Les immigrés, « une injection d’enthousiasme » pour les sociétés d’accueil

Intervention de Mgr Vegliò au Capitole de Rome

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ROME, Mercredi 15 décembre 2010 (ZENIT.org) – Les immigrés constituent une « injection d’enthousiasme » pour la société qui les reçoit, a déclaré Mgr Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, lors du congrès « Brique sur brique », organisé vendredi dernier, au Capitole, à Rome, dans le cadre du projet de coopération transnationale entre l’Italie, l’Espagne et les Philippines.

« Leur créativité, leur ingéniosité et leur désir de succès, sont généralement de grands atouts pour le développement du pays qui les accueille, a-t-il expliqué soulignant que la présence de travailleurs étrangers et de leurs familles constitue « un élément propulseur pour le développement de certains secteurs comme le logement, la restauration, les agences de voyage et les points internet ».

Sans oublier, a-t-il ajouté, que « tant de sociétés de destination, vivent, grâce à l’immigration, un nouveau printemps démographique, caractérisé par une augmentation de la fécondité et de la natalité et par un ‘rajeunissement’ général de la population ».

Par ailleurs, a poursuivi Mgr Veglio, « La vie commune entre différents groupes ethniques sur un même territoire, offre une grande opportunité d’échanges culturels à différents niveaux : linguistique, littéraire, religieux, artistique, gastronomique et autres ».

Pays d’origine

De plus, les migrations internationales, a relevé le représentant du Saint-Siège, sont porteuses aussi de transformations économiques positives pour les sociétés d’origine, dans la mesure où elles « contribuent à diminuer le taux de chômage au niveau national », et favorisent les envois de fonds qui sont « une précieuse entrée » pour la stabilité de la monnaie locale et un remboursement de la dette extérieure ».

Mgr Veglio relève également « une amélioration des conditions de vie chez les familles des migrants, surtout en termes de pouvoir d’achat, ces dernières achetant plus ».

Dans tant de pays, a-t-il ajouté, « les administrations locales de provenance des migrants bénéficient de la solidarité et de la générosité philanthropique de leurs citoyens résidant à l’étranger », avec des « injections de capitaux » qui font du bien au développement de l’économie locale.

Les ombres

Mais le phénomène migratoire a aussi des ombres, a reconnu Mgr Vegliò, qui ont des retombées sur la société d’origine des migrants.

« Si d’un côté, l’argent envoyé par les migrants à leurs familles permet à celles-ci de subvenir à leurs besoins, dans tant d’autres cas, cet argent ne paraît pas avoir le pouvoir de sortir les familles de leur situation générale de pauvreté ».

Par ailleurs, l’augmentation de la présence féminine dans les mouvements migratoires « a engendré dans beaucoup de cas un bouleversement des rôles traditionnels au sein même de la famille », des études récentes montrant, par la même occasion, que les pères arrivaient difficilement à remplacer les mères dans l’attention qu’elles portent à leurs enfants.

Et puis, il faut considérer, selon Mgr Veglio, « le départ massif de jeunes, en pleine force de l’âge » qui représente déjà en soi un appauvrissement du capital humain, et les répercussions négatives que cela a sur tout le développement local ».

Cette fuite des nouvelles générations, a-t-il relevé, pose entre autres le sérieux problème des personnes âgées dont le sort reposaient habituellement sur les enfants ou les petits-enfants ».

Et puis, il nous faut reconnaître « la perte substantielle de confiance des migrants dans l’Etat et le gouvernement qui les a poussés à émigrer », un état d’esprit, a dit Mgr Veglio, qui peut avoir des conséquences néfastes sur la disponibilité même des migrants à collaborer activement au développement de leur propre pays.

Objectifs

Dans ce contexte général, « l’enseignement de l’Eglise, particulièrement attentive à promouvoir et protéger toute vie humaine, même celles de ceux qui sont impliqués dans les phénomènes migratoires, fait appel aux devoirs de solidarité et d’accueil des sociétés de destination des flux migratoires ».

Cela dit, l’Eglise ne manque pas de « mettre en avant les devoirs qui incombent aux migrants, de parler de réciprocité, rappelant que l’intégration constitue un engagement pour celui qui accueille mais aussi pour celui qui est accueilli, et de proposer une intégration sociale qui soit le résultat d’une ‘synthèse culturelle’ ».

Mgr Veglio indique par ailleurs la nécessité d’une juste répartition des biens de la terre, soulignant que « tant que le principe de co-responsabilité dans le développement de l’humanité, qui est le principe de base d’une claire conscience de la destination universelle des biens, ne sera pas respecté, il ne pourra y avoir de lecture positive de ce binôme émigration-développement ».

Mgr Veglio invite donc à mettre en œuvre des politiques et des programmes qui tiennent compte du caractère central de la personne humaine et du caractère inviolable de sa dignité », et à réaffirmer sans cesse l’inviolabilité des droits humains fondamentaux, indépendamment de la situation migratoire contingente ».

« S’engager à protéger et à promouvoir la dignité humaine, a conclu Mgr Veglio, ne saurait dépendre d’intérêts économiques ou de questions de sécurité nationale ».

Roberta Sciamplicotti

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ZENIT Staff

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