ROME, Samedi 6 novembre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a prononcé ce samedi, en fin de matinée, à son arrivée à l’aéroport de Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne. Le pape a été accueilli par le prince des Asturies Felipe et son épouse Letizia, ainsi que l’archevêque de Saint-Jacques de Compostelle, Mgr Julián Barrio Barrio et des représentants des autorités politiques et de l’Eglise d’Espagne.
En espagnol
Altesses Royales,
Autorités nationales, régionales et locales,
Monsieur l’archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle,
Monsieur le Cardinal Président de la Conférence Épiscopale Espagnole,
Messieurs les Cardinaux et Frères dans l’Épiscopat,
Chers frères et sœurs,
Chers amis,
Merci, Altesse, des aimables paroles que vous venez de m’adresser au nom de tous, et qui se font l’écho profond des sentiments d’affection que les fils et les filles de ces nobles terres éprouvent à l’égard du Successeur de Pierre.
Je salue cordialement toutes les personnes présentes ici et toutes celles qui s’unissent à nous à travers les moyens de communication sociale, remerciant également celles qui ont collaboré généreusement et à différents niveaux, ecclésial et civil, pour que ce bref mais intense voyage à Saint-Jacques-de-Compostelle et à Barcelone porte beaucoup de fruits.
Dans son for intérieur, l’homme est toujours en chemin, il est à la recherche de la vérité. L’Église participe à cette aspiration profonde de l’être humain et elle se met elle-même en chemin, accompagnant l’homme qui aspire ardemment à la plénitude de son être. En même temps, l’Église accomplit son propre cheminement intérieur, celui qui la conduit à travers la foi, l’espérance et l’amour, à se faire transparente au Christ pour le monde. C’est là sa mission et c’est son chemin : être toujours plus, au milieu des hommes, la présence du Christ, « qui est devenu pour nous sagesse, justice et sanctification, rédemption » (1 Co 1, 30). C’est pourquoi, je me suis mis moi aussi en chemin pour affermir mes frères dans la foi. (cf. Lc 22, 32).
Je viens en pèlerin en cette Année Sainte compostellane et j’ai dans le cœur le même amour pour le Christ qui poussait l’Apôtre Paul à entreprendre ses voyages, avec le vif désir de se rendre aussi en Espagne (cf. Rm 15, 22-29). Je souhaite m’unir ainsi au grand nombre d’hommes et de femmes qui, tout au long des siècles, sont venus à Compostelle de tous les coins de la Péninsule Ibérique et de l’Europe, et même, du monde entier, pour se mettre aux pieds de saint Jacques et se laisser transformer par son témoignage de foi. Avec les empreintes laissées par leurs pas et pleins d’espérance, ils tracèrent une route culturelle, de prière, de miséricorde et de conversion, qui s’est concrétisée par des églises et des hôpitaux, des hostelleries, des ponts et des monastères. C’est ainsi que l’Espagne et l’Europe acquirent une physionomie spirituelle marquée de façon indélébile par l’Évangile.
C’est précisément comme messager et témoin de l’Évangile que j’irai aussi à Barcelone pour fortifier la foi de son peuple accueillant et dynamique. Une foi semée dès l’aube du Christianisme, et qui germa et se développa à la chaleur d’innombrables exemples de sainteté, engendrant de nombreuses institutions de bienfaisance, de culture et d’éducation. Une foi qui poussa le brillant architecte Antoni Gaudí à entreprendre dans cette ville, avec la ferveur et la collaboration de beaucoup, cette merveille qu’est l’église de la Sagrada Familia [Sainte Famille]. J’aurai la joie de consacrer cette église, dans laquelle se reflète toute la grandeur de l’esprit humain qui s’ouvre à Dieu.
Je suis profondément heureux d’être à nouveau en Espagne, pays qui a donné au monde une multitude de grands saints, fondateurs et poètes, comme Ignace de Loyola, Thérèse de Jésus, Jean de la Croix, François-Xavier, et tant d’autres. L’Espagne qui, au XXème siècle, a suscité de nouvelles institutions, associations et communautés de vie chrétienne et d’action apostolique et qui, ces dernières décennies, chemine dans la concorde et l’unité, dans la liberté et la paix, en regardant l’avenir avec espérance et responsabilité. Animée par son riche patrimoine de valeurs humaines et spirituelles, elle s’efforce aussi de progresser au milieu des difficultés et d’offrir sa solidarité à la communauté internationale.
Ces contributions et ces initiatives de votre longue histoire, et celles d’aujourd’hui aussi, ainsi que l’importance de ces deux lieux de votre belle géographie que je visiterai à cette occasion, me poussent à élargir ma pensée à tous les peuples d’Espagne et d’Europe. Comme le Serviteur de Dieu Jean-Paul II qui, de Compostelle, exhorta le Vieux Continent à redonner vigueur à ses racines chrétiennes, je voudrais moi aussi exhorter l’Espagne et l’Europe à construire leur présent et à projeter leur avenir à partir de la vérité authentique de l’homme, de la liberté qui respecte cette vérité et ne la blesse jamais, et de la justice pour tous, en commençant par les plus pauvres et les délaissés. Une Espagne et une Europe préoccupées non seulement des besoins matériels des hommes, mais aussi des nécessités morales et sociales, spirituelles et religieuses, car ce sont là des exigences authentiques de l’unique homme et ainsi seulement, on œuvre de manière efficace, intègre et féconde pour son bien.
En galicien :
Chers amis, je vous redis toute ma gratitude pour votre accueil cordial et pour votre présence dans cet aéroport. Je redis mon affection et ma proximité aux bien-aimés fils de Galice, de Catalogne et des autres peuples de l’Espagne. En confiant à l’intercession de l’Apôtre saint Jacques ma présence parmi vous, je supplie Dieu d’accorder à tous sa bénédiction. Merci beaucoup.
© Copyright 2010 Libreria Editrice Vaticana
Traduction française distribuée par la salle de presse du Saint-Siège