une médiation philosophique ». Et d’expliquer : « La philosophie devra se poser une question sur la forme originelle de l’évolutionnisme, celui de Darwin : comment fait-il pour expliquer ce qu’il nous décrit, c’est-à-dire l’omniprésence de la cause finale ? Un évolutionnisme finalisé à ne pas exclure l’action divine, même si elle ne la montre pas directement ».

La réforme prévoit que la philosophie représente entre 60% et 70 % des « crédits » des trois années (et non deux) de préparation à la théologie : histoire de la philosophie, métaphysique (dont l’importance a été spécialement soulignée par le P. Morerod), philosophie de la nature, philosophie de l’homme, philosophie morale et politique. Une étude de la philosophie « classique » – et de saint Thomas d’Aquin – et de la philosophie « moderne ». la réforme s’applique aussi, comme « Sapientia christiana », même aux facultés de philosophie ecclésiastiques présentes au sein des universités d’Etat (dans 10 nations en Europe, 50 à travers le monde), et à toutes les facultés de théologie.

La logique, discipline structurante

Mais aussi, et c’est une « nouveauté » constate Mgr Bruguès, la « logique » et la « méthodologie ». Le P. Morerod rappelle que la logique a continué de faire partie de la préparation philosophique dans les facultés pontificales romaines. Mais ce n’était pas ailleurs une obligation. La voilà réintroduite parce qu’elle « a toujours été incluse dans la philosophie », a fait observer le cardinal Grocholewski, comme une de ses « composantes importante ».

Mgr Bruguès a souligné que la logique est une « discipline structurante pour l’exposition de la sagesse ». Il fait observer que le contexte de la culture générale et chrétienne actuelle « impose aux séminaristes des efforts plus grands », et que certains n’ont jamais en de contact avec la philosophie auparavant dans leur vie, ce qui rend nécessaire « l’effort » de passer de 2 à 3 ans de philosophie.

Les normes prévoient aussi pour les facultés d’avoir 7 professeurs de philosophie, dont 2 fixes. Une réforme coûteuse ? Mgr Bruguès reconnaît : « économiquement », oui. Et le cardinal Grocholewski souligne que « l’effort principal » sera surtout du point de vue des ressources humaines : formation de nouveaux professeurs, recrutement d’enseignants ayant les compétences requises.

Le support philosophique, indispensable

Enfin, ne risque-t-on pas d’éloigner du sacerdoce des candidats qui n’auraient pas les compétences requises pour cette formation philosophique ? La réponse du cardinal Grocholewski manifeste que l’Eglise choisit ses candidats au sacerdoce parmi des personnes prouvant une « capacité de raisonnement » qui permet l’accès à la théologie, et pour cela un « support philosophique » est « indispensable ».

Les intervenants ont souligné par exemple qu’une certaine formation philosophique des Etats-Unis ne correspond pas aux conditions requises pour l’accès à la théologie catholique, soit qu’elle soit trop inclusive d’autres matières – c’est un « concept élargi » de philosophie, explique le cardinal Grocholewski -, soit sous la forme de la « philosophie analytique » « qui ne constitue pas une introduction adaptée à la théologie », explique Mgr Bruguès. Il prend cette image : « il y a des clefs qui ne permettent pas d’ouvrir la porte de la phétologie chrétienne ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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