ROME, Jeudi 21 octobre 2010 (ZENIT.org) – Un appel au dialogue et au respect entre les différentes religions a été adressé ce mardi par S. B. Antonios Naguib, patriarche des Coptes d’Alexandrie (Egypte) et Rapporteur général du Synode pour le Moyen-Orient.
Le prélat, qui sera créé cardinal le 20 novembre prochain, a participé à une rencontre avec les journalistes de la Salle de presse du Saint-Siège, soulignant les dangers de l’islamophobie quand on compare l’islamisme au terrorisme.
« Combien de musulmans y a-t-il dans le monde ? », s’est-il interrogé. « Ils sont 1 200 000 000 ». « Si l’on affirmait que 10 % sont terroristes, il y en aurait 120 millions, mais s’il y avait 120 millions de terroristes dans le monde, nous ne serions plus en vie ».
« Voilà le message », a-t-il dit. « Nous savons que c’est une question que l’on peut résoudre, il est possible de trouver des ponts, de réunir les idées, d’aider à mûrir, de se battre. C’est quelque chose de faisable ».
Le Moyen-Orient, a-t-il ajouté, a souffert de « jours noirs quand les chrétiens étaient persécutés et se sont réfugiés dans les pays musulmans les plus proches », et les deux communautés ont vécu ensemble pendant 14 siècles. « Nous vivons bien, nous sommes proches des musulmans ».
Et de prendre un exemple qui se vit quotidiennement dans sa communauté : « Une mère musulmane va faire ses courses et passe devant une voisine chrétienne. Elle frappe à la porte et dit : ‘S’il te plaît, peux-tu me garder les enfants jusqu’à mon retour ?’ ».
« Y a-t-il un dialogue plus fort que celui-ci ? », a demandé le patriarche aux journalistes. « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de difficultés », mais « je dis que ces problèmes, nous devons les affronter avec rationalité et comprendre la situation pour pouvoir trouver des solutions adaptées ».
Quant aux résultats du Synode dans les Eglises particulières, S. B. Naguib a affirmé : « Je ne sais pas si les fidèles sentiront directement que le Synode a changé leurs problèmes. C’est notre devoir » de le faire.
Les fruits, a-t-il ajouté, dépendront non seulement de l’action de l’Esprit mais aussi de la « bravoure des évêques, de leur travail et de leur capacité à communiquer le message qui viendra du Saint-Père ».
A la recherche de la paix
Interrogé sur le trafic d’armes de l’Orient à l’Occident, Mgr Naguib a affirmé que « si chaque mois, le monde économisait un jour de ce qu’il dépense pour l’armement, on pourrait combattre la pauvreté dans le monde entier ».
Avec l’autosuffisance économique, a-t-il observé, « cette colère, ce désir de vengeance sans aucune raison diminuera ».
En tout état de cause, il a affirmé ne pas croire que le point suivant serait inclus dans les conclusions : « L’Eglise n’a pas de rôle politique. Elle est plutôt un pasteur ».
Le célibat
Au cours de la conférence de presse, le patriarche a aussi été interpellé par un journaliste sur le thème du mariage des prêtres, le Code de droit canon faisant une exception permettant à des hommes mariés d’être ordonnés prêtres.
Cette exception concerne les Eglises qui se sont unies à Rome, auxquelles il a été permis de maintenir cette discipline qui n’a jamais existé dans l’Eglise latine.
« L’Eglise latine s’est battue pour le célibat, je respecte les instructions de l’Eglise latine », a affirmé le patriarche.
A ses yeux, le fait d’admettre ou non des prêtres mariés « ne résoudra pas le problème des vocations, et ne résoudra pas le comportement bon ou mauvais du prêtre ». Ce qui compte, a-t-il observé, c’est de vivre avec cohérence et fidélité la discipline avec laquelle il vit sa propre vocation.
Le patriarche a enfin signalé l’importance pour l’Eglise au Moyen-Orient de la valeur de la prière, qui « nous aide à poursuivre notre mission sur la terre où le Seigneur a voulu nous placer ».
Carmen Elena Villa