ROME, Mercredi 24 février 2010 (ZENIT.org) – De nouvelles violences anti-chrétiennes ont été perpétrées en Irak, à Mossoul, où un père et ses deux fils, chrétiens, syro-catholiques, ont été assassinés, chez eux, dénonce Radio Vatican.
Ces trois meurtres portent à huit le nombre des chrétiens tués au cours des dix derniers jours dans cette ville qui se trouve au Nord de Bagdad.
L’aide des pays étrangers
Les homicides s’ajoutent au « climat de peur » qui mine aussi « l’espérance » d’un avenir meilleur, souligne Radio Vatican.
Au lendemain de l’appel lancé par les évêques au gouvernement irakien, Mgr Shlemon Warduni, vicaire patriarcal chaldéen de Bagdad, lance un appel aussi à la communauté internationale sur Radio Vatican.
« Nous demandons à tous, a-t-il déclaré, aux pays étrangers, au gouvernement central et au gouvernement de la région de Mossoul, de considérer les chrétiens comme de bons citoyens. Nous faisons de notre mieux pour défendre l’Irak. Nous sommes prêts à accomplir nos devoirs et c’est pour cela que nous réclamons nos droits. Nous demandons à être protégés, rien d’autre ».
Ce n’est pas une question politique
Or, dans deux semaines, le 7 mars, ce sont les élections générales, et Mgr Warduni ajoute : « Nous voulons que tous participent aux élections, parce que c’est un droit et un devoir pour nous tous, si nous voulons vraiment construire notre pays. Et puis il faut élire les personnes adéquates : on ne doit pas regarder la religion, les partis ou les ethnies, mais on doit considérer avant tout le bien de l’Irak. C’est pourquoi nous demandons de ne pas politiser la question des chrétiens, parce que nous sommes avec tous ceux qui veulent le bien de l’Irak, qui veulent construire l’Irak. Nous sommes prêts à tout faire pour cela, y compris à demander à tous ceux qui lancent ces attaques de regarder le ciel, d’avoir la crainte de Dieu, parce que le Seigneur veut que personne ne tue l’autre. La vie vient de Dieu et revient à lui, nous sommes donc pour un pays qui vive en paix et dans la sécurité ».
Mais que serait l’Irak sans les chrétiens ? Mgr Warduni répond : « Il manquerait certainement une bonne partie du pays, à la fois pour sa culture et pour la civilisation, mais aussi pour le bien commun, parce que aimer les autres, ce n’est pas si facile. Promouvoir l’unité de tous, ce n’est pas facile. Nous semons cet esprit d’amour et d’unité ».
Les funérailles des trois chrétiens tués hier par des hommes armés, dans leur maison, ont eu lieu ce matin, en présence d’évêques, de prêtres de différents diocèses d’Irak et de nombreux fidèles, comme l’a rapporté à Radio Vatican l’archevêque syro-catholique de Mossoul, Mgr Georges Casmoussa. C’étaient le père et les deux frères du père Mazen Ishoa, lui-même enlevé puis relâché en 2005.
Mgr Casmoussa fait observer que « dans toutes les élections il y a des problèmes, mais pas au point de tuer les gens et en particulier les chrétiens : les chrétiens sont tués non pas pour des raisons politiques, mais parce qu’ils sont chrétiens ».
Protestation de la population chrétienne
« Nous avons parlé, ajoute-t-il, avec le gouverneur et il a promis une enquête. Hier, il m’a appelé et il a promis que ses forces militaires seraient employées pour chercher les responsables de cet assassinat. Mais nous n’avons eu aucun retour ».
Après le meurtre de ces trois chrétiens, de nombreuses familles de Mossoul envisagent de quitter la ville. Dans cette situation dramatique, l’Eglise irakienne a annoncé différentes initiatives.
Mgr Casmoussa fait état de la réunion d’un « conseil des Eglises de Ninive », composé d’évêques catholiques et orthodoxes, au cours duquel ils ont décidé que le prochain dimanche de mars, seront organisés des moments de prière dans cette ville chrétienne : « Le dimanche suivant, en protestation, nous ne célébrerons pas la messe dans les églises de la ville de Mossoul, et nous lancerons ainsi un message au gouvernement ».
Anita S. Bourdin