ROME, Mardi 22 juin 2010 (ZENIT.org) – Le secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Mgr Agostino Marchetto, a souligné l’importance de passer de la dimension multiculturelle à la dimension interculturelle.
C’était durant une conférence, intitulée « Multiculturalisme (de fait) et religion », dans le cadre du Conseil national des Barreaux italiens, organisé à Rome du 17 au 19 juin.
Le thème de la rencontre : « La sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales », rappelait le 60ème anniversaire de la signature de la Convention européenne sur ce sujet.
« L’urgence d’aujourd’hui et le secret de l’avenir », a déclaré Mgr Marchetto, « résident dans le dialogue entre les personnes, les communautés, les autorités et organisations civiles, les peuples, les cultures et les religions pour s’opposer à la fermeture et à l’intolérance qui, au fond, naissent de l’idolâtrie de soi-même, de son propre groupe et de sa propre tradition socioculturelle ».Pour Mgr Marchetto, « l’accueil ‘dialoguant’ s’exprime dans une rencontre authentique qui se sert de cet art difficile mais inépuisable qui consiste à conjuguer ensemble l’aspect personnel et l’aspect de groupe, à articuler les identités, complémentarités, coresponsabilités et créativités, en passant de la dimension multiculturelle à la dimension interculturelle, offrant des espaces dynamiques à la réciprocité et à la fécondité ».
Le représentant du Saint-Siège a demandé « non pas l’homme au-dessus, contre ou sans l’autre homme, mais ensemble, tous, pour une société nouvelle. A commencer par l’Europe, afin qu’elle se place dans le droit fil de son humanisme originel ».
La tolérance, a-t-il souligné, « ne suffit plus ». « Il faut passer nécessairement à la ‘convivialité des différences’ ».
« La question ne se résout donc pas en nous demandant ‘qui est l’autre’ ou ‘qui suis-je’, mais plutôt ‘ qui suis-je par rapport à l’autre’ ».
A ce propos, Mgr Marchetto a rappelé « l’importante contribution à l’éducation, même permanente, des médias, dans leur façon d’agir, de la politique dans sa façon de s’engager et de la religion, dans sa mission propre, pour atteindre le but que nous visons ».
Il a ensuite relevé que « notre époque est faite de rencontres entre les personnes et les peuples de différentes cultures, nationalités et religions », un processus dans lequel les migrations « jouent un rôle significatif ».
Mgr Marchetto a ensuite déploré le fait que « les différences légitimes » aient été « utilisées pour dominer ou pour discriminer », et qu’elles ne sont donc pas toujours « considérées à leur juste valeur ».
Aussi signale-t-il la nécessité de « concevoir la juste diversité comme une valeur, en développant une vision plurielle de la réalité ».
« Le pluralisme, en effet, par principe et en soi, implique reconnaissance, respect, promotion des diversités, des droits de tous, dans un climat d’harmonie et de cohabitation pacifique », a-t-il expliqué.
Quoiqu’il en soit, sa réalisation « ne peut s’arrêter à une simple constatation d’un fait donné, d’une déclaration ».
Sur ce point, il a signalé la fonction importante de la religion, « pour favoriser l’acceptation de la réalité changeante de notre temps, sans perdre de vue sa propre identité, mais également l’engagement à faire grandir le respect envers les femmes et les hommes d’origines différentes, en particulier dans les régions où les migrations sont fortes ».
« Mais le respect ne suffit toutefois pas, car nous devons accueillir, comme expression d’amour », a-t-il ajouté.
D’où, selon lui, la nécessité d’« une vision qui permette, dans une réalité aussi complexe que la nôtre aujourd’hui, difficile et contradictoire, de saisir aussi en Europe les signes d’un monde nouveau qui naît, où la religion a un rôle très important, que nous le voulions ou non ».
« Ainsi, dans le domaine culturel, se fraye une ‘mens’ toujours plus transnationale, que nous pourrions aussi définir interculturelle, dans la mesure où les avancées technologiques, dans leur évolution incessante , nous mettent en situation de ‘vivre’ en même temps dans divers milieux sociaux ».
Dans l’univers religieux existe aussi « la possibilité de réaliser une fraternité universelle, autrement dit une unité où les différences ne sont pas gommées, mais vécues dans leur identité ‘relationnelle’ ».
« Le phénomène migratoire devient un laboratoire où l’ouverture, l’accueil et le respect des cultures des autres peuvent être mis à l’épreuve, tandis que les valeurs humaines et religieuses, qui ne sont pas en contradiction, soutiennent et motivent leurs divers parcours et tentatives ».
« Du reste, les notes de l’accueil, de ‘l’itinérance’ et de la communion sont les points de référence dynamiques dans la recherche d’un amour authentique vis à vis de l’autre, spécialement dans les contextes où le multiculturalisme est bien plus présent », a-t-il ajouté.
« Les déplacements migratoires créent des occasion de rencontre avec des personnes d’autres cultures et religions, qui nous interpellent et invitent à abandonner des certitudes et certains schémas mentaux pour nous mettre en chemin vers l’autre et lui offrir un dialogue interculturel, interreligieux ». a-t-il conclu.