Bangladesh : Premiers prêtres de chez les aborigènes khasi

Un « moment historique »  pour l’archevêque de Dacca

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ROME, Jeudi 4 février 2010 (ZENIT.org) – L’ordination, le 29 janvier dernier, de deux prêtres de l’ethnie khasi a été, selon les mots de Mgr Paulinus Costa, archevêque de Dacca, un « moment historique » pour l’Eglise du Bangladesh, rapporte aujourd’hui « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).

« Une page nouvelle de l’histoire khasi vient de s’ouvrir. C’est une grande joie pour l’Eglise du Bangladesh d’accueillir de nouveaux prêtres issus de ce groupe ethnique », a déclaré l’archevêque lors de l’ordination de Pius Pohdueng et Valentine Bawel Talang, premiers aborigènes khasi à recevoir la prêtrise. Ils ont été ordonnés au titre des Oblats de Marie Immaculée (OMI). La célébration s’est déroulée à Lashipur, dans l’archidiocèse de Dacca, en l’église de l’Immaculée Conception, paroisse à majorité ethnique khasi. Plus de 5 000 catholiques aborigènes et bengalis, ainsi que d’autres groupes chrétiens et croyants de différentes confessions ont assisté à la célébration, rythmée par de nombreux chants et danses khasi (1).

« Dorénavant, les khasi pourront participer à la messe dans leur propre langue, tradition et culture», s’est réjoui le P. Talang, 34 ans, approuvé par son nouveau confrère, le P. Pohdueng, qui ajoute que le fait de pouvoir échanger avec des prêtres qui les comprennent est d’une grande importance pour les Khasi : « Ils avaient honte de parler aux prêtres avec leur mauvais bengali et (…) se tenaient donc à l’écart des autres paroissiens. »

Le fait pour la communauté aborigène de compter désormais deux prêtres parmi les siens va bien au-delà d’une amélioration de sa participation à la vie d’Eglise ; c’est également le développement et l’acculturation d’une minorité ethnique souffrant de discriminations qui est en jeu. « Les aborigènes khasi ont un grand retard dans le domaine de l’éducation et sont mal considérés socialement, explique Babli Talang, 35 ans, sœur aînée du P. Talang. Je pense que la présence des deux prêtres dans notre communauté permettra d’améliorer la situation pour l’ensemble des khasi. » Elle ajoute que de nombreux étudiants de son ethnie sont devenus des délinquants après avoir échoué aux examens. « Ils ont littéralement renoncé, sans même essayer une autre fois. Voilà pourquoi le taux d’illettrisme est si important parmi nous. »

Les Khasi, terme générique regroupant plusieurs groupes tribaux, sont une ethnie de langue môn-khmer, probablement d’origine tibéto-mongole, et de type matriarcal. Issus de flux migratoires très anciens dans le nord de l’Inde où ils sont aujourd’hui encore très présents (2), ils sont, au Bangladesh, essentiellement regroupés dans les montagnes de la région de Sylhet. Victimes de discrimination et de mépris de la part de la société bengalie, ils vivent isolés dans les montagnes, tirant l’essentiel de leurs ressources de la forêt et surtout de la culture du bétel, dont les feuilles sont très prisées dans toute l’Asie.

Près de 80 % des quelque 30 000 Khasi du Bangladesh se sont convertis au christianisme, les premières conversions remontant au début du XIXème siècle, essentiellement au sein des Eglises presbytérienne et catholique. On compte également quelques rares groupes baptistes, hindous et musulmans. Après s’être considérés longtemps avec suspicion, les Khasi presbytériens et catholiques ont entamé, il y a plusieurs années, un travail d’œcuménisme important et organisent désormais de nombreuses célébrations et actions communes, notamment dans le domaine social, éducatif et médical (3).

(1)           Ucanews, 2 février 2010.

(2)           Les Khasi sont particulièrement nombreux dans l’Etat du Meghalaya, ainsi qu’en Assam. Au Bangladesh, ils font partie des ethnies minoritaires.

(3)           Ucanews, 9 mars 2009.

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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