ROME, Mercredi 16 juin 2009 (ZENIT.org) – Saint Thomas d’Aquin « propose un concept de la raison humaine ample et confiant », fait observer Benoît XVI dans sa seconde catéchèse du mercredi sur le « Docteur angélique ».
Le pape rappelle que « l’étude de sa pensée a été explicitement recommandée par le Concile Vatican II dans deux documents, le décret Optatam totius, sur la formation au sacerdoce, et la déclaration Gravissimum educationis, qui traite de l’éducation chrétienne ». Et, « en 1880, le Pape Léon XIII, un grand amateur et promoteur des études thomistes, voulut déclarer saint Thomas Patron des écoles et des universités catholiques ».
« Pour l’éminent théologien Thomas d’Aquin, la vérité est accessible à la raison humaine. Comme la foi, la raison dérive de l’unique source de toute vérité : le Logos divin », a affirmé le pape.
« Mais, a-t-il ajouté, la raison accueille une vérité en vertu de son évidence intrinsèque, alors que la foi accepte une vérité sur la base de l’autorité de la Parole de Dieu ».
Ainsi, « la raison peut rendre un triple service à la foi : démontrer ses fondements, expliquer ses vérités, et repousser les objections contre elle ».
Le pape précise en effet que « ce n’est pas seulement la foi qui aide la raison », car « la raison elle aussi, avec ses moyens, peut faire quelque chose d’important pour la foi, en lui rendant un triple service que saint Thomas résume dans le préambule de son commentaire au De Trinitate de Boèce: « Démontrer les fondements de la foi ; expliquer à travers des similitudes les vérités de la foi ; repousser les objections qui sont soulevées contre la foi » (q. 2, a. 2). »
Le pape fait observer que « toute l’histoire de la théologie est, au fond, l’exercice de cet engagement de l’intelligence, qui montre l’intelligibilité de la foi, son articulation et son harmonie interne, son caractère raisonnable, sa capacité à promouvoir le bien de l’homme ».
Le pape rappelle ce qu’est le « langage analogique » de la théologie : « La justesse des raisonnements théologiques et leur signification réelle de connaissance se basent sur la valeur du langage théologique, qui est, selon saint Thomas, principalement un langage analogique. La distance entre Dieu, le Créateur, et l’être de ses créatures est infinie; la dissimilitude est toujours plus grande que la similitude (cf. DS 806). Malgré tout, dans toute la différence entre le Créateur et la créature, il existe une analogie entre l’être créé et l’être du Créateur, qui nous permet de parler avec des paroles humaines sur Dieu ».
Le pape conclut que saint Thomas d’Aquin « propose un concept de la raison humaine ample et confiant : ample, car il ne se limite pas aux espaces de la soi-disant raison empirique-scientifique, mais il est ouvert à tout l’être et donc également aux questions fondamentales et auxquelles on ne peut renoncer de la vie humaine ; et confiant, car la raison humaine, surtout si elle accueille les inspirations de la foi chrétienne, est promotrice d’une civilisation qui reconnaît la dignité de la personne, le caractère intangible de ses droits et le caractère coercitif de ses devoirs ».
Il souligne l’importance de cet enseignement pour le respect de la dignité humaine : « Il n’est pas surprenant que la doctrine sur la dignité de la personne, fondamentale pour la reconnaissance du caractère inviolable de l’homme, se soit développée dans des domaines de pensée qui ont recueilli l’héritage de saint Thomas d’Aquin, qui avait une conception très élevée de la créature humaine ».
Le pape indique aussi la source de cette pensée : « La profondeur de la pensée de saint Thomas d’Aquin découle – ne l’oublions jamais – de sa foi vivante et de sa piété fervente, qu’il exprimait dans des prières inspirées, comme celle où il demande à Dieu : «Accorde-moi, je t’en prie, une volonté qui te recherche, une sagesse qui te trouve, une vie qui te plaît, une persévérance qui t’attend avec patience et une confiance qui parvienne à la fin à te posséder». »
Pour les francophones, le pape a ajouté : « Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins de langue française, venus particulièrement de France et de Belgique. Que votre pèlerinage à Rome soit pour vous l’occasion de découvrir toujours plus profondément le visage du Seigneur. Que Dieu vous bénisse ! »
<i>Anita S. Bourdin