ROME, Mardi 19 octobre (ZENIT.org) – « Nous ne sommes pas seuls » et « soutenus par la prière, la compréhension et l’amour de tous nos frères et sœurs à travers le monde », nous devons travailler « pour préparer une nouvelle aube au Moyen-Orient » : c’est l’un des constats dressé à mi-parcours du Synode, le 18 octobre, par S. B. Antonios Naguib, patriarche d’Alexandrie des Coptes (Egypte).
Dans la Salle du Synode, en présence de Benoît XVI, le Rapporteur général du Synode pour le Moyen-Orient a fait une synthèse des différentes interventions qui se sont succédé au cours de ces derniers jours au sein des Congrégations générales et a offert quelques lignes directrices afin de faciliter les travaux des carrefours.
Dans son Rapport après le débat général, il a insisté sur cette « présence qui compte » au Moyen-Orient : celle d’un « petit reste » qui doit assumer sa « vocation » et sa « mission de témoignage, au service de l’homme, de la société, et de nos pays ».
Une mission qu’il a jugée primordiale : « Le danger qui menace les chrétiens du Moyen-Orient ne vient pas seulement de leur situation de minorité, ni des menaces extérieures, mais surtout de leur éloignement de la vérité de l’Évangile, de leur foi et de leur mission ». « Le vrai drame de l’homme n’est pas qu’il souffre à cause de sa mission, mais qu’il n’ait plus de mission, et ainsi perde le sens et le but de sa vie », a-t-il ajouté.
Franchise et honnêteté dans le dialogue avec les musulmans
Dans son Rapport, le patriarche égyptien est largement revenu sur les relations avec les musulmans. « Notre proximité avec les musulmans est consolidée par quatorze siècles de vie commune, comportant des difficultés et aussi beaucoup de points positifs », a-t-il estimé.
Il a souhaité un dialogue qui entamerait « une phase nouvelle de franchise, d’honnêteté et d’ouverture ». « Ceci est d’autant plus nécessaire que l’annonce islamique (‘Al Da’wat’) est de plus en plus active en Occident. Nous devons nous dire notre différente vision de la vérité », a-t-il insisté.
« Nous devons prendre en considération aussi que les musulmans ont différents courants d’enseignement et d’action », a ajouté le patriarche en citant « les fondamentalistes, les traditionalistes pacifiques – la majorité – qui tiennent l’islam comme la foi et la norme suprêmes et n’ont aucun problème à vivre sereinement avec les non-musulmans, et les modérés, ouverts à l’autre et qui sont plutôt une élite ».
« Le dialogue sera fructueux avec les personnes engagées à la défense des droits humains, de l’éthique fondée sur les principes de la nature humaine, de la famille, de la vie, et de l’État civique », a-t-il ajouté. « Encourageons ce courant de personnes modérées et sincères. Construisons ensemble une ‘cité de communion’ ».
Concernant les rapports avec le judaïsme, le patriarche a évoqué les « répercussions » du conflit israélo-palestinien sur les rapports entre chrétiens et juifs. « Nos Églises refusent l’antisémitisme et l’antijudaïsme », a-t-il affirmé en insistant sur « l’importance capitale » de la « prière pour la paix ».
Ne pas encourager l’émigration des chrétiens d’Orient
Dans son Rapport, le patriarche égyptien a aussi mis l’accent sur l’émigration, « l’un des grands défis qui menacent la présence des chrétiens dans quelques pays du Moyen-Orient ».
Causée principalement par « les situations économiques et politiques, la montée du fondamentalisme, et la restriction des libertés et de l’égalité, fortement aggravées par le conflit israélo-palestinien et la guerre de l’Irak », ce phénomène préoccupant incite « les jeunes, les personnes instruites, et les gens aisés » à partir, « privant l’Église et le pays des ressources les plus valables ».
« L’Église a le devoir d’encourager ses fidèles à rester comme témoins, apôtres, et constructeurs de paix et de bien-être de leurs pays », a-t-il ajouté. « Il est important d’éviter tout discours défaitiste, ou d’encourager l’émigration comme option préférentielle ».
Le concept d’Etat civique
S. B. Antonios Naguib est revenu sur le rôle des chrétiens, ‘citoyens indigènes’ au Moyen-Orient, qui appartiennent « de plein droit au tissu social et à l’identité même de leurs pays respectifs ».
Evoquant les « conditions qui favorisent la vie des chrétiens » au Moyen-Orient, il a rappelé le concept de « laïcité positive », évoquée comme un « facteur favorable » mais auquel on préfèrera le terme d’« Etat civique », moins « suspect d’athéisme ».
Le patriarche a aussi souligné la nécessité de sensibiliser les fidèles à l’importance d’une « présence visible et incisive dans la vie publique », se rendant « ‘indispensables’ par la qualité, l’efficacité et la capacité de servir honnêtement le bien commun ».
« L’éducation est un domaine privilégié de notre action et un investissement majeur », a-t-il ajouté. Les écoles chrétiennes sont souvent « le seul lieu de la formation chrétienne. Elles sont à maintenir à tout prix ».
Marine Soreau