ROME, Mardi 21 décembre 2010 (ZENIT.org) – La Commission « Bioéthique » de la Conférence des évêques suisses s’est élevée contre la décision du tribunal de Boudry (Suisse – Canton de Neuchâtel) qui a acquitté un médecin ayant accompli un « meurtre sur demande », c’est-à-dire une euthanasie, en injectant lui même une substance mortelle à une personne malade.
« Bien que cet acte, en vertu de l’article 114 du Code pénal suisse, soit puni par la loi en tant que ‘meurtre sur la demande de la victime’, le tribunal le justifie en reconnaissant dans cette situation un ‘état de nécessité’ », dénonce le Dr Thierry Collaud, président de la Commission « Bioéthique ».
L’article 114 du Code pénal suisse précise que « celui qui, cédant à un mobile honorable, notamment à la pitié, aura donné la mort à une personne sur la demande sérieuse et instante de celle-ci sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire ».
Mais si la Suisse n’autorise pas le « meurtre assisté » (euthanasie), elle autorise le « suicide assisté », ce qui signifie que la personne désirant mourir doit mettre elle-même fin à ses jours. Il n’est puni, selon l’article 115 du Code pénal suisse, que s’il est poussé par un « mobile égoïste ».
Dans le communiqué par la Conférence des évêques suisses, les experts de la Commission dénoncent ce glissement entre « suicide assisté » et « euthanasie ».
« Cette affaire montre la proximité de ces deux pratiques, car c’est la même logique qui préside à l’aide au suicide et à l’euthanasie. En 2002, déjà, les évêques suisses montraient qu’une telle distinction était artificielle : dans les deux cas on contribue volontairement à la mort d’une personne pour lui permettre d’échapper à une situation de vie considérée comme intolérable ».
« On a entendu affirmer que le diagnostic de la patiente décédée (sclérose latérale amyotrophique – SLA) était si terrible qu’il justifiait ce ‘meurtre compassionnel’ ». « Il est très inquiétant de voir que la liste des affections qu’on juge incompatibles avec une vie digne s’allonge petit à petit », affirme la Commission bioéthique.
« Nous sommes convaincus qu’il n’existe pas de situations de vie humaine qui par définition seraient indignes d’être vécues ».
Evoquant des situations de souffrance « dans lesquelles la personne touche aux limites de ce qu’elle peut endurer », les évêques suisses rappellent qu’elles « ne sont jamais à aborder avec fatalisme ou résignation, car il y a toujours à lutter avec la plus grande énergie contre la souffrance d’autrui afin de l’atténuer au mieux, mais aussi pour trouver ensemble le chemin d’une vie possible malgré cette souffrance ou à travers elle.
« Dans ce sens nous rejetons avec force l’idée qu’il y aurait dans certaines circonstances une ‘nécessité’ d’aider à mourir et encore plus que celle-ci soit assignée comme tâche aux médecins », insiste la Commission bioéthique.
« Si nécessité il y a, c’est celle d’un accompagnement dans la solidarité humaine, qui allie la compétence et la sollicitude. Les soins palliatifs nous montrent que la douleur se soulage par des thérapies spécifiques, que la souffrance psychique ou existentielle (solitude, dépendance, angoisse, désespoir) se soulage par des relations interpersonnelles chaleureuses et authentiques, par la présence de personnes porteuses d’espérance pour celui qui désespère et par l’occasion donnée de garder ouverte la dimension spirituelle qui donne sens à la fin de vie ».
Marine Soreau