ROME, Vendredi 11 juin 2010 (ZENIT.org) – Des prêtres qui ont découvert et cultivé leur vocation durant une guerre, des hommes qui ont laissé derrière eux une vie consacrée au vice, des hommes qui ont découvert leur vocation alors que leur pays connaissait une crise de la foi ou au cours d’une maladie…
Ces témoignages de vocations sacerdotales sont ceux qui ont été entendus mercredi dans la salle Paul VI, devant des milliers de personnes, lors de la rencontre : « Prêtres aujourd’hui », organisée mercredi pour la clôture de l’Année sacerdotale.
La rencontre était organisée par des prêtres du mouvement des Focolari et du mouvement de Shoenstatt, en collaboration avec le Renouveau charismatique catholique international et d’autres mouvements d’église d’Europe et d’Amérique latine, avec le soutien de la Congrégation pour le clergé.
Chorégraphies, chansons, vidéo sur la vocation du prêtre et quelques extraits des discours de Benoît XVI en cette Année sacerdotale, ont étayé la rencontre qui s’est déroulée dans un climat de fête et de prière, en présence de milliers de prêtres, venus des cinq continents.
Tous les prêtres ont pu suivre en traduction simultanée les témoignages de dizaines de prêtres racontant comment Dieu avait touché leur cœur et continuait à les encourager à rester fidèles à cet appel.
Vocation dans la guerre
Les premiers à avoir raconté l’histoire de leur vocation sont trois prêtres africains du Burundi : Ildephonse Niyogabo, Pasteur Manirambona et Marc Bigirindavyi. Le premier est entré au séminaire en 1992, très peu de temps avant que la guerre civile n’éclate dans son pays. Les troupes ont envahi le petit séminaire de Buta, où il était en formation.
« Je me souviens que le 29 avril 1997 les adversaires sont entrés dans notre séminaire. Nous nous demandions comment il fallait nous comporter », a-t-il témoigné.
« Nous avons pensé rester unis », a rapporté le jeune prêtre. « Ils ont commencé à tirer dans tous les sens. Nous, nous sommes restés unis et ce jour-là j’ai perdu mon frère en même temps que d’autres ».
« J’ai été touché et me suis retrouvé sous le lit. Puis il y a eu une forte explosion. Ils avaient lancé une grenade tout près de nous ».
« Ils ont continué à tirer. Dans cet enfer mes camarades mouraient en disant : ‘Dieu, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font’. Les autres se sont mis à panser les plaies de nos camarades blessés, s’exposant à la mort », a-t-il poursuivi.
Le père Niyongabo a reconnu avoir vécu, après cet épisode, un combat intérieur, commençant à se demander s’il était nécessaire de devenir prêtre pour être un bon chrétien. Le recteur du séminaire lui a ensuite demandé d’enseigner chez eux, et là il a de nouveau entendu l’appel. « Je suis entré au grand séminaire et en 2004, je suis devenu prêtre », a-t-il conclu.
Culture sécularisée
Mgr Joseph Grech, évêque de Sandhurst (Australie), qui participait lui aussi à la rencontre, est intervenu, pour dire que le seul objectif de sa vocation sacerdotale consiste à « aider les gens à avoir une relation profonde avec Jésus Christ ».
« Je remercie Dieu pour mon curé qui un jour, peu de temps après mon arrivée à la paroisse, s’est mis à prier avec moi. Il a demandé que je puisse être un témoin du Christ ressuscité ».
« Je sens au plus profond de mon cœur que Jésus est présent dans tout ce que je fais et touche ceux que je rencontre comme il le faisait quand il marchait sur les routes d’Israël », a dit l’évêque.
Libéré de l’esclavage de l’alcool
Le père Helmut Kappes, d’Allemagne, a fait part des problèmes d’alcoolisme qui l’affligeaient lorsqu’il était jeune. « Je pensais que l’alcool m’aidait à mieux affronter les situations difficiles. Au contraire, celles-ci ont augmenté », a-t-il déclaré.
Si bien qu’il a décidé de commencer une thérapie : « Divers colloques me firent comprendre combien il était important d’écouter ce qui était au fond de mon âme ».
Aujourd’hui, le père Kappes travaille à plein temps dans l’apostolat. « Je me sens soutenu par ma communauté », a-t-il commenté.
Dans l’épreuve de la maladie
Le père vénézuélien Cristian Díaz Yepes a raconté que lorsqu’il était jeune il voulait devenir peintre et écrivain, « mais Dieu m’appelait à quelque chose de bien plus grand ».
Néanmoins, son parcours vers l’ordination sacerdotale n’a pas été sans épreuves, car on avait diagnostiqué chez lui une sclérose multiple, une maladie qui l’aurait empêché d’être ordonné. « Je pensais avoir perdu une belle vocation ; grâce à l’aide d’un prêtre et de laïcs je compris que mon nouvel appel consistait à ne choisir que Dieu ».
« J’ai voulu vivre chaque instant avec intensité pour que mes camarades comprennent cette vocation que j’étais censé perdre », a témoigné le père Díaz.
Sa santé a connu une amélioration, et les directives du séminaire lui ont permis de rester. Entre son ordination diaconale et son ordination sacerdotale, il a été atteint d’une autre maladie, mais l’a surmontée et il est devenu prêtre. « Je suis sûr que ma sécurité n’est autre que Dieu », a-t-il conclu.
Au milieu de scandales
Un prêtre irlandais, le père Brendan Purcell, est monté ensuite sur l’estrade, pour partager l’histoire de sa vocation avant de commenter le moment difficile que vit l’Eglise en Irlande à cause des scandales d’abus sexuels commis par des prêtres dans le pays.
Il a raconté avoir été, un jour invité à parler dans une émission de télévision où l’on débattait de cette question. « Je ne dois pas me mettre au dessus, je dois seulement aimer », était son sentiment.
« Au lieu de dire que je n’avais rien à voir avec cette affaire, j’ai parlé de ma honte et pris sur moi les péchés des autres », a-t-il dit, précisant qu’une victime participait elle aussi au programme. « Je m’attendais à une attaque de sa part, alors qu’elle a dit : ‘ Cela fait du bien d’entendre un prêtre qui parle ainsi’ ».
La rencontre de mercredi, dans la salle Paul VI, s’est terminée à 19h30 par les vêpres solennelles présidées par le cardinal Claudio Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé, qui, avant de commencer son homélie, s’est adressé spontanément à l’assemblée disant que cette rencontre lui rappelait « Jean Paul II en cette mémorable veillée de Pentecôte 1998. Un événement vraiment grandiose et très important ».
Voir tant de prêtres ensemble, a-t-il souligné, « nous rajeunit, nous donne la joie d’être prêtres ».
Il a ensuite invité les prêtres à être des témoins dans cette culture : « C’est parfois un peu difficile, mais il est possible d’évangéliser toutes les cultures. Toutes ont du bon et du vrai », a-t-il conclu.
Carmen Elena Villa