ROME, Vendredi 25 juin 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a prononcé hier jeudi, lors de la bénédiction de la statue de Marie « salut du peuple romain », dans le Centre « Don Orione », sur le « Monte Mario », à Rome. La statue, endommagée lors d’un orage en octobre 2009, a été restaurée et replacée sur son piédestal le 15 juin dernier.
Chers frères et sœurs,
Je voudrais tout d’abord vous saluer tous cordialement, vous qui êtes ici rassemblés pour l’événement significatif d’aujourd’hui. De cette colline a recommencé à veiller sur notre ville la majestueuse statue de la Vierge, qui fut abattue il y a quelques mois par la furie du vent. Je salue tout d’abord le cardinal-vicaire Agostino Vallini et les évêques présents. J’adresse une pensée spéciale à don Flavio Peloso, réélu à la tête de l’Œuvre de don Orione, et je le remercie des paroles aimables qu’il a bien voulu m’adresser. J’étends ce salut aux religieux qui participent au 13e chapitre général, à ceux qui travaillent dans cette institution au service des jeunes et des personnes qui souffrent et à toute la famille spirituelle de Don Orione. J’adresse une pensée respectueuse au Maire de Rome, M. Gianni Alemanno – c’est aujourd’hui sa fête – : je désire lui exprimer par avance mes remerciements pour le concert que le Capitole m’offrira le soir du 29 juin ; il s’agit d’un geste qui témoigne de l’affection de toute la ville de Rome pour le Pape. Je salue également les autres autorités civiles et militaires. Je ne peux, enfin, que remercier de tout cœur ceux qui de différentes manières ont contribué à redonner à la statue de la Vierge sa splendeur originelle.
J’ai volontiers accueilli l’invitation de m’unir à vous pour rendre hommage à Marie « Salus populi romani », représentée dans cette merveilleuse statue si chère au peuple romain. Une statue qui rappelle des événements dramatiques et providentiels, écrits dans l’histoire et dans la conscience de la ville. En effet, celle-ci fut placée sur la colline du Monte Mario en 1953, pour répondre à un vœu populaire émis lors de la deuxième guerre mondiale, lorsque les hostilités et les armes faisaient craindre pour le destin de Rome. Des Œuvres romaines de Don Orione partit alors l’initiative de recueillir des signatures pour un vœu à la Vierge, auquel adhérèrent plus d’un million d’habitants. Le vénérable Pie XII recueillit la pieuse initiative de la population qui se confiait à Marie et le vœu fut prononcé le 4 juin 1944, devant l’image de la Vierge du Divin Amour. C’est précisément ce jour qu’eut lieu la libération pacifique de Rome. Chers amis de Rome, comment ne pas renouveler aujourd’hui aussi avec vous ce geste de dévotion à Marie « Salus populi romani » en bénissant cette belle statue ?
Les membres de la famille de Don Orione voulurent qu’elle soit grande et placée en hauteur, surplombant la ville, pour rendre hommage à l’éminente sainteté de la Mère de Dieu, qui, humble sur la terre, « a été exaltée au-dessus des chœurs des anges dans les royaumes célestes » comme le disait le Pape Grégoire VII (A Adélaïde de Hongrie), et pour avoir, en même temps, un signe de présence familière dans leur vie quotidienne. Que Marie, Mère de Dieu et notre Mère, soit toujours à la première place dans vos pensées et vos affections, singulier réconfort de vos âmes, guide sûr de votre volonté et soutien de vos pas, douce inspiratrice de l’imitation de Jésus Christ. Que la « Petite Vierge » – comme les romains aiment l’appeler – dans le geste de regarder d’en-haut les lieux de la vie familiale, civile et religieuse de Rome, protège les familles, suscite des intentions de bien, suggère à tous les désirs du ciel. « Regarder le ciel, prier, et ensuite aller de l’avant avec courage et travailler ! Je vous salue Marie et allons-y ! » exhortait saint Luigi Orione.
Dans leur vœu à la Vierge, les Romains promirent non seulement la prière et la dévotion, mais ils s’engagèrent également dans des œuvres de charité. Quant aux membres de la famille de Don Orione, ils réalisèrent dans ce centre de Monte Mario, avant même la statue, un lieu d’accueil des petits mutilés et des orphelins. Le programme de saint Luigi Orione – « Seule la charité sauvera le monde » – connut ici une concrétisation significative et devint un signe d’espérance pour Rome, en même temps que la petite Vierge placée sur la colline. Chers frères et sœurs, héritiers spirituels du saint de la charité, Luigi Orione, le chapitre général qui vient de se conclure a eu pour thème cette expression chère à votre fondateur, « Seule la charité sauvera le monde ». Je bénis l’intention et les décisions qui ont été adoptées pour relancer ce dynamisme spirituel et apostolique qui doit toujours vous caractériser.
Don Orione vécut de manière lucide et passionnée la tâche de l’Eglise de vivre l’amour pour faire entrer dans le monde la lumière de Dieu (cf. Deus Caritas est, n. 39). Il a laissé cette mission à ses disciples comme chemin spirituel et apostolique, convaincu que « la charité ouvre les yeux à la foi et réchauffe les cœurs d’amour envers Dieu ». Chers fils de la Divine Providence, continuez à avancer dans ce sillage charismatique qu’il a commencé, car, comme il le disait, « la charité est la meilleure apologie de la foi catholique », « la charité entraîne, la charité anime, elle conduit à la foi et à l’espérance » (Verbali, 26.11.1930, p. 95). Les œuvres de charité, que ce soit comme des actes personnels ou comme des services pour les personnes plus faibles dans de grandes institutions, ne peuvent jamais se réduire à des gestes philanthropiques, mais elles doivent toujours rester des expressions tangibles de l’amour providentiel de Dieu. Pour ce faire – rappelle Don Orione – il faut être « pétris de la charité très douce de Notre Seigneur » (Ecrits 70, 231) à travers une vie spirituelle authentique et sainte. Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible de passer des œuvres de la charité à la charité des œuvres, car – ajoute votre fondateur – « même les œuvres sans la charité de Dieu, qui les valorise devant lui, ne valent rien » (Aux psmc, 19.6.1920, p. 141).
Chers frères et sœurs, merci encore de votre invitation et de votre accueil. Que vous accompagne chaque jour la protection maternelle de Marie, que nous invoquons ensemble pour ceux qui travaillent dans ce Centre et pour toute la population romaine et, alors que j’assure chacun de mon souvenir dans la prière, je vous bénis tous avec affection.
© Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana
Traduction : Zenit