« Le père Matteo Ricci et le dialogue entre foi et culture », par le card. Rylko

Une des figures « les plus significatives de l’histoire de l’humanité »

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ROME, Jeudi 25 février 2010 (ZENIT.org) – Pour le cardinal Rylko, le P. Matteo Ricci, sj, est « une figure comptant parmi les plus significatives de l’histoire de l’humanité » : un savant et un missionnaire qui « jeta les bases d’un développement de la connaissance réciproque et du dialogue entre l’Orient et l’Occident ».

Soulignant l’actualité du P. Ricci, il ajoute : « L’exemple du père Ricci indique clairement la route à suivre pour vaincre la méfiance et préparer le terrain en vue d’une collaboration effective et durable ».

Le cardinal Stanislas Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs est intervenu à Paris, à l’UNESCO, de façon passionnante sur le thème : « Le père Matteo Ricci et le dialogue entre foi et culture », lors du colloque du 16 février, sur le thème : « Aux carrefours de l’histoire : le jésuite Matteo Ricci (1552-1610) entre Rome et Pékin » (cf. Zenit du 23 février 2010).

Connaissance réciproque et dialogue

« Homme de science et missionnaire, à une époque de grand ferment culturel et économique, à cheval entre le XVIème et le XVIIème siècle, Matteo Ricci jeta les bases d’un développement de la connaissance réciproque et du dialogue entre l’Orient et l’Occident ; entre Rome, cœur de la chrétienté, et Pékin, où depuis plus de deux siècles régnait la grande dynastie des Ming », a rappelé le cardinal Rylko.

Il souligne « son actualité indéniable et permanente » car Matteo Ricci « sut développer un dialogue basé sur l’amitié, sur le respect des us et coutumes, sur la connaissance de l’esprit et de l’histoire de la Chine ».

« C’est cette attitude, dépourvue de préjugés et de tout esprit de conquête, qui a permis à ce jésuite européen d’établir avec le peuple chinois un rapport de confiance et d’estime, fait observer le cardinal Rylko. Ce n’est pas un hasard si sa première œuvre en langue chinoise fut consacrée au thème de l’amitié. Or, ce recueil de 100 maximes sur l’amitié, puisées chez les classiques grecs et latins, suscita une grande stupeur chez les Chinois qui admirèrent la sagesse et la richesse spirituelle de cet homme venu de l’extrême Occident ».

Profil et teneur de vie du lettré

Comment s’y prit-il ? « Il s’engagea pleinement pour apprendre sa langue et approfondit l’étude des classiques confucéens, au point d’être considéré comme un expert égal, sinon supérieur, aux lettrés chinois qui se pressaient pour le connaître et s’entretenir avec lui. En somme, il se fit Chinois parmi les Chinois, en s’adaptant en tout à leurs coutumes et en adoptant – après dix années d’analyse attentive et de connaissance de leur réalité – le profil et la teneur de vie du lettré, c’est-à-dire de cette catégorie de personnes qui orientait et guidait la société chinoise dans la ligne de la continuité avec la philosophie et la tradition confucéennes ».

Mais il favorisa aussi un véritable «  échange culturel bénéfique (…) sur tous les fronts du savoir humain » :  « De la cartographie à l’astronomie, de la philosophie à la religion, des mathématiques aux techniques mnémoniques, en passant par les horloges mécaniques, la peinture et la musique : aucun domaine du savoir humain qui n’ait constitué un terrain fécond de confrontation et d’enrichissement réciproque entre les Chinois et cet homme que la Providence, selon ses amis lettrés chinois eux-mêmes, avait envoyé pour donner encore plus de lustre à la dynastie des Ming et pour faire participer les Chinois aux progrès que la science et la technique avaient réalisés au cours de la Renaissance européenne ».

Pourtant, ajoute le cardinal Rylko, ce qui fait son « son actualité permanente » c’est son « désir d’apporter au grand peuple chinois l’annonce évangélique comme couronnement de ce riche cheminement culturel et social ».

C’est ainsi qu’il a élaboré « une nouvelle stratégie que l’on pourrait résumer par le mot  » inculturation  » : une optique dans laquelle la culture du peuple chinois n’est plus un obstacle à surmonter, mais une ressource pour l’Evangile », explique le cardinal Rylko.

Ambassadeur d’amitié et de vérité

Il fait remarquer que « cette originalité de la méthode » de Matteo Ricci, est « née d’une vision de la foi qui ne s’oppose ni à la science, ni à la raison, ni à la culture, mais qui entre en harmonie profonde et substantielle avec elles », et de citer le « Message à S. Exc. Claudio Giuliodori, évêque de Macerata » de Benoît XVI, en date du 6 mai 2009, à l’occasion de ce IVe centenaire (cf. Zenit du 19 mai 2009).

« Son labeur intellectuel et spirituel a eu pour finalité ultime de greffer dans les consciences et dans la culture chinoise les germes de la nouveauté et de la plénitude de la Révélation chrétienne. Il savait que le plus grand don que les chrétiens peuvent offrir aux peuples de l’Asie, c’est d’annoncer Jésus-Christ, qui répond à leur profonde quête d’Absolu et dévoile les vérités et les valeurs qui garantissent un développement intégral », a expliqué le cardinal Rylko, en citant ainsi l’exhortation apostolique de Jean-Paul II « Ecclesia in Asia » (n̊ 20).

« Ambassadeur d’amitié et de vérité, quatre cents ans après sa mort, il se dresse encore comme un exemple fulgurant d’ouverture universelle et de capacité à bâtir des ponts entre les civilisations et les cultures, en se faisant – en tant que messager de l’Evangile – l’artisan du bien véritable et du développement authentique des peuples. Je vous remercie de votre attention », a conclu le cardinal Rylko.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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