Doctrine de la Foi : Pour que la sexualité soit vue sous un jour positif

Print Friendly, PDF & Email

Note réfutant certaines lectures de « Lumière du monde »

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

ROME, Mardi 21 décembre 2010 (ZENIT.org) – La congrégation romaine pour la Doctrine de la Foi invite les catholiques à manifester leur proximité vis-à-vis des malades du sida, et explicite certaines erreurs quant à l’interprétation de la position morale de l’Eglise et de Benoît XVI pour ce qui est de la gravité de la prostitution et l’usage du préservatif. Il s’agit « d’humaniser » la sexualité humaine, et de ne pas la « banaliser », pour qu’elle soit vue « sous un jour positif » et puisse « exercer son effet bénéfique dans tout ce qui constitue notre humanité ».
La congrégation romaine pour la Doctrine de la Foi publie en effet une « Note » à ce propos dans L’Osservatore Romano en italien du 22 décembre, en réponse à « certaines lectures » de passage du livre entretien de Benoît XVI avec Peter Seewald « Lumière du monde » (éd. française, Bayard, novembre 2010).
Pour sortir de la confusion
La congrégation mentionne tout d’abord des « interprétations non correctes » qui ont semé la « confusion » sur la position de l’Eglise catholique concernant certaines questions de morale sexuelle ».
La Note déplore que la pensée du pape ait souvent été « instrumentalisée pour des desseins et des intérêts étrangers au sens de ses paroles », et souligne que cela apparaît « évident » lorsqu’on lit la totalité des chapitres qui abordent « la sexualité humaine ».
« L’intérêt du Saint-Père, précise la même source, apparaît clair : retrouver la grandeur du projet de Dieu sur la sexualité, en évitant sa banalisation ».
La Note déplore que certaines interprétations aient mis les affirmations du pape en « contradiction avec la tradition morale de l’Eglise », entraînant un accueil « positif » chez certains et de la « préoccupation » chez d’autres, comme s’il s’agissait d’une « rupture avec la doctrine sur la contraception, et avec l’attitude ecclésiale dans la lutte contre le sida ».
Et de préciser que le pape envisage un « comportement gravement désordonné comme celui de la prostitution » (Cf. Lumière du monde, pp. 158-161), sans aucune « modification » de la « doctrine morale » de l’Eglise ou de « pratique pastorale » de l’Eglise.
La question de la contraception
En effet, le pape n’envisage pas un cas de « morale conjugale » ni la norme sur la « contraception ». La Note cite l’encyclique de Paul VI « Humanae Vitae » (§ 14) qui exclut « toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation. »
Il serait donc « arbitraire », poursuit la Note de tirer des paroles de Benoît XVI l’idée qu’il serait « dans certains cas licite d’utiliser le préservatif pour éviter des grossesses indésirées ».
Le pape au contraire indique des « voies » que l’on peut emprunter « humainement et éthiquement » (pp. 193-194). Le pape écrit en effet : « Les perspectives dessinées dans Humanae Vitae demeurent justes. Mais trouver des chemins permettant de les vivre aujourd’hui est une autre affaire » (p. 193).
La Note souligne que le pape invite les pasteurs à travailler « davantage et mieux » pour la recherche de ces voies qui « respectent intégralement le lien inséparable entre la signification d’union et de procréation de tout acte conjugal, grâce éventuellement au recours à des méthodes naturelles de régulation de la fécondité en vue d’une procréation responsable ».
Le cas de la prostitution
Pour ce qui est de la page qui a fait couler beaucoup d’encre, la Note souligne ensuite qu’il s’agit d’un cas « complètement différent », puisque le pape parle de la prostitution, « un comportement que la morale chrétienne a toujours considéré comme gravement immoral » (Cf . Concile Vatican II, Constitution pastorale « Gaudium et spes », n. 27; Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2355).
La Note ajoute : « La recommandation de toute la tradition chrétienne – et pas seulement de celle-ci – devant la prostitution peut être résumée par les paroles de saint Paul : « Fuyez la fornication » (Ière Epître aux Corinthiens, ch. 16, v. 18). La prostitution doit donc être combattue et les organismes d’assistance de l’Eglise, de la société civile et de l’Etat doivent agir pour libérer les personnes impliquées ».
La congrégation prend aussi en compte la situation qui s’est créée avec la diffusion du sida « dans de nombreuses régions du monde », rendant le problème de la prostitution « encore plus dramatique », d’où cette analyse : « Qui sait être infecté par le sida et donc pouvoir transmettre l’infection, en plus du péché grave contre le sixième commandement, en commet également un contre le cinquième, parce qu’il met consciemment sérieusement en danger la vie d’une autre personne, avec des répercussions aussi sur la santé publique ».
Dans son livre, ajoute la même source, le pape « affirme clairement que les préservatifs ne constituent pas « la solution authentique et morale », au problème du sida, et que « se concentrer sur le seul préservatif veut dire banaliser la sexualité », parce que l’on ne veut pas affronter l’égarement humain qui est à la base de la transmission de la pandémie ».
Premier pas vers l’humanisation de la sexualité
La Doctrine de la foi souligne pourquoi le pape considère aussi le « bien » recherché par l’usage du préservatif : « On ne peut nier que qui a recours au préservatif pour diminuer le risque pour la vie d’une autre personne entend réduire le mal lié à son agir erroné. Dans ce sens, le Saint-Père relève que le recours au préservatif « dans l’intention de réduire le risque de contamination, peut cependant constituer un premier pas sur le chemin d’une sexualité vécue autrement, une sexualité plus humaine » (p. 161) ».
La Note fait observer que cette affirmation est « tout à fait compatible avec l’autre affirmation du Saint-Père : « Ce n’est pas la véritable manière de répondre au mal que constitue l’infection par le virus du VIH » (p. 160).
Le moindre mal, une théorie insoutenable
« Cette théorie, commente la Note, est susceptible d’interprétations fourvoyantes, de matrice rationaliste (cf. Jean-Paul II, encyclique Veritatis Splendor, §§ 75-77). Une action qui est un mal pour son sujet, même s’il est un moindre mal, ne peut pas être licitement voulu. Le Saint-Père n’a pas dit que la prostitution avec le recours au préservatif puisse être choisie licitement comme un moindre mal, comme d’aucuns l’ont dit. L’Eglise enseigne que la prostitution est immorale et doit être combattue. Cependant si quelqu’un qui pratique la prostitution et est infecté par le HIV agit pour réduire le risque de contagion, même en ayant recours au préservatif, cela peut constituer un premier pas dans le respect de la vie des autres, même si le caractère mauvais de la prostitution demeure dans toute sa gravité. De telles évaluations sont dans la ligne de la tradition théologique et morale soutenue par l’Eglise également par le passé. »
La sexualité, expression de l’amour
« Dans la lutte contre le sida, conclut la Note, que les membres et les institutions de l’Eglise catholiques sachent qu’il faut être proche des personnes, en soignant les malades » et en « formant » chacun à « vivre l’abstinence avant le mariage » et la « fidélité à l’intérieur du pacte conjugal ».
« Il faut aussi dénoncer, ajoute la Note, ces comportements qui banalisent la sexualité parce que, comme le dit le Pape, ils représentent la raison dangereuse pour laquelle tant de personnes ne voient plus dans la sexualité l’expression de leur amour. « C’est la raison pour laquelle le combat contre la banalisation de la sexualité est aussi une partie de la lutte menée pour que la sexualité soit vue sous un jour positif, et pour qu’elle puisse exercer son effet bénéfique dans tout ce qui constitue notre humanité » (Lumière du monde, p. 160). »
Anita S. Bourdin

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel