ROME, Vendredi 19 février 2009 (ZENIT.org) – Plus d’un million de pèlerins ont déjà réservé leurs places pour assister à l’ostension solennelle du Saint-Suaire de Turin, prévue du 1er avril au 23 mai prochains, mais leur nombre pourrait atteindre les deux millions, selon les dernières estimations.
D’après les chiffres rendus publics lors d’une conférence presse à l’Association de la presse étrangère, mercredi dernier à Rome, il y aurait déjà 963.639 pèlerins d’Italie inscrits et 63.836 inscriptions de l’étranger (12 du Burkina Faso, 8 des Terres polaires arctiques, 497 d’Argentine, 145 du Japon et 2605 de la Fédération russe).
93% des pèlerins ont réservé leur visite, impérativement gratuite, sur Internet à l’adresse www.sindone.org; les autres réservations peuvent être effectuées en appelant le numéro vert 008000SINDONE ou un des autres numéros du Centre de réservation Sindone 2010.
Toute la « machine » d’accueil pour l’Ostension 2010 repose sur l’aide de près de 4.500 volontaires. « Ceux qui collaborent à cet évènement, a souligné Maurizio Bardello, directeur du Comité pour l’ostension, le font à titre bénévole ».
L’organisation est par ailleurs bâtie sur des « critères de sobriété, avec des coûts contenus et en évitant toute sorte de gaspillage. On prévoit en effet une large utilisation de produits recyclables et une partie des œuvres en cours de réalisation ont un caractère permanent, comme les interventions effectuées au Palais Chiablese où les pèlerins pourront s’arrêter pour l’adoration eucharistique et avoir accès au sacrement de la confession ».
Au-delà des aspects économiques, une attention particulière sera accordée au respect de l’environnement en utilisant du matériel écocompatible et en adoptant des solutions ayant très peu d’impact sur l’environnement.
« Pour réduire les effets de l’arrivée de près de 20.000 cars dans la ville, a déclaré Maurizio Bardello, une contribution financière de 30 euros sera demandée à chacun d’eux, lesquels serviront exclusivement à planter de nouveaux arbres ».
« L’itinéraire que les pèlerins suivront pour arriver à la cathédrale, a expliqué Fiorenzo Alfieri, président du comité pour l’Ostension 2010 et assesseur à la culture de la ville de Turin, prévoit le passage à travers les jardins royaux et la Nouvelle Manche du Palais royal pour ensuite déboucher dans le secteur du Théâtre romain et remonter jusqu’à la grande place du clocher de la cathédrale. Là se trouvera un pavillon de ‘prélecture’, soit un parcours d’images et d’explications préparant à la visite du Saint-Suaire, après quoi s’effectuera l’entrée dans la cathédrale ».
« Le parcours, a ajouté Fiorenzo, aura une seule entrée, reposera sur des estrades et sera protégé, couvert et sans barrières architecturales. On y accèdera muni de son billet de réservation toutefois, au point d’accueil pour les pèlerins et touristes de piazza Castello, pourront être délivrés des billets sur le moment et en fonction des disponibilités ». A l’intérieur de la cathédrale, « le parcours se fera sur trois niveaux pour permettre au plus grand nombre de personnes de voir le Linceul de façon optimale ».
Que viendront voir les pèlerins du monde à Turin ? « Un drap de lin atypique, a expliqué Mgr Giuseppe Ghiberti, président de la commission diocésaine pour le Saint-Suaire, mesurant 4,41m de long et 1,13m de large, portant les traces d’un homme mort, qui a été torturé et crucifié ».
Selon la tradition, il s’agit d’un drap utilisé pour envelopper le corps de Jésus dans le tombeau ; sans nul doute, celui-ci « correspond très fidèlement, il en est ‘le reflet’, au récit littéraire des Evangiles sur la mort de Jésus ». Le linceul est donc « un signe pauvre » qui renvoie, pour celui qui croie « à un évènement unique dans l’histoire ».
Si, concernant la datation du Linceul, il y existe deux opinions divergentes, l’une l’attribuant à l’époque romaine et l’autre à l’époque médiévale, aucun scientifique ne peut dire avec certitude comment l’image s’est formée sur la toile : les tentatives ont été nombreuses, mais aucune réponse exacte n’a été apportée ».
Pourquoi l’Eglise s’y intéresse-t-elle ? « Etant un écho du message de l’Evangile, a expliqué Mgr Ghiberti, ce linceul devient un outil d’évangélisation et donc une responsabilité en ce sens pour l’Eglise elle-même ».
Le linceul exposé cette année, et dont les dernières ostensions remontent aux années 1998 et 2000, a été soumis à une opération de conservation lancée en 2002, pour le nettoyer de déchets organiques dont il était imprégné depuis l’incendie de Chambéry (où il était conservé avant son arrivée en Italie) en 1532.
Le linceul a également été libéré des pièces de tissus, constituant des « rafistolages » effectués par les clarisses de Chambéry, et du support sur lequel il était fixé depuis 1534 pour être transféré dans la nouvelle vitrine de conservation réalisée par l’Alenia Aéronautique de Turin.
« Il ne peut être laissé pour toujours à la vénération des fidèles, a expliqué Mgr Ghiberti, à cause de la lumière qui provoquerait son oxydation, ternissant le tissu et décolorant les contours de l’image. Mais il est nécessaire de le faire de temps en temps, sinon quel serait l’intérêt d’avoir un tel signe ? ».
« Le Saint-Suaire est porteur d’un message, qui aide à s’interroger sur sa propre foi, a conclu Mgr Ghiberti. Quant à nous, il nous revient d’offrir toutes les explications et puis laisser la réflexion au cœur de chacun ».
Chiara Santomiero